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La psychologie est-elle la science des caractères ?

Publié le 17/12/2004

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Si l'homme de lettres a besoin d'une formation psychologique, inversement le psychologue a besoin d'une culture

littéraire.

C'est dans la fréquentation des chefs-d'oeuvre de la littérature classique que l'homme cultivé s'initie à. l'observation

psychologique. Le réel est trop complexe pour que nous puissions le débrouiller aisément sans une préparation à

l'analyse. Cette préparation est constituée par l'étude d'ouvrages dans lesquels est consignée une longue

expérience, mais une expérience schématisée, et d'une lecture plus facile que le réel brut.

Pour déchiffrer la réalité morale, si variée et si complexe, pour nous orienter au milieu des faits, nous regardons à

travers les oeuvres littéraires. Nous y trouvons des types, des caractères, des schémas de relations de l'homme

avec le milieu matériel et moral qui nous servent de modèles et de repères.

« esprits, la psychologie doit refuser toute forme de subjectivité. Exemples de lois psychologiques. De fait, la psychologie a réussi à établir un certain nombre de propositions qui peuvent être qualifiées de lois. A.

— Certaines de ces lois sont, à vrai dire, physiologiques autant que psychologiques.

Mais elles s'appliquent aussiaux fonctions psychologiques élémentaires.

Telles sont les lois des réactions organiques : loi du seuil, loi de lacourbe en S, loi de disproportion (entre le stimulus et la réaction), loi de spécificité, qui s'appliquent également auxsensations.

Plus psychologiques sont déjà les lois propres de la sensation : loi de Weber, loi « logarithmique » ou deFechner, loi de contraste. B.

— On s'élève à de véritables lois de la conscience avec la loi de l'obstacle et la loi de l'effet, énoncée parThorndike. C.

— Plus complexes sont les lois d'évolution ou d'involution, telles que la loi de dissolution, énoncée par Jackson etla loi de régression, énoncée par Ribot.D — Enfin les fonctions psychologiques spéciales ont aussi leurs lois : lois de la perception, énoncées par lesthéoriciens de la « forme »; lois de l'habitude et de la mémoire, lois de l'association des idées : loi de rédintégrationet loi d'intérêt, etc. L'étude des caractères a toujours une connotation moraleL'avarice est un défaut, » la générosité une qualité; tout du moins selon certains critères moraux.

Ces critères sontchangeants selon les circonstances.

En période de disette, l'avaricieux passera pour un homme prévoyant.

Lapsychologie n'a que faire de ces changements.

Ce qu'elle cherche à comprendre, c'est l'origine des comportementshumains. La psychologie n'est pas la littératureLongtemps, le psychologue fut celui qui, à l'image de Théophraste, mais aussi de Balzac, de Dostoïevski, saisissaitintuitivement les complexités de l'âme humaine.

Finesse et intuition sont sans doute des qualités précieuses, maiselles ne suffisent pas à constituer une science.

La psychologie, à partir du XIXe siècle, se fondera sur des méthodesqui copient celles de la science.

Théophraste, copiant son maître |Aristote, lequel s'est occupé, entre autres choses, de classifier les réalités(classification des espèces vivantes, des catégories du langage...), se propose de répertorier et ordonner,méthodiquement, les caractères.

La méthode est scrupuleuse.

Le contenu de la classification, quant à lui, restemoral, donc subjectif et changeant selon les époques, les circonstances.

La psychologie moderne s'érige contre unetellesubjectivité.

En un sens, elle a raison.

Il ne suffit pas d'avoir de l'intuition pour se dire psychologue.

En un autresens, elle a tort.

Nombre de travaux, en psychologie «scientifique», sont tombés en désuétude, alors même que lesécrits de Théophraste, et de bien d'autres non-psychologues (poètes, écrivains, philosophes...), de par leurjustesse, leur profondeur, n'ont pas eu à subir l'impitoyable verdict du temps.. »

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