Devoir de Philosophie

Quelle relation la conscience partage-t-elle avec son objet ?

Publié le 27/02/2005

Extrait du document

conscience
Le Cogito s'institue, non à partir d'une réflexion sur la pensée pure, mais du doute universel, qui fait abstraction des contenus eux-mêmes pour ne laisser subsister que le fait de penser.C'est la pensée cartésienne authentique qu'a explicitée Husserl dans la formule célèbre, reprise par tous les phénoménologues et les existentialistes, que «tout état de conscience en général est, en lui-même, conscience de quelque chose, quoi qu'il en soit de l'existence réelle de cet objet». ■ Indications généralesHusserl (1859-1938) a posé les bases d'une nouvelle philosophie appelée la phénoménologie. Il s'agit de «faire de la philosophie une science rigoureuse»: non pas en lui appliquant les méthodes des sciences expérimentales, qui sont justement jugées trop peu rigoureuses, mais en prenant pour modèle, à la suite de Descartes, la géométrie. Celle-ci en effet travaille sur de pures idéalités dégagées de la question de leur existence empirique. C'est cette suspension de la question de l'existence du monde extérieur qui permet une réflexion véritablement rigoureuse sur les essences. Quel est le statut, alors, du rapport de la conscience au monde extérieur? C'est la question de l'intentionnalité, abordée dans le texte suivant:«La perception de cette table est, avant comme après, perception de cette table. Ainsi, tout état de conscience en général est, en lui-même, conscience de quelque chose, quoi qu'il en soit de l'existence réelle de cet objet et quelque abstention que je fasse, dans l'attitude transcendantale qui est la mienne, de la position de cette existence [...] Le mot intentionnalité ne signifie rien d'autre que cette particularité foncière et générale qu'a la conscience d'être conscience de quelque chose.
conscience

« représentation du monde dans la conscience.

Contre l'empirisme, Husserl se situe dans la suite du «cogito» de Descartes et de la notion de «sujet transcendantal» chez Kant*: il pose laquestion des structures de la conscience qui précèdent et rendent possible laconstitution d'une expérience pour moi.

L'«intentionnalité» est la base decette structure: elle est la structure d'ouverture de la conscience.

Elle est cefait décisif, interne à la conscience, que la conscience vise une extériorité àelle.

Husserl distingue ainsi la «noèse» (l'acte de visée de la conscience) et le«noème» (l'objet intentionnel visé par la conscience): celui-ci est la forme del'extériorité au sein de la conscience. Le texte de Husserl propose un mode de résolution de la question du rapportde la conscience au monde: ce rapport reste énigmatique tant que l'on sereprésente le monde comme posé devant la conscience, face à elle, tout enétant d'une nature radicalement hétérogène par rapport à elle.

Ce que Husserlmet en évidence, c'est que c'est la conscience elle-même qui construit lessignifications du monde extérieur - à commencer par la signification«extérieur».

Sans la conscience, le monde existerait sans doute, mais iln'aurait aucune signification assignable. Ne pas confondre l'objet intentionnel et l'objet empirique.

«Toute conscienceest conscience de quelque chose» ne signifie pas qu'il n'y a de conscienceque parce qu'il y a des objets extérieurs: la phénoménologie élimine les objetsextérieurs.

C'est ce qui lui permet de mettre en évidence que la notion d'«extériorité» est interne à la conscience.

«Toute conscience est conscience de quelque chose» définit laconscience comme cette visée vers une extériorité: elle n'est pas un récepteur, une «tablette de cire» sur laquellele monde viendrait s'imprimer: elle façonne elle-même l'opposition intérieur/ extérieur. Le propre de Husserl, c'est d'élargir la notion d'intentionnalité dans deux directions.

D'un côté, l'acte de laconscience ne s'épuise pas dans les données actuelles.

Ainsi, dans la perception d'un cube individuel, j'aperçois qu'ilpourrait se présenter sous une multiplicité variable et multiforme d'aspects, mais tous liés par des rapportsdéterminés que commande son unité objective, c'est-à-dire son essence géométrique.

De l'autre, la synthèse deces rapports, présente à la conscience dans la perception de ce cube individuel, n'anticipe pas seulement sur unavenir potentiel, elle peut être remplie de tout un halo de souvenirs.

En d'autres termes, la conscience esttemporalité, c'est-à-dire continuité du passé et de l'avenir dans le présent.C'est sans doute Merleau-Ponty qui a le plus approfondi la portée de cette double idée de la conscience commeprésence au monde et comme temporalité.

Par les actes du «Je», je déploie «un pouvoir de connaître qui estcoextensif au monde ».

L'être pour soi est l'être-au-monde.

Entre la conscience et le monde, il s'agit d'une véritablecommunication.

«C'est en communiquant avec le monde que nous communiquons indubitablement avec nous-mêmes.» Mais la conscience, c'est aussi la continuité temporelle et « il faut comprendre le temps comme sujet et le sujetcomme temps ».

Et le temps est avec le monde sens de tous les sens.

« Il y a un style temporel du monde, et letemps demeure le même parce que le passé est un ancien avenir et un présent récent, le présent un passé prochainet un avenir récent, l'avenir enfin un présent et même un passé à venir, c'est-à-dire que chaque dimension dutemps est traitée ou visée comme autre chose qu'elle-même.

»Outre la valeur propre de cette conception où la conscience se reconnaît telle qu'elle se vit dans le temps, ellesemble permettre d'échapper au dilemme du réalisme et de l'idéalisme.

Donner raison au réalisme, c'est nier l'activitéautonome du sujet.

Donner raison à l'idéalisme, c'est admettre que le moi construit en lui-même la totalité de l'êtreet perdre la richesse inépuisable du monde.

« L'intérieur et l'extérieur sont inséparables.

Le monde est tout endedans et je suis tout hors de moi.

». »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles