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Quel est cet obscur objet du désir ?

Publié le 20/08/2013

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En effet par le désir, la conscience poursuit un objet qu’elle souhaite s’assimiler. La finalité, qu’elle soit le plaisir ou autre, révèle le désir comme mouvement négateur par lequel le sujet détruit l’extériorité, l’altérité de l’objet. Non seulement l’objet sensible nous est apparu comme un simple moyen, un moment, mais la finalité de son obtention semble obscure, plaisir, bonheur ou autre chose (sachant que plaisir et bonheur semblent toujours manqués, dans une certaine mesure, par la dialectique même du désir et de l’imagination) ?

Le désir d’avoir plus ne renvoie-t-il pas in fine au sujet car la possession poursuivie amorce un mouvement négateur du désir envers l’objet ?

« satisfaction, de plénitude.

Le véritable objet du désir n’a rien d’un objet au sens commun du terme.

Il ne vient pas non plus remplir un vide car aucun objetne saurait remplir cette absence à soi.Donc si manque il y a, il s’agit du manque de soi.

Les deux dimensions de l’objet (en tant que ce sur quoi le désir s’est fixé et en tant que finalité) setrouvent ainsi réunies.

Le désir est recherche de l’achèvement de sa nature.

Le discours d’Aristophane souligne la souffrance de l’incomplétude qui crée ledésir comme aspiration à dépasser cette incomplétude et souligne que la véritable nature du désir est Eros, donc porte sur l’autre comme autre soi, l’autrequi pourrait venir achever notre nature.

L’unité du sujet ne serait atteinte que dans la rencontre de l’autre, rencontre qui prendrait la forme d’unereconnaissance donc de retrouvailles de soi à travers l’autre.Cette dialectique complexe de la recherche de soi à travers l’autre, même que soi et autre que soi, Hegel lui donne une dimension plus universelle que ladimension amoureuse et remonte plus avant dans l’analyse de l’essence du désir.La dialectique du maître et de l’esclave montre que le désir fondamental a pour objet ultime la conscience de soi pleinement unifiée et révélée à elle-même.L’unité de la conscience n’est atteinte que si le désir porte sur une autre conscience qui joue à la fois le rôle de miroir et de médiateur.

Ce que le désirpoursuit est une image stable du sujet dans la mesure où l’homme, livré à lui-même dans sa finitude et son inachèvement, est voué à l’angoisse.

Il necoïncide pas avec lui-même et cette non coïncidence se manifeste par un désir errant, aveugle, jusqu’à ce que le désir se porte sur une autre consciencedans laquelle il pourra se reconnaître et par laquelle il pourra être reconnu.

Les objets sensibles immédiats n’avaient pu satisfaire notre désir car aucunobjet ne nous permet de nous rassembler ou de nous retrouver ou de nous reconnaître.

Aussi dans la poursuite d’un objet sensible et de la jouissance, lesujet se perd et le manque demeure intact car il se manque lui-même.

D’où la nécessité d’un objet transcendant à sa manière càd non assimilable et d’unobjet qui est désir lui-même.Allons plus loin : cette conscience hantée par le désir ne peut se trouver que lorsque son désir se porte sur un autre désir ; le désir est désir du désir del’autre.En effet à quelles conditions la conscience est-elle reconnue ? Lorsqu’elle devient sujet du désir de l’autre.

Elle s’accomplie en provoquant le désir chezl’autre et elle se reconnaît dans sa dimension désirante en rencontrant le désir chez l’autre, le désir de l’autre portant sur soi.Le moi est bien le véritable objet du désir mais il ne le devient que confirmé par la reconnaissance de l’autre et devenu objet du désir de l’autre.

Mais n’y a-t-il pas ici renversement dans lequel du statut de sujet nous passerions à celui d’objet ? Nous serions l’objet du désir.

Le désir devient le sujet.

Au fond ledésir ne se poursuit-il pas lui-même?Notons sur ce dernier point : que le désir soit désir du désir de l’autre pour mieux se retrouver soi, nous l’avions déjà en puissance dans le désir d’objet.L’objet suprêmement désirable c’est l’objet élu par l’autre ou possédé par l’autre.

Je désire ce que l’autre désire, à quelle fin ? Il y a certes le mimétismepar lequel tout sujet humain, fini et inachevé (donc qui doit se faire) se construit mais par delà ce mimétisme nous retrouvons le désir de devenir soi-mêmeenvié, désiré par l’autre.

C’est aussi ce que manifestait la dimension symbolique clairement ou obscurément attachée à l’objet du désir.

Cette dimensiondevait m’apporter un être - plus suscitant le désir chez l’autre. Le désir de soi semblait passer par la négation, l’assimilation de l’objet sensible mais laissait le sujet dans le manque, face au désir nu et dépourvud’espérance (cf partie I)Le désir dans sa vérité serait désir de l’autre non comme autre mais comme même que moi.

