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Est-ce un progrès de ne plus croire ?

Publié le 04/09/2005

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On peut donc simplement distinguer des degrés, à l'intérieur de la croyance, selon le degré de proximité qu'une croyance entretient avec cette expérience : en ce sens, les croyances de la science paraissent plus probables que les croyances religieuses. Poser un progrès qui dépasserait l'ordre de la croyance apparaît ainsi comme une illusion.               2° Le progrès de la raison amène à un dépassement de la croyance par le savoir             Comte pense un progrès de la raison, à la fois dans son développement collectif et individuel, qui passe par trois états : l'Etat théologique, caractérisé par la croyance en des agents surnaturels conçus comme des explications des phénomènes, l'Etat métaphysique, qui explique les phénomènes par des entités abstraites, et l'Etat positif, ou l'esprit renonce à chercher la cause absolue des phénomènes pour se consacrer à la recherche de lois entre ces phénomènes. Contrairement à Hume, l'idée que l'on ne puisse atteindre la véritable nature des choses en dehors des phénomènes n'est pas le signe que la croyance ne peut être dépassée. Au contraire, le véritable savoir de la raison advient lorsque l'esprit renonce aux croyances religieuses et métaphysiques cherchant des causes cachées aux phénomènes. Ce savoir se caractérise par la mise en évidence de lois vérifiées par l'expérimentation. La science constitue ainsi un progrès par rapport à la croyance, notamment par rapport à la croyance religieuse, qui ne consiste que dans une réalisation imparfaite de l'humanité, une étape nécessaire qui peut être dépassée par la connaissance des lois de la nature.               3° L'ordre du savoir n'abolit pas l'ordre de la croyance             Dire que ne plus croire est un progrès amène à considérer la croyance comme un savoir imparfait, devant être remplacé par un savoir rationnel. Cependant, ne peut-on penser que la connaissance des phénomènes, de l'ordre du savoir, n'exclut pas un ordre de la croyance, se rapportant à ce que nous ne pouvons connaître avec certitude, et qui serait nécessaire à notre raison ? Kant distingue ainsi l'ordre du savoir, dans lequel la raison connaît les phénomènes à travers l'espace et le temps, et l'ordre de la croyance : la raison est en effet poussée à penser ce qu'elle ne peut connaître : la monde comme totalité, le moi comme unité et Dieu.

 Au sens large, la croyance se définit comme une adhésion à une idée, à une théorie ou à un dogme : la foi, l’opinion et le savoir sont dans cette perspective des modes différents de croyance. En un sens plus restreint, la croyance est opposée au savoir et désigne une attitude de l’esprit qui affirme quelque chose avec un degré plus ou moins grand de probabilité, sans pouvoir en donner de preuves. Enfin, en un sens particulier, la croyance peut être synonyme de foi, et consiste à adhérer à une vérité transcendante sans justification rationnelle. Se demander si ne plus croire est un progrès semble amener à considérer les sens restreints de la croyance, au sens où il s’agit de savoir si la croyance est une attitude imparfaite de l’esprit, qui peut être dépassée par un mode de connaissance supérieur : il faut donc se demander si l’on peut comprendre la croyance comme une étape dans une hiérarchie, qui doit mener à son dépassement. Cela amène à poser la question du statut de la croyance, c’est-à-dire de ce que cette attitude de l’esprit peut apporter en termes théoriques et pratiques, et de la possibilité de la dépasser. Ne peut-on penser que la croyance désigne un rapport à soi-même et au monde spécifique, indépendant du mode du savoir et indépassable par lui ? Ou bien que notre esprit, parce qu’il est limité, ne peut toujours dépasser la croyance en donnant des raisons rationnelles d’adhérer à une idée ? Après avoir envisagé que le dépassement de la croyance, loin d’être un progrès, apparaît comme une illusion irréalisable, nous envisagerons la croyance comme une étape de la raison appelant son dépassement dans le savoir scientifique. Nous pourrons alors envisager l’idée que les rapports entre croyance et savoir ne sont pas à comprendre comme un progrès, mais comme deux ordres distincts et tout autant nécessaires.

« successivement par trois états théoriques différents : l'état théologique ou fictif ; l'état métaphysique ou abstrait ;enfin, l'état scientifique ou positif » (Plan des travaux scientifiques nécessaires pour réorganiser la société, 1822). 2.

Une histoire intellectuelle et politiqueÀ ces trois états correspondent respectivement la prééminence des rois, celle des peuples et celle des savants.

Lepremier type de conception est le début nécessaire de l'intelligence humaine ; le deuxième est une transition vers letroisième, qui est l'état fixe et définitif de l'intelligence.

