LA PRIÈRE AU JARDIN (LE TINTORET)

« Vers 1580 Peintre italien Analyse ......

Cette vaste composition sur le thème de la Prière au jardin appartient au cycle décoratif de la Scuola di San Rocco (École Saint-Roch) à Venise.

La toile est empreinte d'une atmosphère mystérieuse et surnaturelle : les protagonistes , l 'ange , le Christ et les trois apôtres émergent de l'obscurité, baignés par une lumière étrange, manifestement d'origine divine.

Le climat d' in­ quiétude et d'instabilité qui caractérise la scène reflète la crise spirituelle traversée par le Tinto­ ret.

Cette crise, générale à l'époque, transparaît dans la plupart des œuvres maniéristes.

Elle est issue de l'écroulement des valeurs morales de la Première Renaissance.

Les effets de clair-obscur caractérisent la peinture du Tintoret et lui don­ nent un étrange pouvoir de fascination.

Ici, la lumière céleste vient naturellement éclairer l 'ensemble de la composition, mais elle illumine aussi la pénombre de la salle où le tableau est exposé.

Cette obscurité, regrettable aujourd'hui car elle ne permet pas d'admirer tous les détails des chefs-d'œuvre qui s'y trouvent , met cepen­ dant en évidence les qualités exceptionnelles de l'artiste qui a su tirer profit d' un emp lace­ ment difficile.

Huile sur toile 538 x 455 cm Détail L'œuvre C La toile fait partie du décor de la grande salle de l 'École Saint-Roch , que l'artiste exécuta entre 1575 et 1581 (voir infra).

Le cycle décoratif de la Scuola di San Rocco + Traditionnellement , on décorait la grande salle du conseil de la Scuola, lors de la fête de saint Roch, avec des œuvres d'art lou ées pour l 'occasion.

Le conseil de la Scuola décida ensuite d'acquérir des œuvres et de les exposer en per­ ·manence dans les salles .

Mais le mauvais état de conservation de ces toiles amena le chapitre à confier au Tintoret , qui travaillait déjà pour la Scuola , l'ensemble du décor.

L'artiste , averti des intentions du conseil , avait habilement offert à l ' occasion de la Saint-Roch une œuvre , Le Ser­ pent d 'airain.

Le chapitre, satisfait de cette initia­ tive , décida de confier le décor de la salle au Tintoret : le plafond d'abord , puis les scènes de l'Ancien Testament et enfin le décor des murs avec les épisodes tirés du Nouveau Testament.

Prolonger le contrat s'avéra intéressant pour les deux parties : le chapitre paya la commande à un tarif avantageux -l'artiste , profondément mysti­ que , n'hésitait jamais à travailler pour les ordres religieux , quitte à ne pas être payé -et le Tintoret fut assuré d' un revenu mensuel durant plusieurs années.

Ce fut surtout l'occasion pour lui de donner à son art toute sa mesure .

Aujour­ d ' hui , la Scuola est devenue un musée et le prodigieux ensemble de 56 toiles laissé par le Tintoret constitue un incomparable témoignage de ce représentant majeur de l'art vénitien.. »