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Programme du Front populaire (préambule)

Publié le 04/04/2013

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En février 1934, les communistes signent avec les socialistes un « pacte d’unité d’action «, front commun contre le fascisme. Les radicaux les rejoignent en juin 1935 pour former une alliance électorale, le Rassemblement populaire, dont le programme économique et financier est publié le 12 janvier 1936. Le programme du Front populaire peut se résumer par le slogan « le pain, la paix, la liberté «. Après la réunification syndicale entre la CGT et la CGTU, en mars 1936, la mobilisation de la gauche est totale. À l’issue des élections du 3 mai, qui consacrent la victoire du Front populaire, Léon Blum forme un gouvernement sans la participation des communistes mais avec leur soutien.

Le programme du Front populaire (préambule)

 

Le programme de revendications immédiates que publie le Rassemblement populaire résulte d’un accord unanime entre les dix grandes organisations qui composent le Comité national de Rassemblement : Ligue des droits de l’homme, Comité de vigilance des intellectuels antifascistes, Comité mondial contre le fascisme et la guerre (Amsterdam-Pleyel), Mouvement d’action combattante, parti républicain radical et radical-socialiste, parti socialiste S.F.I.O., parti communiste, Union socialiste et républicaine, Confédération générale du travail, Confédération générale du travail unitaire.

 

 

Il s’inspire directement des mots d’ordre du 14 juillet. Les partis et organisations, groupant des millions d’êtres humains, qui ont juré de rester unis, aux termes du Serment, « pour défendre les libertés démocratiques, pour donner du pain aux travailleurs, du travail à la jeunesse et, au monde, la grande paix humaine «, ont cherché ensemble les moyens pratiques d’une action commune, immédiate et continue.

 

 

Ce programme est volontairement limité aux mesures immédiatement applicables. Le Comité national entend que chaque parti, chaque organisation, participant au Rassemblement populaire, puisse se joindre à l’action commune sans rien abdiquer de sa doctrine, de ses principes, et de ses fins particulières. Il s’est astreint, d’autre part, à présenter des solutions positives aux problèmes essentiels, actuellement posés devant la démocratie française.

 

 

C’est ainsi que, dans l’ordre politique, il définit les mesures indispensables pour assurer le respect de la souveraineté nationale, exprimée par le suffrage universel, et pour garantir les libertés essentielles (liberté d’opinion et d’expression, libertés syndicales, liberté de conscience et laïcité) — que, dans l’ordre international, il pose les conditions nécessaires à la sauvegarde et à l’organisation de la paix, suivant les principes de la Société des Nations — et que, dans l’ordre économique et financier, il s’attache à lutter, dans l’intérêt des masses laborieuses et épargnantes, contre la crise et contre les organisations fascistes qui l’exploitent pour le compte des puissances d’argent.

 

 

Ces problèmes d’économie et de finance, d’une si haute importance actuelle, le Rassemblement populaire se refuse à les résoudre séparément : il veut atteindre les causes des moins-values fiscales en agissant contre la crise, et compléter son action contre la crise par l’amélioration du crédit public et privé.

 

 

Le Rassemblement populaire souligne qu’un grand nombre des revendications qu’il présente figurent déjà dans les plans et programmes élaborés par les organisations syndicales de la classe ouvrière.

 

 

Il ajoute que ces revendications urgentes, et par là même restreintes, si elles apportent une première modification au système économique actuel, devront être complétées par des mesures plus profondes pour arracher définitivement l’État aux féodalités industrielles et financières.

 

 

En tous les ordres de problèmes, le Rassemblement a cherché les solutions de justice, seules conformes aux principes de la démocratie : justice égale pour tous dans l’application des lois pénales — justice fiscale — justice pour les indigènes dans les colonies — justice internationale, dans le cadre et suivant l’esprit de la Société des Nations.

 

 

S’il a été possible au Comité national du Rassemblement populaire d’aboutir à des formules unanimes, c’est que les partis et organisations qui le composent ont collaboré amicalement dans un esprit de conciliation et de synthèse.

 

 

Aux masses populaires de soutenir à présent ces revendications et de les faire triompher !

 

 

Quand ce programme commun aura passé dans la réalité, un grand changement sera obtenu : la liberté sera mieux défendue, le pain mieux assuré, la paix mieux garantie. De tels biens sont assez précieux pour que tout soit subordonné à la volonté de les conquérir.

 

 

C’est à cette volonté revendicatrice que le Rassemblement populaire fait appel. Qu’elle se traduise par une cohésion étroite, où se prolonge la fraternité du 14 juillet, et qu’elle signifie à tous, en France et hors de France, que la démocratie est invincible dès qu’elle reprend sa vigueur créatrice et sa puissance d’attraction !

 

 

Source : Dalloz (Jacques), Histoire de la France au XXe siècle, Paris, Masson, 1985.

 

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