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Quel rôle a l'hypothèse dans la recherche de la vérité ?

Publié le 27/02/2005

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Nous n'argumentons jamais des faits aux théories, si ce n'est par le truchement de la réfutation ou de la falsification. » (Cf. La Quête inachevée, chapitre XXXII). Popper affirme donc la prééminence exclusive du rôle de l'hypothèse, invention rationnelle seule capable d'émettre une proposition vérifiable empiriquement. L'idée d'une vérité immédiate, visible empiriquement et propre à catégoriser directement chaque cas particulier en son sein (Kant dit « subsumer ») est donc, selon lui, illusoire. Seule préside à toute recherche de vérité le caractère rationnel et inventif de l'humain formulant une hypothèse de départ. Hume formulera, sans doute, la plus tranchante des critiques à l'égard de la méthode inductive. Celle-ci n'est fondée que subjectivement et psychologiquement et ne permet de déboucher, de fait, que sur des illusions de vérité. Hume ne voit là, en effet, qu'un pur phénomène d'habitude. Ce n'est pas parce que le soleil se lève et se couche chaque jour qu'il faut simultanément conclure qu'il s'agit d'une vérité immuable, éternelle.

Nous assignons traditionnellement deux méthodes possibles dans la recherche de la vérité : la méthode inductive et la méthode déductive. La première s'établit à partir de l'affirmation d'une nécessaire loi générale que l'on dégagera de l'observation concomitante de cas particuliers. On tire alors la vérité générale d'un phénomène par inférence conjecturale procédant du particulier au particulier. La régularité des faits observés permettra, selon cette théorie, d'établir une loi généralisée, valable pour tous les cas particuliers.

La seconde méthode contredit les principes de la première. En effet, la déduction s'établit sur la base de règles logiques. Celles-ci reposent elles-mêmes sur des propositions admises comme prémisses : elles ont le statut d'hypothèses que la déduction viendra valider ou invalider selon les liaisons formelles qu'entretiennent ces propositions entre elles.

La contradiction entre ces deux méthodes dépend du rôle accordé aux hypothèses dans le cadre d'une recherche de la vérité. La méthode inductive refuse un fondement hypothétique de la vérité, affirmant au contraire sa nature nécessaire. A contrario, la méthode déductive dépend intégralement de l'hypothèse qui, seule, donne le point de départ à cette méthode recherchant la vérité.

La question que se posent alors légitimement la philosophie de la connaissance et l'épistémologie (étude de la science dans son discours, dans ses méthodes et dans ses outils) est de savoir quel rôle on doit accorder aux hypothèses dans le cadre d'une recherche de la vérité ?

  • Parler d'un recherche de vérité, n'est-ce pas reconnaître son caractère hypothétique primordial ?

  • N'est-ce pas, contradictoirement, reconnaître simultanément le caractère éminemment relatif et subjectif du fondement de toute recherche de vérité ?

« la vérité.

La méthode inductive refuse un fondement hypothétique de la vérité, affirmant au contraire sa naturenécessaire.

A contrario , la méthode déductive dépend intégralement de l'hypothèse qui, seule, donne le point de départ à cette méthode recherchant la vérité. La question que se posent alors légitimement la philosophie de la connaissance et l'épistémologie (étude de lascience dans son discours, dans ses méthodes et dans ses outils) est de savoir quel rôle on doit accorder auxhypothèses dans le cadre d'une recherche de la vérité ? Parler d'un recherche de vérité, n'est-ce pas reconnaître son caractère hypothétique primordial ? N'est-ce pas, contradictoirement, reconnaître simultanément le caractère éminemment relatif et subjectif dufondement de toute recherche de vérité ? I.

Le fondement hypothétique de la recherche de vérité Si l'on en croit Platon, la vérité n'est pas accessible directement.

Bien qu'elle soitprésente en chacun de nous, celle-ci fait l'objet d'un oubli.

L'homme ignore qu'il saitdéjà.

La vérité est alors présente de manière latente chez tout individu.

Seul un acte de« réminiscence » (ressouvenir) préside au passage d'une vérité latente à une véritémanifeste.

Le dialogue de Socrate avec Ménon (Cf.

