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Primo Lévi si c'était un homme

Publié le 20/06/2012

Extrait du document

Primo Lévi est né a Turin (Italie) le 31 janvier 1919 dans une famille juive mais peu pratiquante, il ne se rendra alors que réellement compte de sa judéité qu’à partir du commencement des mouvements antisémites en Italie. Après avoir obtenu un doctorat de chimiste clandestinement il part s’installer à Milan pour y travailler dans un laboratoire. En 1943 il rejoint un organisation antifasciste « Giustizia e Liberta ». Cette même année il est arrêté le 13 décembre à l’âge de 24 ans par la milice fasciste. Il sera alors déporté au camp d’Auschwitz, òu il travaillera tout d’abord dans une usine de caoutchouc, puis par la suite dans un laboratoire de chimie òu il sera désormais traité d’une meilleure manière par les nazis. Le camp est libéré en janvier 1945, mais Lévi ne rejoindra l’Italie qu’à partir d’octobre. Il écrit alors Si c’est un homme  qui est en quelque sorte un journal de sa déportation et l’un des premiers témoignages de la vie au camp d’Auschwitz l’œuvre sera publiée en 1947 mais ne connaitra pas un succès immédiat car la population refuse de croire cette expérience des camps que décrit Lévi. Le poème liminaire « Si c’est un homme »  reste sans succès jusqu’en 1958 mais Lévi continue d’écrire, il publie en 1963 La Tréve puis deux autres livres sur ses expériences en tant que chimiste les Naufragés, ainsi que Les Rescapés  qu’il publie en 1986 qui est la fiction la plus sombre de toutes celles de Lévi. Il se suicidera en avril 1987 en se jetant de ses escaliers.

       Comment Lévi retranscrit-il son souvenir d’Auschwitz afin qu’il en devienne un devoir de mémoire ?

      Nous analyserons tout d’abord son évocation des souvenirs d’Auschwitz et dans un second temps le devoir de mémoire que Lévi nous fait effectuer.

 

 

       Tout d’abord, Primo Lévi nous décrit les conditions de vie d’Auschwitz. Cette description se fait au présent de l’indicatif qui a pour valeur le temps de la vérité générale ainsi que de la narration. Nous pouvons remarquer que le travail des camps est évoqué par des périphrases qui désignent en vérité les déportés. L’évocation des hommes se fait du vers 5 au vers 9 « Considérez si c’est un homme/ qui meurt pour un oui ou pour un non » et celle des femmes se fait du vers 10 au vers 14 «  Considérez si c’est une femme/ Comme une grenouille en hiver » avec « Celui qui » ainsi que «  celle qui ». Au vers 15 « N’oubliez pas que cela fut » le pronom démonstratif « cela » reprend donc les hommes et les femmes déshumanisés. La description des camps se fait d’une façon réaliste et non pas exagérée. Du vers 6 au vers 9 « Que celui qui peine dans la boue/Qui ne connaît pas de repos/ Qui se bat pour un quignon de pain/ Qui meurt pour un oui ou pour un non » nous pouvons voir ici une gradation ascendante le vers 6 témoigne de la fatigue des déportés, le vers 7 de l’épuisement, le vers 8 de la fatigue, et le vers 9 de la mort, cette gradation cherche a nous faire prendre conscience des conditions affreuses qui régnaient au camp d’Auschwitz en passant par une image frappante, celle de la mort. De plus l’anaphore qui se présente au début des vers 7-8-9 avec la reprise du pronom relatif « qui » insiste sur le fait que la vie a Auschwitz est vraiment très difficile.  Le champ lexical de la souffrance est présent  tout au long du poème ce qui témoigne une fois de plus de l’expérience difficile qui est celle des camps « Qui peine dans la boue, qui ne connaît le repos, les yeux vides et le sein froid, qui se bat, qui meurt, grenouille en hiver ».

