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Quatrevingt-treize de Victor HUGO

Publié le 07/04/2012

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Quand la trompe et le clairon des ultimatums et des sommations se sont tus, Georgette, « pensive, le doigt en l'air«, murmure : « Misique «. Métaphore et non méprise : l'avenir, innocent du passé, peut seul, comme le poète, transfigurer en chant le bruit de la guerre. Il peut aussi y reconnaître la voix de Dieu. Les enfants écoutent,« charmés«, le «fracas vague et lointain« des armes remuées, «confusion de bruits farouches qui, en se mêlant, [deviennent] une sorte d'harmonie. - C'est le mondieu qui fait çà, dit René-Jean.« Il peut enfin participer à la Terreur et résoudre en poème ce crime angélique. Anticipation de l'incendie de la Bibliothèque...

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« l'Assemblée «féroce» et la Commune «idiote»: également violentes, elles trahissent toutes deux la France, et l'une sa loi, l'autre ses principes républicains.

La Semaine sanglante rompt cette impartialité: Hugo se met au service des vaincus.

Sa campagne pour l'amnistie, qui lui a valu ses premiers échecs électoraux, est retracée et relayée par Actes et Paroles, 1870, 1871, 1872 et par L'Année terrible qui sont à la guerre civile et étrangère ce que Napoléon-le-Petit et les Châtiments avaient été au coup d'Etat.

Quatrevingt-treize dénonce à nouveau les atrocités des deux camps et renouvelle les appels à l'amnistie en montrant l'héroïsme de la clémence et la vanité de la force.

Surtout la justification de la Terreur par l'œuvre de la Révolution excuse la Commune et érige son programme en idéal républicain.

Mais l'identification analogique des combattants de 93 à ceux de 71 n'est pas univoque et interroge l'histoire.

Sédition contre révolutionnaire-« en république, l'insurrection, c'est le suicide»-, révolte de la misère et de l'ignorance : Vendée parisienne, la Commune peut être condamnée par la Révolution.

La réciproque est aussi vraie.

Nouvelle Révolution ou nouvelle Vendée, la lutte de Paris contre l'Assemblée élue met en péril l'idéologie républicaine sur laquelle Hugo avait fondé son action et son œuvre.

Car 1848 et 1871 s'éclairent réciproquement et la répétition fait preuve.

Second écrasement du peuple insurgé : il y avait de quoi méditer sur les mérites de la république, régulièrement plus brutalement répressive que la monarchie, de quoi dissiper la bonne conscience de celui qui, en juin 48, donnait l'assaut aux barricades.

Après la Semaine sanglante, Hugo pouvait songer qu'il connaissait la suite et avait bien fait de tenir en réserve l'Histoire d'un crime.

A juste titre: le livre visait Napoléon Ill et atteindra Mac-Mahon.

Les insurrections parisiennes, leur violence et leur échec révèlent une sorte de perversion dans la République qui la fait taurner en réaction et s'achever en restauration.

Effort pour penser cette involution de la République en la rapportant à l'ambiguîté de ses origines révolutionnaires, Quatrevingt­ treize doit répondre à la question posée par la Commune à l'histoire du siècle : à quelles conditions la révolution est-elle susceptible d'engendrer un nouvel ordre des choses ? Apparemment représentatifs des forces en conflit, les personnages du roman ont la particularité d'adopter une. »

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