(partie II)Le désir est supposé manifestation d’un manque.Mais il semble que le désir ne se poursuive que lui-même (ce qui expliquerait peut-être pourquoi il ne s’éteint jamais) .La relation établie à l’autre échoue qu’elle soit relation d’amour, recherche de fusion ou relation de lutte dans laquelle le sujet qui se cherche se met enposition de devenir objet.Les amants d’Aristophane ne retrouvent pas l’union originelle : deux ils demeurent ; la dialectique de Hegel n’atteint pas la reconnaissance de la consciencepar une autre conscience.Avons-nous correctement identifié le désir en le posant comme manque ? (Dépasser l’hypothèse initiale) III)Nous avons déjà suggéré l’idée que l’objet du désir pouvait être un objet transcendant et nous avons vu une forme de transcendance avec le désir qui seportait sur l’autre, comme médiateur vers soi.

L’objet transcendant peut être un objet non sensible ou un objet à créer par le désir.La première forme de transcendance était déjà présente dans la dimension symbolique de l’objet poursuivi.

En effet l’objet désiré est désiré parce qu’il noussemble bon et beau ; il est par conséquent plus que lui-même, porteur de ces valeurs vers lesquelles il fait signe.

Ce sont peut-être ces valeurs qui donnentun sens à la définition première du désir comme tendance qui nous pousse vers un objet que l’on imagine source de satisfaction.Ces valeurs du beau et du bon rendent au désir sa véritable nature qui est sa dimension spirituelle et son pouvoir de dépassement.

Elles rendent l’homme àlui-même.Alors que dans l’épithumia le désir errait d’objet en objet et l’homme se perdait dans un vide qui ne faisait qu’accuser, creuser son manque, dans le désirauthentique, la quête devient accomplissement de soi.

C’est le trajet qui importe et la finalité ultime qui permet d’effectuer le trajet.

Cette finalité c’estl’objet transcendant, objet qui est à la fois altérité et identité au sujet.

L’objet permet la réalisation du désir comme puissance et l’accomplisement del’homme quand il tend vers cet objet.

L’objet c’est le divin dans la figure du Beau et du Bien.Le discours de Diotime (dans Le Banquet de Platon), montre que le désir est puissance de dépassement, tension vers le divin.

Puissance de dépassementdu corps vers l’esprit, du plaisir vers le bonheur, du sensible vers l’intelligible, de la multiplicité vers l’unité, de l’incomplet vers la plénitude d’être, del’humain vers le divin, du temporel vers l’éternel.

Tous ces termes jouent comme des équivalences.

Le terme visé par la dialectique ascendante est le Beau.Lorsque le terme est atteint, le manque est dépassé car l’objet transcendant ne vient pas combler un vide mais rendre à l’absence son vrai visage : le désirest la nostalgie qu’éprouvait l’âme de sa vraie patrie.Touché par le Beau, l’unification avec soi-même prend sens, le désir dévoile le sens de la quête : c’est celle du sens de la vie.

La vie humaine doits’accomplir à travers des valeurs qui n’appartiennent qu’à l’homme.En quoi le désir s’affirme-t-il ici comme puissance et non comme manque ?Dans la rencontre du Beau, l’homme connaît l’envie d’enfanter.

Le Beau et le Bien donnent envie d’être plus et de créer de l’être.

L’homme comprend alorsque cette tension du désir n’était pas un vide mais un trop plein qui demande à féconder.

Le désir est puissance de dépassement et puissance de création(par le corps ou l’esprit).

Par lui l’homme excède la finitude initiale et son incomplétude.

Aucun objet du monde ne saurait lui offrir la complétude car ledésir tend vers autre chose et a pour finalité la sortie de l’homme de lui-même afin de créer et en créant, il s’accomplit.Donc le désir se désire bien lui-même en tant qu’il est cette puissance de dépassement par laquelle l’homme apprend à se connaître, à se réaliser et à viserl’immortalité.Le désir est la puissance d’exister qui se poursuit elle-même et qui est créatrice, nous avons cette dimension dans la pensée de Spinoza : l’effort propre àl’homme de persévérer dans son être.L’objet transcendant du désir est l’éternité dont la visée permet à l’homme de se connaître, de se dépasser et donc de s’accomplir. Conclusion : L’objet du désir est donc à la fois autre et même que le sujet ; en dehors car transcendant et au-dedans de nous ; préexistant au désir et créepar le désir.

C’est en atteignant l’objet que se dévoile la véritable nature du désir et que l’homme réalise que sa quête a été accomplissement de lui-même,accomplissement par lequel il a réussi et à se dépasser et à se retrouver.. »

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