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Quel sens peut avoir l'expression : « retour à la nature » ?

Publié le 05/01/2010

Extrait du document

• Que penser ici sous le terme nature?  — la campagne?  — les êtres végétaux et minéraux (voire animaux),  — la « nature sauvage «?  (il n'est pas sans intérêt de remarquer que dans une certaine mesure on peut prétendre que « la nature « (du moins partiellement) est l'œuvre de l'homme.)  — la matière physico-chimique.  • S'agit-il du retour à l'état de nature?  • S'interroger sur les domaines possibles de l'éloignement  implicitement contenu dans l'idée de « retour à la nature «.  — Plan de la mise en œuvre de certains sens?  (On dit que les sens de l'homme « moderne « sont l'ouïe et la vue, et qu'en particulier les sens du toucher et de l'odorat sont en déclin chez lui.)  — Eloignement de rythmes biologiques « naturels «, de rythmes temporels « naturels «?  — Irrespect de lois naturelles de la vie?  • S'interroger sur le (ou les) sens du terme retour.  • Ne pas oublier qu'il ne s'agit pas de se prononcer sur la validité, la possibilité, la légitimité d'un « retour à la nature « mais sur le ou (les) sens que peut avoir l'expression « retour à la nature «.

« ellemême qui l'a inscrite dans la chose.

Ainsi une pierre ou autre "corps lourd" est prédestiné à résider "en bas",c'est-à-dire sur le sol pour Aristote.

Ainsi, lorsqu'on l'en détourne (par exemple si quelqu'un jette la pierre en l'air),elle tend immédiatement à retourner vers son lieu d'origine.

Revenir à son origine, c'est en même temps progresservers une fin que la nature elle-même a assignée à la pierre, et une fois la fin atteinte, la pierre réalise son essencemême de pierre.

Retourner à la nature n'est donc rien d'autre que progresser vers sa nature pour Aristote.

Or, unetelle vision de la nature, typiquement grecque est cosmique: si la nature est bien ce principe originaire et immuablequi assigne à chaque chose sa "place" (c'est-à-dire son origine et 2 C'est-à-dire la façon dont notre conscience setourne vers l'idée; en l'occurrence ici: 1) le point de vue de sa signification propre, 2) de sa genèse, 3) de ce à quoielle s'oppose ou de ce qu'elle exclue.

Nous reviendrons pendant l'année sur une telle méthode dite d'analyse ou dedistinction conceptuelle, notamment dans le chapitre réservé à l'opinion.

C'est ce plan analytique que nous allonssuivre (là encore, cela n'a rien d'une "méthode universelle") 3 Attention: nous ne prenons pas ici le parti d'une telleidée! Pour l'instant, l'idée est simplement examinée, afin de l'élever à la précision d'un concept clair et distinct, maissa valeur et sa légitimité ne sont pour l'instant pas interrogés; d'où l'usage de guillemets (usage dont, par ailleurs, ilne faut pas abuser!) 4 Physis: nature en grec; nomoi: lois et institution humaines, toujours particulières, puisquechangeantes d'une cité à l'autre.

5 Cf.

Texte 11 page 90.

Page 3 sur 6 - Problématisation critique des argumentsprécédents contradiction transition avec la suite.

II.

Origine et fonction psychologique de l'idée.

- Ne pas hésiterà insister sur ce qui lie les parties entre elles.

- L'idée d'un retour à… présuppose une perte, une crise analyse decette crise.

- Déduction, à partir de l'origine critique de l'idée d'un "retour à la nature", de sa fonction lénifiante.

-Références: stoïcisme et sophistique.

- Retour à l'idée de nature comme modèle.

- Nouvel aspect du problème -Réponse à ce problème sa fin), autrement dit son identité, comment l'homme aurait-il pu perdre cette identité? Celavoudrait dire que l'homme lui-même n'appartient pas exactement à la nature comme la pierre, la plante, ou l'animal.Et si tel est le cas, comment retrouverait-il cette origine en se tournant vers la nature? On le voit, la réflexion estici prise dans des contradictions et des apories multiples.

Comme si l'idée même d'un retour à la nature seraitcontradictoire dans les termes, c'est-à-dire absurde.

Tournons-nous donc vers les deux autres aspects de l'idéed'un retour à la nature, en commençant par interroger son origine.

Celle-ci découle en quelque sorte de sasignification même.

Nous avions dit que l'idée d'un retour à la nature suppose que ladite nature est ce modèle auquell'homme aurait à se conformer.

