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Le progrès technique est-il une fatalité ?

Publié le 08/03/2004

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technique
Ainsi, le Rhin, dont le poète savait dire le mystère, n'est plus qu'une énergie électrique potentielle, qu'une source d'énergie sommée de se livrer (La Question de la technique). Cette description du monde technique n'est pas, pour Heidegger, l'occasion de s'inquiéter pour l'homme, au sens où il le croirait menacé par des catastrophes, mais de diagnostiquer un nouveau rapport de l'homme à l'Être qui s'annonce. D'une part, l'étant, l'ensemble de ce qui est, est sommé de se livrer sous une forme calculable (ainsi, le scientifique questionne tel ou tel phénomène pour en obtenir une maîtrise mathématique) ; d'autre part, l'homme lui-même est sommé d'étendre sa main ordonnatrice, de tout planifier et soumettre à ses calculs. Le danger de la technique est l'illusion qu'elle suscite chez l'homme de pouvoir se rencontrer lui-même dans ce qui est, et donc de ne jamais pouvoir exister authentiquement.
HEIDEGGER : DIRE "OUI" ET "NON" À LA TECHNIQUE
Le développement accéléré et envahissant de la technique dans le monde moderne oblige à repenser les rapports que l'homme entretient avec elle : primitivement instrument de l'homme, la technique semble en effet en passe de faire de l'homme son instrument. Aussi est-ce au moyen de se libérer de la technique tout en l'utilisant que nous invite à réfléchir Heidegger. « Nous pouvons utiliser les objets techniques et nous en servir normalement, mais en même temps, nous en libérer, de sorte qu'à tout moment nous conservions nos distances à leur égard. Nous pouvons faire usage des objets techniques comme il faut qu'on en use. Mais nous pouvons, du même coup, les laisser à eux-mêmes comme ne nous atteignant pas dans ce que nous avons de plus intime et de plus propre. Nous pouvons dire "oui" à l'emploi indispensable des objets techniques et nous pouvons en même temps lui dire "non", en ce sens que nous les empêchions de nous accaparer et ainsi de fausser, brouiller et finalement de vider notre être.
L'évolution technique est un phénomène naturel. Si bien que l'on a pu dire que l'homme est un "homo faber" (Bergson). Si l'on jette un oeil sur l'histoire, on s'aperçoit qu'elle se résume, au final, au progrès technique.
MAIS...
La technique n'est pas une fatalité. L'homme peut corriger ses erreurs. La technique n'est qu'un instrument au service de l'homme.



technique

« La nature a donc donné à l'homme des mains à la mesure de ce que peut lui permettre de faire sonintelligence.

L'outil, en effet, n'est pas seulement le prolongement naturel de la main, il est la traductionmatérielle de son intelligence.C'est pourquoi Aristote peut affirmer que « ce n'est pas parce qu'il a des mains que l'homme est le plusintelligent des êtres, mais c'est parce qu'il est le plus intelligent qu'il a des mains ».

La technique progresse avec la raison ou l'homo faberHenri Bergson écrit que l'intelligence humaine se caractérise par sa facultéde créer librement de nouveaux outils et de nouvelles manières demaîtriser la nature.

Cette capacité d'inventer, de progresser en résolvantsans cesse de nouveaux problèmes pratiques est le propre de la raison.Pour que le progrès technique s'arrête, il faudrait donc que la raison nefonctionne plus, ce qui est impensable.Bergson, qui parle dans « L'évolution créatrice », de l' « inventionmécanique » comme « démarche essentielle », quitte à aller jusqu'à direque l'histoire retiendra davantage la « machine à vapeur » que les «guerres et les révolutions ».

Ce propos conduit Bergson à définirl'intelligence humaine comme « faculté de fabriquer des objets artificiels »,et ce, au détriment direct d'une autre compréhension de l'intelligence,celle qui la comprendrait comme faculté d'articuler des moyens avec desfins.

Une certaine formule de l' « Évolution créatrice » doit retenir notreattention : Bergson veut en effet substituer à l' « homo sapiens »,l'homme qui pense, l' « homo faber », l'homme qui fabrique.

Cetteformulation est lourde de conséquences : elle témoigne de la portée decette question de la technique sur l'identité humaine elle-même. L'histoire se caractérise par le progrès technique Ainsi que le pensaient les philosophes du XVIIIe siècle, le progrès des techniques et des sciences est unphénomène indiscutable, nécessaire et irréversible.

Ce progrès était annoncé par Descartes lorsqu'il disait queles sciences et techniques devaient "nous rendre comme maîtres et possesseurs de la nature".En effet, le progrès technique n'est pas une forme de progrès parmi d'autres possibles.

Il nous semble qu'ilincarne à lui tout seul tout le progrès, qu' il est le progrès par excellence.

Tout se passe comme si entre «progrès » et « technique » il y avait un lien essentiel: le progrès est pleinement un progrès, lorsque c'est unprogrès technique.

Le progrès semble être technique par nature.Qu'est-ce qui fait pour nous la supériorité de la technique sur toutes les autres activités humaines? C'est que,par la technique, l'homme maîtrise la nature.

La technique se définit essentiellement comme cette prise depossession de la nature où l'homme affirme sa qualité d'être non naturel.Et en asseyant sa maîtrise technique de la nature, l'homme en même temps semble s'accomplir lui-même.Parce qu'il est un animal perfectible, parce qu ‘il n'a pas de nature ou d'essence fixée une fois pour toutes,l'homme peut se faire lui-même au fil du temps, et même doit se faire.

En ce sens, toute évolution technique,malgré la contingence de ce progrès plus ou moins rapide, plus ou moins décisif, n'est possible que parce quel'homme lui-même est par nature appelé à évoluer.On retrouve la trace de ce lien entre le progrès technique et la nature de l ‘homme jusque dans lesdénominations des différents stades de l' hominisation.

Chaque étape est baptisée du nom de la percéetechnique majeure de l'époque en question.

Nous avons ainsi: l'âge de la pierre taillée, celui du bronze, du fer,etc...

jusqu'à l'âge nucléaire.

Il semble donc que ce soit par la technique que l'homme est homme.En outre, il semble bien que tout progrès, en quelque domaine que ce soit, reste subordonné à un progrèstechnique et en est tributaire.Par exemple, un progrès médical n'est possible que dans la mesure où il y a progrès des instruments médicaux,comme le scanner par exemple.

Tout se passe comme si le progrès technique occupait une place à part parmitoutes les formes de progrès dont l'homme est susceptible.Autre exemple: un progrès dans les sciences qui ne serait pas susceptible de connaître une applicationtechnique n'est pas loin d'être considéré comme nul et non avenu.

Le progrès technique semble donc venirachever tous les autres progrès: il les concrétise, les traduit en termes d'efficacité réelle.

Aussi longtempsqu'une avancée scientifique n'est pas applicable techniquement, elle nous semble rester vague, pas loin d'êtreinutile.

On pourrait presque dire que ce n'est pas un progrès. [La technique doit être contrôlée, maîtrisée.

Les hommes doivent s'opposer à cette soi-disant fatalité du progrès technique.

La technique n'est qu'un instrument entre les mains des hommes.]. »

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