     Levi décrit par la suite la déshumanisation que subissent les déportés. Lévi insiste sur la perte des repères, «  Que celle qui a perdu son nom et ses cheveux » vers 11 grâce à un zeugme l’auteur explique que dès l’arrivée au camp, les femmes perdent leurs noms de familles, qui est par la suite remplacé par un matricule qu’on leur tatoue, puis on leur rase la tête, les cheveux peuvent représenter la féminité, les femmes perdent donc toute féminité, et ne savent alors plus vraiment qui elles sont. « Et jusqu’à la force de se souvenir » vers 12 nous montre que ces femmes ont perdu la mémoire, au vers 13 « Les yeux vides et le sein froid » d’après le proverbe «  Les yeux sont le miroir de l’âme » les yeux reflètent les émotions, on peut lire le caractère et les sentiments d’un individu juste en regardant ses yeux, or Lévi nous décrit les yeux de cette femme comme vide, il y a donc une perte de la capacité de penser. L’adjectif froid qui qualifie le mot sein décrit l’impossibilité des femmes d’allaiter donc d’enfanter, qui est une caractéristique propre des femmes, et cette image nous montre aussi en quelque sorte la mort de cette femme, lorsque l’ont meurt nos yeux sont vitreux et ne reflète plus nos humeurs, ni notre âme,  et le corps devient glacé a l’heure de la mort. La comparaison au vers 14 «  Comme une grenouille en hiver » Les femmes sont ici comparées à des grenouilles hibernant durant la période hivernal, elles sont en état léthargique, et elles se trouvent dans un sommeil profond et continu.

 

    Dans un premier temps nous avons vu comment Primo Lévi nous décrit ses souvenirs du camp d’Auschwitz, maintenant nous verrons comment il transforme ce poème en un devoir de mémoire

     Lévi montre sa présence il interpelle le lecteur tout au long du poème, le « je » est implicite il représente l’auteur (Lévi), et le « vous » renvoie aux lecteurs du poème. Ce poème est ancré dans la situation d’énonciation il pourrait être un discours. Le texte est construit sur des injonctions « N’oubliez » vers 15 « Gravez » vers 17 « Pensez-y » vers 18. Ces impératifs sont renforcés par les anaphores aux vers 15 et 16 « N’oubliez pas que cela fut/ Non ne l’oubliez pas » , qui prennent alors la forme d’un commandement. « Gravez ces mots dans votre cœur » vers 17 est une métaphore, qui signifie qu’il ne faut pas oublier, le verbe gravez a l’impératif  n’est pas choisi au hasard, la gravure est un acte qui perdure dans le temps qui ne s’efface pas, et le cœur est un organe vital dont chacun a besoin pour vivre, donc si «  Ces mots sont graves dans le cœur » il est impossible de l’oublier. Au vers 18 et 19 « Pensez-y chez vous, dans la rue / En vous couchant en vous levant » Ces complétements qui entourent le verbe penser renforcent la présence des souvenirs qui rappelle Auschwitz, et les horreurs qui ont pu s’y produire, dans chaque instant de sa vie Lévi souhaite que nous y pensions, du matin au soir, cette pensée doit nous suivre et peu importe òu nous nous trouvons. Lévi fait aussi référence au judaïsme du vers 18 au vers 20 avec un « Shéma Israël » ( «shema » qui signifie « écoute » en hébreux ) qui est en réalité une profession de foi juive, ou il y a une nécessité de transmettre a son prochain, sa progéniture, ses proches.. « Répetez-les a vos enfants ».

      Les premiers vers (vers 1 au vers 4) du poème sont une représentation du bonheur, il évoque du moins la paix, l’amitié, le partage, ces vers s’opposent à la necéssité de ce souvenir permanent et douloureux mais surtout a l’antithèse des trois derniers vers de ce poème qui détruit le bonheur si le devoir de mémoire n’est pas exercé. La malédiction n’est pas une vengeance mais plutôt une mise en garde pour ceux qui ne sont pas responsables, et qui n’ont pas connu la misère des camps, mais qui ont tout de même un devoir de mémoire a respecter. Cette menace ce fait au subjonctif car ce sont des faits qui sont envisagés. On peut aussi remarquer l’anaphore du vers 21 au vers 23 qui donne un effet renforce l’effet d’un blâme, si le devoir n’est pas respecté. Cette menace fait référence au « Deutéronome » ou Moïse condamne en annoncant les fléaux auxquels seraient contraints ceux qui ne font pas devoir de mémoire. On peut donc penser que Lévi prend la place de Moïse afin de faire paraître chez chacun des images aux caractères violents afin que l’atrocité des camps ne se reproduise plus jamais.

 

 

 

       Ce poème argumentatif a pour objectif de persuader du devoir de mémoire, pour cela Primo Lévi passe par des images choquantes afin que personne ne puisse oublier l’atrocité des camps, il en vient même a menacer ses lecteurs dans les derniers vers de son poème afin que le devoir de mémoire soit respecté.

   Ce poème, comme le journal d’Anne Frank, nous montre dans quelles conditions les personnes de religion juive, les tziganes, les handicapés, les prisonniers politiques… étaient confrontés a cette époque ce sont deux textes autobiographiques.

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