Ainsi est-ce le plus souvent en temps de crise culturelle, c'est-à-dire lorsque la viesociale est mise en cause dans ses fondements mêmes, qu'une telle aspiration à revenir à la nature se manifeste.Pour quoi la nature précisément? D'abord, tout simplement parce que, par définition, elle est l'autre de la société:éternelle (contrairement aux institutions humaines, soumises aux contingences de l'histoire), autosuffisante (alorsque l'homme a besoin de la nature, la nature n'a pas besoin de l'homme) de ce fait, rassurante.

C'est là sans doutela fonction psychologique essentielle de l'idée d'un retour à la nature: elle est le reflet de la prise de conscience qu'al'homme d'une certaine fragilité, pour ne pas dire vanité, des choses humaines, c'est-à-dire politiques et sociales.C'est ainsi que les, comme le montre Arendt dans La crise de la culture, le Stoïcisme, qui préconise justement de"vivre en conformité avec la nature", apparaît et se développe en Grèce dans une période de grave crise morale etpolitique.

C'est ainsi également que, plus tôt, les Sophistes ont pour la première fois dans l'histoire de la philosophie,thématisé l'opposition entre une physis éternelle et immuable et des nomoi4 contingents et fragiles.

Cette oppositions'est précisément affirmée dans l'histoire de la philosophie antique, lorsque les cités grecques devaient faire face àde graves crises morales.

Les moeurs et les lois, sont relatives et donc nécessairement imparfaites au regard d'unenature universelle et parfaite, parce que, selon Calliclès par exemple, elles inversent l'ordre naturel des choses (cf.Platon, Gorgias5).

Il faut donc, pour en finir avec les crises incessantes auxquelles sont vouées les sociétéshumaines, revenir à une morale et à une politique qui soient conformes à la nature; autrement dit qui prenne lanature comme modèle.

Nous avons pourtant montré en quoi un tel retour était contradictoire.

Si un tel retoursemble impossible, en même temps que peu souhaitable (le type de "droit" que préconise Calliclès se confond avec ledroit du plus fort, c'est-à-dire avec un "non droit"; l'humanité présupposée par un tel retour serait précisémentinhumaine), pourquoi l'homme persiste-t-il néanmoins dans sa nostalgie d'un tel retour ? Sans doute parce que,comme le montre Hobbes dans son Léviathan, l'état de nature est un état dans lequel l'homme n'est au départ,soumis à aucune espèce de contrainte (politique, juridique ou morale).

On sait bien que cette absence de contrainteest stérile, puisque, même si, dans un tel état l'homme se sent absolument libre, il ne l'est pas, ou du moins jamaistrès longtemps! Mais nous ne retenons le plus souvent, comme les empiristes l'avaient compris, que la premièreimpression des choses et des sentiments qui nous Page 4 sur 6 - Conclusion: plus qu'une erreur, l'idée… est uneillusion qui répond à un désir lui-même socialement suscité… - L'origine de ce désir III.

Légitimité de l'idée en tantque concept opératoire et critique.

- L'idée d'un retour…, parce qu'elle a une fonction psychologique, n'est donc pasgratuite: elle a une raison, donc un sens.

- L'origine sociale de l'illusion.

- Référence à Freud.

affectent.

Ainsi neretenons-nous dans notre cas que l'impression d'une liberté absolue qui serait l'apanage de l'état de nature.

Même siun minimum de réflexion suffirait pour comprendre que cette impression est trompeuse! Par une logique elle-mêmetout à fait naturelle, en effet, les libertés s'opposant les unes aux autres, s'éliminent mutuellement, et de ce fait,l'homme, à l'état de nature, est en permanence exposé à la violence et la mort.

Il n'en reste pas moins que cet étatest l'objet de bien des rêveries! Le mécanisme psychologique et social ces rêveries serait le suivant : face à unesociété dans laquelle la conscience humaine ne se retrouve plus, face à une société devenue elle-même étrangèreet hostile, alors qu'elle avait précisément pour vocation de se protéger d'une nature elle-même originellementétrangère et hostile, l'idée d'un retour à la nature fonctionne comme un lénifiant commode et immédiatementdisponible.

En tant de crise, on réagit avant de réfléchir, et tout ce que l'on retient de l'état de nature, c'est cetteliberté infinie (mais abstraite) qu'on confond alors avec une liberté et un bonheur réels.

On comprend mieux que, dèsque l'on abandonne la simple réaction au profit de la réflexion, on s'empêtre dans d'infinies contradictions! Mais si laréaction est plus forte, c'est précisément parce qu'elle permet à la conscience humaine de se défendre et non pas(seulement) parce que les hommes sont imbéciles: l'idée d'un retour a la nature est bien plus qu'une erreur; elle estune illusion qui, comme telle a sa fonction: répondre à la profonde frustration résultant d'un désir insatisfait.

Quelleest la source de ce désir? Nous l'avons déjà dit: s'il y a retour à…, cela suppose au préalable une perte.

Mais qu'est-. »

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