Ménon 86 a-87 b) est l'illustration des discussions d'hypothèses comme base de la réflexion « dialectique » (accès à lavérité par confrontation des arguments antagonistes) jusqu'à son accès à la vérité.L'hypothèse (du grec upothesis , de thesis : « action de poser » et de upo : « dessous ».

Le latin transcrit ceci en suppositio : « positionné en dessous, supposition ») est conçue comme une proposition admise au préalable, sans que savérité (ou sa fausseté) soit démontrée.

Elle est le point de départ aux déductionssuivantes.

La nature oubliée de la vérité fonde donc le rôle nécessaire et primordial del'hypothèse comme point de départ à sa recherche. C'est dans le cadre d'une théorie de la connaissance que Kant sera amené à définir lestatut et le rôle de l'hypothèse dans le cadre d'un jugement « apodictique » (d'une vérité nécessaire) : Elle « est un assentiment du jugement à la vérité d'un principe, en considération du caractèresuffisant de ses conséquences ».

(Cf.

Logique , introduction) Ce que Kant définit ici aura une portée majeure pour l'approche scientifique.

En effet Kant désigne la valeur « heuristique » (propice à la découverte, à l'apprentissage, àune connaissance progressant vers la vérité) de l'hypothèse.

L' « hypothèse heuristique » est donc une hypothèsede travail servant à l'idée directrice d'une recherche de vérité.

C'est proprement le « jugement de finalité » kantien(et plus particulièrement le « jugement réfléchissant ») qui affirme le caractère fondamentalement nécessaire del'hypothèse dans la recherche du vrai.

Ce jugement s'établit à partir de l'observation du particulier donné (le diverssensible, tous les phénomènes observables), l'universel étant à découvrir (lois générales, vérités universelles).

Laréflexion confrontée à la diversité sensible va inférer des hypothèses en vue de découvrir le lien« interpropositionnel » (la loi générale qui relie ces cas particuliers).

L'hypothèse sert donc de point de départ à laréflexion dans sa volonté de découvrir les lois, les vérités, les liens qui relient le divers.

Ainsi est postulée une véritéde l'unité du divers que seule l'hypothèse peut dévoiler. La science va confirmer (pour une part) ce statut heuristique de l'hypothèse.

Tout d'abord l'épistémologie qui vaconsidérer l'hypothèse comme une explication plausible que l'esprit imagine (voire invente !) afin de comprendre uncertain nombre de faits.

Cette hypothèse est particulièrement nécessaire à l'extension de nos connaissances seheurtant aux limites de l'expérience.

En effet, la méthode « hypothético-déductive » désigne, dans les sciencesexpérimentales, cette formulation d'hypothèses qui permet de déduire des conséquences que l'on pourra ensuitetester expérimentalement.

L'hypothèse sert à sa propre vérification.

Sera jugé vraie une hypothèse confirmée parles expériences (empiriques) réalisées sur les conséquences logiques qu'elle induit.

L'hypothèse newtonienne de lagravitation terrestre permit d'en vérifier, par des expériences conduites dans des contextes empiriques spécifiques(scientifiques, dans des « laboratoires »), la validité concrète. L'hypothèse est-elle alors le fondement nécessaire et suffisant de la science comme recherche effective de vérité ? II.

La crise des fondements de vérité Popper donnera son assentiment à cette méthode hypothético-déductive.

Il le fera d'ailleurs aux dépends de laméthode inductive, qu'il juge comme un « mythe » : « Les théories universelles ne sont pas déductibles d'énoncés singuliers [...] Nous n'argumentons jamais des faitsaux théories, si ce n'est par le truchement de la réfutation ou de la falsification.

» (Cf.

La Quête inachevée , chapitre XXXII).

Popper affirme donc la prééminence exclusive du rôle de l'hypothèse, invention rationnelle seule capabled'émettre une proposition vérifiable empiriquement.

L'idée d'une vérité immédiate, visible empiriquement et propre àcatégoriser directement chaque cas particulier en son sein (Kant dit « subsumer ») est donc, selon lui, illusoire.Seule préside à toute recherche de vérité le caractère rationnel et inventif de l'humain formulant une hypothèse dedépart.. »

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