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prétends qu'il n'y a pas enseignement, mais réminiscence, afin de me mettre d'emblée en évidente contradiction avec moi-même !

Publié le 22/10/2012

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prétends qu'il n'y a pas enseignement, mais réminiscence, afin de me mettre d'emblée en évidente contradiction avec moi-même ! — M. Pardieu, Socrate, ce n'est pas cette intention, mais simplement l'habitude qui m'a amené à te tenir ce langage ; mais si tu peux en quelque manière me montrer qu'il en est comme tu dis, montre-le-moi. — S. Ce n'est pas facile ; mais, pour toi, je consens à m'y employer. Ménon, 80d-82a [CÉBES-SIM114IAS-SOCRATE] — C. Selon ton fameux argument habituel : s'instruire, ce n'est rien d'autre que se ressouvenir, il est sans doute nécessaire que nous ayons appris en un moment antérieur du temps ce dont nous nous ressouvenons présentement ; ce qui serait impossible si notre âme n'existait pas quelque part avant d'en venir à prendre la forme humaine qu'elle a. Et de cette façon également il semble que l'âme soit immortelle. — Mais dis-moi, Cébès, intervint Simmias, quelles sont les preuves de cela ? Fais-m'en souvenir, car pour le moment je ne me le rappelle pas bien. — C. Il y a d'abord un excellent argument : les gens qu'on interroge, pourvu qu'on les interroge bien, trouvent d'eux-mêmes les bonnes réponses ; ce qu'ils seraient hors d'état de faire s'ils ne se trouvaient déjà en possession du savoir et de la bonne réponse. Ensuite, si on les amène aux figures géométriques et aux autres moyens du même genre, on y trouve la preuve évidente de la réalité du fait. — Et si tu n'es pas convaincu, dit Socrate, vois si tu seras d'accord en prenant la chose comme je vais te dire. Car tu doutes que ce qu'on nomme instruction puisse être réminiscence ? — Je n'en doute pas, dit-il, ce dont j'ai besoin c'est d'être mis dans l'état dont il est question, celui du ressouvenir. Peu s'en faut qu'à partir du commencement de preuve indiqué par Cébès je me ressouvienne déjà et que je sois convaincu ; je n'en serais pas moins intéressé à entendre comment toi, tu as engagé l'argumentation. — Socr. De la façon que voici : nous sommes bien d'accord que pour avoir ressouvenir de quelque chose, il faut auparavant l'avoir su ? — Sim. Tout à fait. — Socr. D'accord aussi qu'il y a ressouvenir quand l'acquisition de la connaissance se fait dans les conditions suivantes : quelqu'un a vu, ou entendu, ou perçu une chose par un sens quelconque, si, en plus de la connaissance qu'il en a pris, une autre chose lui est venue à l'esprit, objet non de la même connaissance mais d'une autre, n'est-on pas fondé à dire qu'il s'est ressouvenu de la chose qui lui est venue à l'esprit ? — Sim. Que veux-tu dire ? — Socr. Par exemple : la connaissance d'un homme est différente de la connaissance d'une lyre ? — Sim. Évidemment. — Socr. Tu n'ignores pas l'expérience que font ceux qui aiment en voyant la lyre, le vêtement ou tout autre objet usuel de celui qu'ils aiment : ils perçoivent la lyre et il leur vient à l'esprit l'image de l'amant à qui elle appartient ; c'est là un ressouvenir. De même il arrive souvent qu'en voyant Simmias, on se ressouvienne de Cébès, etc. Tel est le ressouvenir : on en fait principalement l'expérience dans les cas où le temps et la distraction ont provoqué l'oubli. — Sim. Certainement. — Socr. Mais, dis-moi, il se peut qu'on se ressouvienne d'un homme à la vue du dessin d'un cheval, d'une lyre ; qu'on se ressouvienne de Cébès en voyant le portrait de Simmias ? — Sim. Bien sûr. — Socr. Il se peut aussi qu'en voyant le portrait de Simmias, c'est de Simmias lui-même qu'on se ressouvienne ? — Sim. Évidemment. — Socr. Ainsi le ressouvenir peut se produire aussi bien à partir des choses dissemblables qu'à partir des choses semblables ? — Sim. C'est un fait. — Socr. Prenons le cas où le ressouvenir se fait à partir d'une chose semblable. N'est-il pas nécessaire que nous soyons au surplus amenés à nous demander si oui ou non il manque quelque chose à l'objet donné dans sa ressemblance avec ce dont il a eu ressouvenir ? — Sim. C'est néces- saire. — Socr. Vois maintenant s'il en est bien comme je vais dire. Nous accordons, n'est-ce pas, une réalité à l'égalité, je ne parle pas de celle qu'il peut y avoir entre un morceau de bois et un autre, une pierre et une autre, mais de quelque chose d'autre, qui se met à part de tous ces cas particuliers, je parle de l'Égalité en elle-même. En affirmerons-nous l'existence, oui ou non ? — Sim. À coup sûr nous affirmerons son existence, sans aucun doute... [...] — Socr. Convenons-nous de ceci : lorsqu'en voyant quelque objet, on se fait la réflexion : « l'objet que je vois veut être tel que quelque chose d'autre, mais il reste en deçà, il n'est pas capable d'être tel, il demeure inférieur «, pour pouvoir se faire ce genre de réflexion, ne faut-il pas se trouver avoir vu auparavant cette réalité dont on dit que l'objet se rapproche, mais reste en deçà ? — Sim. C'est nécessaire. — Socr. Mais n'est-ce pas précisément l'expérience que nous venons de faire à propos des choses égales et de l'égalité ? — Sim. Tout à fait. — Socr. Il faut donc bien que nous ayons vu l'égalité dans un temps qui précède celui où, voyant pour la première fois les choses égales, il nous est venu à l'esprit qu'elles aspiraient à être telles que l'égalité, mais qu'elles demeuraient en deçà. Phédon, 72e-74e

