Devoir de Philosophie

la princesse de clèves-la scène de la rencontre

Publié le 24/06/2013

Extrait du document

MME DE LA FAYETTE - LA PRINCESSE DE CLEVES - La rencontre INTRODUCTION La rencontre entre la princesse de Clèves et M. de Nemours est pour le lecteur un événement attendu, à la fois préparé de longue date dans le récit et retardé par les péripéties romanesques secondaires. Ce qui fait l'intérêt de cet épisode cependant, c'est moins le fait qu'il réunisse enfin les deux personnages les plus en vue de la cour, que le moment où il est inscrit dans le roman : cette rencontre arrive trop tard. L'héroïne est déjà mariée, elle se considère donc hors du champ de la séduction. Si cette scène ne succédait pas à la scène chez le marchand italien où M. de Clèves rencontre Melle de Chartres, ce passage n'aurait pas été empreint du caractère fatal de la passion, car rien n'aurait empêché l'union des deux héros. Lecture Annonce du plan : I. Le cadre et les circonstances de la rencontre II. Le coup de foudre III. La fatalité de la passion I.Le cadre et les circonstances de la rencontre Cette scène de rencontre a lieu lors d'un événement mondain de la plus haute importance, les fiançailles de la seconde fille du roi, Claude de France avec le duc de Lorraine. A.Un cadre brillant La scène se passe au Louvre l.2, l'un des lieux de séjour de la cour d'Henri II. C'est donc un endroit où se fait tout ce qu'il y a de mieux ; ainsi le festin est-il qualifié de royal l.2. C'est aussi un lieu où les plus hauts personnages de la cour sont présents. Dans cet extrait, sont cités notamment le roi Henri II, la reine Catherine de Médicis, la reine dauphine Marie Stuart. C'est donc un cadre brillant qui va accueillir une rencontre extraordinaire. B.Des circonstances romanesques Le bal est le moment privilégié pour une rencontre, moment social par excellence, où l'on va moins pour danser que pour voir et être vu. Le bal est prétexte à une véritable parade : Mme de Clèves passa tout le jour des fiançailles chez elle à se parer l.1. M. de Nemours avait également pris soin de se parer l.9. Le roi et les reines soulignent qu'il y a quelque chose de singulier de les voir danser ensemble sans se connaître l.14/15.Ainsi, le fait d'être réunis comme malgré eux sans avoir été présentés, sans se connaître, ce qui est tout à fait contraire aux ...

« II.

Le coup de foudre Dans l’espace clos où se déroule la rencontre, les regards et les points de vue déterminent la nature de la relation qui va lier le deux protagonistes. A.

Le thème lexical du regard Souvenir de l’esthétique précieuse, le regard précède la parole dans le langage amoureux et révèle avant elle, et bien mieux, la puissance de l’amour.

D’où les nombreuses occurrences du verbe voir (9) et yeux (2).

Contrairement à la scène chez le bijoutier pendant laquelle le prince de Clèves devient amoureux de Melle de Chartres, il y a ici un véritable échange des regards, donc des sentiments. C’est Mme de Clèves qui voit la première : elle cherchait des yeux quelqu’un l.5, elle vit un homme qu’elle crut d’abord ne pouvoir être que M.

de Nemours , l.6 , il était difficile de n’être pas surprise de la voir quand on ne l’avait jamais vu , l.8 La symétrie de l’effet produit sur M.

de Nemours est marquée par l’adverbe aussi : mais il était difficile aussi de voir Mme de Clèves pour la première fois sans avoir un grand étonnement , l.10.

L’amour naît donc du regard et est révélé par lui. De même le chevalier de Guise devine les sentiments de la princesse en la regardant, soit qu’il eût paru quelque trouble sur son visage ou que la jalousie fît voir, l.31/32 et il pense qu’elle a été touchée de la vue de ce prince , l.32/33.

[le verbe toucher a un sens très fort au XVII ème siècle= frapper, émouvoir, atteindre, blesser mais aussi inspirer de l’amour].

On notera également qu’il n’y a aucun échange de paroles entre les personnages et que le roi et les reines les appellent aussitôt sans leur donner le loisir de parler à personne , l.15.

L’échange de paroles sera d’ailleurs quasi inexistant entre les deux personnages durant tout le roman avant la scène de rupture. B.

Les points de vue Le jeu des regards est complexe dans cette scène car les points de vue changent à plusieurs reprises.

On suit d’abord le regard de Mme de Clèves, puis celui du duc de Nemours.

La scène est ensuite vue par le regard de la cour.

Après le passage dialogué au style direct, on revient brièvement au point de vue de M.

de Nemours, puis au regard jaloux et lucide du chevalier de Guise, au point de vue de Mme de Clèves et enfin au regard perspicace de Mme de Chartres. Les témoins participent au coup de foudre en ce sens que, comme le roi, ils le rendent possible ou comme la reine dauphine, le font entrer dans le champ social. Le point de vue du chevalier de Guise et la pensée de Mme de Chartres montrent enfin que le déchiffrement du réel est accompli par les personnages qui entourent le héros qui dévoilent ce qui reste obscur à ces derniers : la réalité des sentiments. On peut également constater qu’aucun des deux héros ne porte de regard sur la foule qui les regarde.

Ils sont comme seuls au monde. CCL II.

Comme chez Racine, la passion est liée au regard (« je le vis, je rougis, je pâlis à sa vue », Phèdre I,3).

Ce qui est également récurrent chez Mme de La Fayette, c’est que l’on ne pénètre jamais au fond de son propre cœur, et que le seul regard conscient est le regard d’autrui. III.

La fatalité de la passion L’idée que cette rencontre singulière est le fruit du destin est attribuée au chevalier de Guise : Il le prit comme un présag e que la fortune destin ait M.

de Nemours à être amoureux de Mme de Clèves, l.30.

Et effectivement, de nombreux éléments corroborent sa vision. A.

Les héros  Tous deux personnages d’exception, ils se ressemblent et s’attirent par là même, ainsi que le souligne la narration jusque dans la structure des phrases : il était difficile de n’être pas surprise de le voir quand on ne l’avait jamais vu, l.8 et mais il était difficile aussi de voir Mme de Clèves pour la première fois sans avoir un grand étonnement ,l.10.

Le parallélisme de construction rejoint l’identité de l’effet.

Le duc de Nemours et la princesse de Clèves sont donc destinés à se rencontrer.

Ils se reconnaissent plutôt qu’ils ne se découvrent.  Leur entourage considère également leur réunion comme inévitable : il s’éleva dans la salle un murmure de louanges , l.13.. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles