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Quelles réflexions vous suggèrent ces considérations de Marcel Proust sur les rapports d'un écrivain avec le lecteur de son ouvrage ? « L'écrivain ne dit que par une habitude prise dans le langage insincère des préfaces et des dédicaces : « mon lecteur ». En réalité, chaque lecteur est, quand il lit, le propre lecteur de soi-même. L'ouvrage de l'écrivain n'est qu'une espèce d'instrument optique qu'il offre au lecteur afin de lui permettre de discerner ce que, sans ce livre, il n'eût pe

Publié le 20/02/2011

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proust

• Rapports entre un écrivain — son oeuvre — son lecteur. • Phrase qui pose le problème de la lecture. • Est-elle, d'après ces considérations de M. Proust : miroir qui permet de se voir = « espèce d'instrument optique « — et simplement de voir — ? • ou qui permet de se découvrir, en aidant à voir plus (et mieux) clair sur (et en) soi ? « à discerner ce que, sans ce livre, [on] n'eût peut-être pas vu en soi-même « ?

• Les rapports d'un écrivain, de son ouvrage, avec le lecteur qu'ils accueillent, variés, complexes, ne suggèrent-ils pas des réflexions diverses, nuancées, peut-être même contradictoires ?   

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« • Facilité..., que celle de retrouver le reflet de ses émotions ! Telle Pomme dans La Dentellière de Pascal Lainé quine retient dans ce qu'elle lit que les éléments sentimentaux et superficiels choisit des petits romans faciles.• Même si l'on fait un certain effort, n'y a-t-il pas complaisance à être « le propre lecteur de soi-même », i.e.

«mépriser le détail du texte au profit des vagues images qu'il fait lever dans l'inconscient ».

(Senninger) ?• C'est le contraire de se connaître, car au lieu de s'enrichir, c'est stagner en soi.• Forme de paresse d'esprit ou de laisser-aller : mollesse de l'âme.• Alors l'expression « mon lecteur » est bien plus vraie que simple « langage de [...] préfaces et de [...] dédicaces», car le lecteur est pris par l'écrivain et son ouvrage, là où il désire précisément se voir prendre : toute la partie delui-même que rebute l'effort intellectuel et critique réels — ne parlons pas de l'artistique : tant de lecteurs semblenttotalement ignorer qu'un livre digne de ce nom est oeuvre d'art ! II.

« Permettre de discerner ce que, sans ce livre, [le lecteur] n'eût peut-être pas vu en soi-même.

» • Mais la conception de M.

Proust ne considère pas le problème avec ce petit bout de la lorgnette qui apporte soitun savoir livresque sans jugement (cf.

Gargantua qui sait l'almanach à l'endroit et à l'envers D soit la projectionfacile des fantasmes du lecteur ; A/ • ...

il parle de « permettre » de « discerner en soi », ce qui sous-entend un certain nombre de qualitésindispensables mais austères chez un lecteur digne de ce nom : honnêteté intellectuelle.• Cf.

Socrate : « Connais-toi toi-même » ou Montaigne : «Je veux qu'on m'y voie (dans Les Essais) en ma façonsimple, naturelle et ordinaire.., car c'est moi que je peins.

» --- se juger.• Demande donc de faire table rase de ce qui entrave le jugement :— paresse et inquiétude sur soi ;— vanité ou orgueil.

Cf.

Montaigne : « L'homme est la plus faible des créatures et quant et quant la plusorgueilleuse » ;— idées toutes faites puisées chez autrui (milieu, habitudes, livres), préjugés, traditions ;— chauvinismes divers, intolérance.

Voir la leçon des « philosophes » du XVIIIe siècle qui luttent contre toutes cesentraves.Exigence.• Essayer de « discerner » ce qui est « en soi-même » est véritable discipline, presque ascèse.• Exige que l'on retourne aux sources,• que l'on n'accepte rien sans avoir au préalable vérifié.

Cf.

Descartes : ...« ne recevoir jamais aucune chose pourvraie que je ne la connusse évidemment être telle ; c'est-à-dire d'éviter sbigneusement la précipitation et laprévention, et de ne comprendre rien de plus en mes jugements que ce qui se présenterait si clairement et sidistinctement à mon esprit que je n'eusse aucune occasion de le mettre en doute ».

(1re règle de la méthode).

Cf.aussi Fontenelle qui réclame que l'on parte du fait.• # complètement du narcissisme, de la complaisance, de la facilité, car Approfondissement.• Difficulté de suivre la mouvance de notre esprit « c'est une épineuse entreprise que suivre une allure si vagabondeque celle de notre esprit, de pénétrer les profondeurs opaques de notre conscience et de ses replis internes, dechoisir et arrêter tant de menus avis de ces agitations » (Montaigne).• Donc ne jamais se contenter, toujours chercher plus ou autre chose et penser que la minute même qui vient des'écouler n'est plus la même déjà que celle qui suit.• « Se faire un effort » (Corneille).

Grandeur morale (Montesquieu dans ses Cahiers).• Art de revenir à soi-même, le seul à enseigner, disait Socrate (Platon : Le Banquet).• Il faut donc d'abord que le lecteur lui-même soit un « suffisant lecteur » (Montaigne), ce qui n'est pas le cas detout le monde, même et peut-être pas surtout du dévoreur de livres.• Être « plutôt un habile homme qu'un homme savant » (paradoxe : un certain savoir obstrue la lucidité) Montaigne.• Comme l'érudition tatillonne ne développe pas le jugement, de même l'abus de livres mal dominés risque d'entraverl'esprit critique.• Il s'agit de savoir garder donc sa liberté d'esprit, son audace et originalité intellectuelles.

Cf.

Montaigne et salecture de Sénèque. B/ • Dans de telles conditions, le livre « offre » bien au lecteur de qualité les éléments qui lui sont nécessaires pourcette découverte, plus l'approfondissement de lui-même.• Le parcours du lecteur est parallèle à celui du livre : « Je n'ai pas plus fait mon livre que mon livre [ne] m'a fait,livre consubstantiel à son auteur, d'une occupation propre, membre de ma vie, non d'une occupation et fin tierce etétrangère » (Montaigne).• Certes il s'agit ici d'un créateur.

Mais précisément un lecteur digne de ce nom crée en partie le livre qu'il lit carcelui-ci lui sert de point de départ.• Tremplin de sa pensée ; conceptions qui se façonnent à partir de celles de l'auteur.• Livre = instrument de recherche, de curiosité et de réflexion, non une forme d'autorité.• Ouvre les possibilités de dialogue, n'est pas un ensemble d'affirmations ; ex.

:— utilisation de Montaigne par Pascal ; même base : la faiblesse de l'homme, de son imagination, de sa coutume (les. »

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