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En quel sens peut-on parler de beauté morale ?

Publié le 27/02/2008

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morale

« Néanmoins, on remarquera que le sentiment esthétique lié à la beauté se rapproche de l'impératif moral par certains aspects.

Il y a en eux une universalité qui les rapproche.

Si la beauté a certains liens avec la moralité, celane signifie pas toutefois que l'on puisse parler de « beauté morale » : il y a, d'un côté, l'impératif catégorique, qui nepeut qu 'exclure la sensibilité et, d'un autre, le jugement esthétique, où intervient, toujours, une dimension sensible.Ainsi, avec la dislocation de la « kalocagathie » antique, la réconciliation de la beauté et de la moralité devient très difficile, bien qu'il y ait une universalité commune au jugement de goût et à l 'impératif. Comment alors parler, concrètement, de « beauté morale », dans notre univers ? L'enjeu de la question est évident, car, dans notre culture, seule semble encore salvatrice la Beauté.

Peut-elle nous faire toucher à la moralité? La « kalocagathie » des Grecs ne paraît plus tout à fait à notre portée, pour des raisons historiques et culturelles.

Il semble que l 'ascension platonicienne vers la Beauté, ascension nous conduisant au seuil du Bien ne soit guère possible, pour nous qui ne pouvons plus guère accéder à l'Idée de Beauté.

D 'autre part, l 'opposition moderne d 'un jugement esthétique de nature sensible - ce que je goûte, c'est telle sonate de Mozart particulière et sensible - et d'un impératif moral absolument soustrait aux inclinations et penchants, impératif absolument rationnel,paraît conduire à un univers déchiré : quand la beauté ne peut être morale, quand le Beau et le Bien s 'excluent et se repoussent l'un l 'autre, que devient alors l 'existence de l 'homme et où peut-il trouver son salut ? Une synthèse semble nécessaire. L'appréhension de la beauté est comme tout jugement esthétique la découverte d'une harmonie et d'un ordre.

Beauté des perfections humaines.

Découverte des vraies proportions du réel.

En tout ceci, ce que je ressenset ce que j 'expérimente, c'est un ordre, une harmonie, un bonheur des proportions, une justesse d 'équilibre qui, en eux-mêmes, possèdent, peut-être, une signification morale. Faut-il, en effet, voir dans la morale, comme nous le suggère Kant, un sévère refoulement de tout ce qui est sensible ? La vraie morale n'est-elle pas un équilibre et un ordre de l'existence, une harmonie de notre vécuconduisant à la sérénité ? L'éthique, loin de se ramener à la dure répudiation du sensible et à l'obéissance à la loi,désigne peut-être surtout l'organisation harmonieuse et ordonnée d'une existence, organisation rendue cohérentepar le projet humain lui donnant un sens et y projetant ses valeurs. Dès lors, le rigorisme kantien s'évanouissant, il semble bien que l'on puisse, de nouveau, parler d 'une « beauté morale ».

Le projet moral, en effet, dans cette perspective, s'avère alors simultanément beau et bon : il est ordre,harmonie et, en même temps, saisie des valeurs.

Beauté et expérience esthétique ne se séparent plus de l'éthique.La perfection esthétique et la perfection morale se rejoignent et se réunifient : la beauté recommence à êtresymbole du bien et, réciproquement, le bien est l'autre face de la beauté. Ainsi, même loin de la « kalocagathie » antique, la beauté redevient morale.

En participant à l'harmonie et à l'ordre des choses, je découvre la seule forme d'éthique possible, comme construction de l'ordre de ma vie, loin del'obéissance à une loi universelle humiliant mes tendances sensibles. Le problème était de savoir si l'on peut réunir esthétique et morale.

L'idée d'une harmonie simultanément esthétique et éthique peut nous fournir le trait d'union permettant la réunification souhaitée et entrevue.

Il estlégitime, dès lors, de parler de « beauté morale ».

Bibliographie PLATON, Le Banquet KANT, Critique du jugement Michel FOUCAULT, L'Usage des plaisirs — tout particulièrement la conclusion de l'ouvrage.. »

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