Quelles différences établissez-vous entre percevoir, imaginer et concevoir ?

En effet, si le psychologue observe qu'on ne perçoit pas sans imaginer et sans concevoir, il ne discute pas la spécificité de la fonction perceptive et la caractérise, comme le vulgaire, par le rôle essentiel qu'y jouent le» sens.   C'est sur les caractères distinctifs de l'activité imaginative et de l'activité conceptuelle qu'il apporte des précisions. Seul celui qui perçoit a devant lui l'objet réel perçu. L'objet que nous, imaginons est toujours absent et le plus souvent irréel (car « imaginer » ne se dit guère que la fonction créatrice de l'imagination) ou même impossible : c'est leur impossibilité même qui fait le charme de certains contes de fée. Au contraire, nous ne concevons que le possible et le processus abstractif qui aboutit au concept consiste précisément à transformer le réel en possible : en effet, étant universel le concept peut être réalisé dans une infinité d'individus. il convient toutefois de le préciser, la possibilité en question est de l'ordre théorique et non de l'ordre pratique : elle consiste dans l'absence de contradiction, et « possible », dans ce cas, est synonyme de « pensable ». Au contraire, les constructions imaginatives, bien qu'elles impliquent, ainsi que nous l'avons dit, une certaine pensée, comportent parfois des éléments impensables. Inversement, d'ailleurs, il est des représentations conceptuelles tellement étrangères à l'expérience qui fournit ses matériaux à la fonction imaginative que l'objet qui leur correspond n'est pas imaginable : nous pouvons concevoir un espace à quatre dimensions mais non l'imaginer. Quant au fait perçu, il peut être si extraordinaire qu'il1 nous paraît d'abord inimaginable, mais l'imagination s'y adapte rapidement. Il n'en est pas de même de la pensée ou de la conception : nous ne pensons véritablement ou ne concevons un phénomène que lorsque nous connaissons sa nature et avons déterminé ses causes; concevoir, c'est savoir, comprendre et pouvoir expliquer.