Quelles sont les causes de l'inhumanité (de la barbarie) des hommes ?

Les « penseurs » se divisent tout de suite en trois catégories (qui naturellement se font la guerre sans parler des sous-groupements qui dans chaque catégorie cherchent à supprimer les autres) : ? I ? Ceux qui accusent la Société. Soit en partant du postulat de Rousseau (« l'homme naît bon, la société le corrompt »), soit en partant du postulat de Marx (« l'État est au service d'une classe dominante minoritaire qui réduit les masses en esclavage »), on met en accusation les institutions et l'on pense qu'en changeant les institutions on résoudra le problème du changement de l'humanité. Cette conception est obligée d'accepter les conséquences suivantes : il faut d'abord faire la guerre (ou la révolution, ou les deux), ensuite mettre en oeuvre une constitution parfaite, enfin éduquer les masses dans le bon sens en imposant d'abord une discipline de fer. ? II ? Ceux qui accusent les hommes. La nature humaine se révélerait pour les tenants de cette conception, comme « mauvaise » : il y aurait de 1' « animal » dans l'homme. Quoique le désaccord soit grand sur les racines de cette inhumanité (les uns passant leur temps à pourchasser la sexualité, les autres les différentes formes de l'égocentrisme ou des « instincts »), on peut dire en gros que la volonté de puissance, l'agressivité, l'instinct de territorialité seraient les facteurs fondamentaux de l'inhumanité. On pense qu'en changeant les hommes, on changera les sociétés. De là les mille et une formes de la prédication, les contenus idéologiques divers de ce qu'on appelait jadis 1' « évangélisation ». ? III ? Ceux qui s'en remettent au destin ou à des explications surnaturelles, les unes sont fatalistes pessimistes (« Satan conduit le bal »), d'autres fatalistes optimistes (« le Messie va venir et régnera mille ans »). Les luttes à mort recommencent d'ailleurs aussitôt pour décider quel sera ce Messie, s'il est déjà venu ou non, s'il est chinois ou américain, juif ou arabe.