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Quelle valeur morale attribuez-vous à la pitié ?

Publié le 27/03/2004

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morale
CONSEILS Le problème de la pillé est, pour une part; celui de la chante. Pourtant, il ne s'agit pas de dire quel est, en général, le rôle du coeur dans la vie morale. La pitié est une disposition définie, assez complexe, aux manifestations diverses et parfois contradictoires. Analysez-la pour la mieux juger. Introduction "DEVENEZ DURS" écrit Nietzsche. Selon lui, la pitié énerve par Contagion la « volonté de puissance », fait du fort un faible, donne une âme de vaincu à qui était lait pour vaincre ; elle maintient et multiplie par le monde les faibles, qui vont submerger les forts. Si l'on dégage la formule nietzschéenne de son contexte doctrinal, il semble qu'elle garde une valeur directe et générale La vraie vertu - c'est le sens premier du mot. - est vigueur, effort tendu, aptitude virile à la lutte ; il n'est pas de vertu sans dureté. Mais la vertu n'est-elle pas aussi sociabilité, disposition à l'entraide, compréhension et soutien du faible ? Ce qui explique l'apologie de la pitié par tant de moralistes, avant tout chrétiens.
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« II.

— Arguments insuffisants dirigés contre la pitié. Les uns visent les motifs, les dispositions subjectives ; les autres, les effets. A) L'INSPIRATION EN SERAIT CONDAMNABLE. a) La pitié, dit-on, implique orgueil ou vanité.

On contemple et on étale complaisamment sa supériorité ; on s'admire et sefait admirer dans le déploiement de sa générosité.

Le don gratuit est plus agréable, apparaît plus méritoire quel'accomplissement d'un devoir de justice.

Mais la pitié, par ce qu'elle a d'instinctif, de spontané, exclut cette considérationde soi et des autres.

Du reste, c'est surtout le résultat qui intéresse le bénéficiaire ; et le moraliste aussi doit en tenircompte, plus que d'une attitude subjective incontrôlable. b) La pitié serait égoïste, et en deux sens.

D'abord elle peut comporter un calcul.

Servir, c'est obliger, se créer des droitssur celui qu'on sert.

L'argument est absurde : la pitié ne réfléchit pas.

Et nous répugnons à nous imaginer à notre tourdans la situation où notre pitié s'exerce.

D'ailleurs, qu'attendre, quand nous les assistons, du vagabond, du grand vieillard,de l'agonisant ? La pitié serait égoïste en ce sens plus profond que, communiant avec la souffrance d'autrui, nous lesoulageons pour ne plus souffrir nous-mêmes.

Mais l'égoïste est précisément celui qui reste fermé à la souffrance d'autruiet peut regarder d'un oeil froid un mal qui lui demeure étranger. B) LES CONSÉQUENCES EN SERAIENT FUNESTES. La pitié met en échec la loi de sélection.

Exploitant, du point de vue social, la thèse darwinienne, Spencer juge que laSociété doit laisser s'éliminer les individus mal nés, les malhabiles et les malchanceux, car le maintien artificiel des faibles àl'existence est pour les éléments sains une charge et souvent un danger.

Mais la morale n'a pas à se régler sur la nature.S'il est vrai qu'ici le fort tue le faible, la question reste entière de savoir quelle est, dans l'ordre humain, la force précieuse,la supériorité proprement humaine, et que l'homme a intérêt à voir triompher.

Le saint, l'homme de génie peuvent êtrepauvres, faibles, malades.

L'enfant ne devient homme et ne peut un jour servir les hommes que parce qu'on l'a d'abordaidé à vivre. III.

— Griefs valables. A) DÉVIATIONS NATURELLES DE LA PITIÉ. a) La pitié comporte à la fois participation à la souffrance d'autrui et conscience de sa position propre.

Je souffre, mais jeconnais ma souffrance comme un effet de la souffrance d'autrui.

Disposition complexe, qui peut me faire glisser à deuxattitudes opposées.

Si c'est sur la souffrance de l'autre que ma conscience met l'accent, je vais, m'oubliant relativement,assister l'autre.

Mais, si c'est à ma souffrance propre, née par contagion, que je suis surtout sensible, je m'appliquerai,pour ne plus souffrir, à ignorer le mal de l'autre, qui me fait mal ; j'irai à souhaiter la disparition d'autrui souffrant.

N'écrase-t-on pas par pitié une bestiole blessée ? b) Même dans le premier cas, un glissement dangereux est à craindre.

Je puis, dans la pitié, m'oublier au point de meconfondre avec autrui souffrant.

Mais de quel secours lui serai-je ? De quel réconfort, de quelle aide physique ouintellectuelle est capable celui qui se fond dans l'angoisse ou la détresse de l'autre ? Le chirurgien ne manie sûrement lebistouri que s'il reste lucide et froid devant son patient. c) La pitié peut encore devenir une curiosité perverse, un goût malsain pour la souffrance.

Souvent on est compatissantpour qui souffre, froid et dur pour les mêmes personnes quand, saines et heureuses, elles n'offrent plus d'aliment à cetappétit morbide pour la souffrance.

Bien des femmes se consacrent à des oeuvres de charité qui aiment non leur prochainen général, mais leur prochain souffrant. B) LA PITIÉ PRINCIPE D'INJUSTICE. a) Elle déséquilibre les sanctions, en ce qu'elle n'est sensible qu'au mal proche, actuel, perceptible, comme l'angoisse ducriminel devant ses juges ; elle est indifférente aux suites lointaines et invisibles de l'acte de faiblesse qu'elle inspire. b) Elle entretient souvent, notamment sous la forme de l'aumône, la paresse et le vice. C) LA PITIÉ NUISIBLE A SES PRÉTENDUS BÉNÉFICIAIRES. a) Elle ruine l'éducation, qui ne va pas sans contraintes.

On refuse à l'enfant qu'on a « gâté », qu'on n'a pas voulucontrarier dans sa paresse ou sa gourmandise, les fruits du travail et les habitudes qui commanderaient ses réussites : lesens de l'effort, l'aptitude à se plier sans froissements aux disciplines collectives. b) Elle entretient des plaies sociales.

La charité individuelle, courte, capricieuse, mal éclairée, permet à nombre demiséreux de vivre au jour le jour.

Elle dispense ainsi d'organiser sous la forme d'un droit une assistance qui ferait à sesbénéficiaires une vie moins précaire et plus digne. Conclusion. La pitié est souvent inique, parfois malfaisante, même pour ceux qu'elle paraît servir.

Elle est pourtant précieuse, en cequ'elle est une force réelle, un mobile efficace : on ne se dévoue pas par pure raison, on peut se dévouer par pitié.

Maiscette force doit être réglée par la réflexion ; ressort de l'action, elle ne doit pas la diriger.. »

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