« lA CONCEPTION DU SAVOIR 159 que je sois convaincu; je n'en serais pas moins inté­ ressé à entendre comment toi, tu as engagé l'argumen­ tation.

-Socr.

De la façon que voici : nous sommes bien d'accord que pour avoir ressouvenir de quelque chose, il faut auparavant l'avoir su? -Sim.

Tout à fait.

-Socr.

D'accord aussi qu'il y a ressouvenir quand l'acquisition de la connaissance se fait dans les conditions suivantes : quelqu'un a vu, ou entendu, ou perçu une chose par un sens quelconque, si, en plus de la connaissance qu'il en a pris, une autre chose lui est venue à l'esprit, objet non de la même connais­ sance mais d'une autre, n'est-on pas fondé à dire qu'il s'est ressouvenu de la chose qui lui est venue à l'esprit? -Sim.

Que veux-tu dire? -Socr.

Par exemple : la connaissance d'un homme est différente de la connaissance d'une lyre ? - Sim.

Évidemment.

- Socr.

Tu n'ignores pas l'expérience que font ceux qui aiment en voyant la lyre, le vêtement ou tout autre objet usuel de celui qu'ils aiment : ils perçoivent la lyre et il leur vient à l'esprit l'image de l'amant à qui elle appartient; c'est là un ressouvenir.

De même il arrive souvent qu'en voyant Simmias, on se ressou­ vienne de Cébès, etc.

Tel est le ressouvenir : on en fait principalement l'expérience dans les cas où le temps et la distraction ont provoqué l'oubli.

-Sim.

Certaine­ ment.

-Socr.

Mais, dis-moi, il se peut qu'on se res­ souvienne d'un homme à la vue du dessin d'un cheval, d'une lyre; qu'on se ressouvienne de Cébès en voyant le portrait de Simmias? -Sim.

Bien sûr.

- Socr.

Il se peut aussi qu'en voyant le portrait de Simmias, c'est de Simmias lui-même qu'on se ressou­ vienne ? -Sim.

Évidemment.

-Socr.

Ainsi le res­ souvenir peut se produire aussi bien à partir des choses dissemblables qu'à partir des choses sembla­ bles?- Sim.

C'est un fait.- Socr.

Prenons le cas où le ressouvenir se fait à partir d'une chose semblable.

N'est-il pas nécessaire que nous soyons au surplus amenés à nous demander si oui ou non il manque quelque chose à l'objet donné dans sa ressemblance avec ce dont il a eu ressouvenir?- Sim.

C'est néces-. »

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