Les procès de Prague en 1952 (histoire)
Publié le 06/09/2011
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.../...
«
Les uns se voient accusés de nationalisme et de« titisme», c'est-à-dire
de collusion avec la Yougoslavie de Tito.
D'ailleurs, c'est bien Tito qui est
directement
visé lors des procès de Dzodze en Albanie et de Rajk en
Hongrie .
En effet, l'Albanais Dzodze, ami intime de Tito, s'était prononcé
en faveur de son projet de fédération balkanique.
Affichant un patrio
tisme farouche,
Kostov et Gomulka sont accusés de nationalisme.
Les autres sont taxés de sionisme et de cosmopolitisme.
Ce terme cache
à peine
un antisémitisme larvé qui vise à désigner à la vindicte populaire
les juifs d'Europe de l'Est, érigés en boucs émissaires.
Lors des procès de
Prague (1952), onze des quatorze accusés (tous hauts responsables du
parti communiste) sont juifs.
Le principal accusé, Slansky, secrétaire
général
du parti communiste tchécoslovaque, a beau être un commu
niste stalinien,
avoir participé à la prise du pouvoir par les communistes
lors du coup de Prague et avoir lui-même organisé des purges sanglantes
visant
les nationalistes, les bourgeois et les titistes, il est d'origine juive.
Lors de son procès, l'accusation lui rappellera lourdement que son nom
de naissance est Salzmann.
En Roumanie, Anna Pauker, communiste
stalinienne formée
en URSS, a le tort d'être juive et fille de rabbin de
surcroît.
Son collègue Basile Luca, jugé avec elle, est également juif.
A l'antisémitisme classique qui consiste à désigner les élites juives
comme responsables
de tous les maux et malheurs de la société vient se
superposer le tournant anti-israélien de la politique étrangère sovié
tique.
Moscou cherche à se rapprocher des pays arabes en condamnant
Israël.
L'URSS, qui avait pourtant reconnu l'Etat hébreu en 1948,
proclame
le sionisme ennemi numéro un du prolétariat international.
L'antisémitisme
en politique intérieure et la stigmatisation d'Israël sur le
plan extérieur se rejoignent lorsque les prévenus sont accusés de
sionisme, de collusion avec Israël voire d'espionnage au profit de Tel
Aviv.
Les chefs d'accusation sont aussi fantaisistes, absurdes et mons
trueux
que lors des procès de Moscou en 1936.
Là encore, les prévenus,
torturés, soumis à des pressions psychologiques, font des aveux
complets
en public.
En 1952, Staline a atteint son but.
Non seulement les pays de l'Est sont des satellites de l'URSS, mais, en
outre, ils sont dirigés par des communistes dénués d'idéaux nationaux,
entièrement dévoués à
Staline, totalement alignés sur l'URSS.
En 1953,
les purges sont sur le point de culminer avec le procès des blouses
blanches .
Le 13 janvier 1953, neuf médecins juifs du Kremlin sont accu
sés d'avoir empoisonné
le communiste Jdanov pour le compte des
Anglais.
(En réalité Jdanov, décédé en 1948, était un alcoolique invétéré,
et
sa mort doit bien plus à la boisson qu'au poison .) Inventé de toutes
pièces,
le complot des blouses blanches est en fait destiné à répandre
dans
le pays un climat de psychose et de délation, justifiant une nouvelle
et vaste épuration au sein du parti communiste soviétique et accessoi
rement à accentuer
la propagande antisémite à l'encontre d'Israël et de
la communauté juive d'URSS.
Seule la mort inopinée de Staline, le
5 mars 1953, fait échec au projet..
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