La théologie explique les phénomènes par la fiction d'unevolonté divine qui ressemble à celle de l'homme.La métaphysique, qui désigne la philosophie du XVIIIe siècle, est une crise qui brise la hiérarchie théologique pourproclamer la valeur suprême de l'individu et de sa liberté : elle engendre l'anarchie scientifique et sociale.

L'âgepositif en revanche, en fondant les sciences sur l'observation et en réorganisant les croyances humaines, réorganiseaussi la société qui repose sur ces croyances. « En étudiant […] le développement total de l'intelligence humaine dans ses diverses sphères d'activité, depuis sonpremier essor le plus simple jusqu'à nos jours, je crois avoir découvert une grande loi fondamentale, à laquelle il estassujetti par une nécessité invariable […].

Cette loi consiste en ce que chacune de nos conceptions principales,chaque branche de nos connaissances, passe successivement par trois états théoriques différents : l'étatthéologique, ou fictif ; l'état métaphysique, ou abstrait ; l'état scientifique, ou positif.

[…]Dans l'état théologique, l'esprit humain dirigeant essentiellement ses recherches vers la nature intime des êtres, lescauses premières et finales de tous les effets qui le frappent, en un mot, vers les connaissances absolues, sereprésente les phénomènes comme produits par l'action directe et continue d'agents surnaturels plus ou moinsnombreux, dont l'intervention arbitraire explique toutes les anomalies apparentes de l'univers.Dans l'état métaphysique, qui n'est au fond qu'une simple modification générale du premier, les agents surnaturelssont remplacés par des forces abstraites, véritables entités (abstractions personnifiées) inhérentes aux divers êtresdu monde, et conçues comme capables d'engendrer par elles-mêmes tous les phénomènes observables, dontl'explication consiste alors à assigner pour chacun l'entité correspondante.Enfin, dans l'état positif, l'esprit humain reconnaissant l'impossibilité d'obtenir des notions absolues, renonce àchercher l'origine et la destination de l'univers, et à connaître les causes intimes des phénomènes, pour s'attacheruniquement à découvrir, par l'usage bien combiné du raisonnement et de l'observation, leurs lois effectives, c'est-à-dire leurs relations de succession et de similitude.

» COMTE, « Cours de philosophie positive ». 3° L'ordre du savoir n'abolit pas l'ordre de la croyance Dire que ne plus croire est un progrès amène à considérer la croyance comme un savoir imparfait, devant être remplacé par un savoir rationnel.Cependant, ne peut-on penser que la connaissance des phénomènes, del'ordre du savoir, n'exclut pas un ordre de la croyance, se rapportant à ce quenous ne pouvons connaître avec certitude, et qui serait nécessaire à notreraison ? Kant distingue ainsi l'ordre du savoir, dans lequel la raison connaît lesphénomènes à travers l'espace et le temps, et l'ordre de la croyance : laraison est en effet poussée à penser ce qu'elle ne peut connaître : la mondecomme totalité, le moi comme unité et Dieu.

Si elle pense ramener ces objetsà un savoir, elle est dans l'illusion, car n'étant pas des phénomènes, ils nepeuvent être objets de connaissance.

Mais si ces pensées se donnent commecroyances, elles jouent un rôle positif, notamment dans la sphère morale, quia besoin de reposer sur une telle croyance en l'absolu.

On ne peut doncpenser que ne plus croire est un progrès, car notre raison, par son essence,ne peut se contenter du savoir fini, et cet ordre de la croyance estnécessaire, car sur lui repose l'idée de perfection qui guide les actionshumaines.

Conclusion Si l'on considère que notre esprit ne peut connaître que ce qui lui est donné dans l'expérience, on peutdouter que ne plus croire soit possible et représente un progrès.

Dans cette perspective, renoncer à la croyance entant que telle consisterait davantage en une illusion sur les capacités de notre entendement : nous pouvonssimplement rapprocher le plus possible nos idées de l'expérience afin de ne conserver que des croyances possédantun niveau de probabilité élevé.

Cependant, le fait que notre esprit s'en tienne aux phénomènes et renonce àchercher l'essence cachée des choses peut précisément apparaître comme un remplacement de la croyance en desforces invisibles par le savoir expérimental, qui réalise parfaitement notre raison et notre humanité.

On peut alorsdouter de l'affirmation selon laquelle remplacer la croyance par le savoir rationnel est un progrès, si l'on affirme quela croyance en des réalités absolues et transcendantes est nécessaire à notre raison, dont la destination est dechercher à dépasser le niveau de l'expérience, et à la vie humaine morale.. »

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