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Quels sont les obstacles à la recherche de la vérité ?

Publié le 27/02/2005

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III - Science et psychanalyse             Voilà, pour les traits les plus saillants, les obstacles épistémologiques que l'on peut retenir. Or, pour Bachelard, déceler de tels obstacles, c'est contribuer à fonder les rudiments d'une psychanalyse de la raison. En effet, il s'agit de débarrasser la raison d'un certain nombre d'images, de rêveries, liées aux éléments et à la nature, afin de rationaliser l'expérience et de garantir son objectivité.             L'idée est donc bien que les obstacles sont une projection de l'esprit sur les choses : une projection de ses désirs et de ses pulsions. Bachelard prend l'exemple de la libido et de son interférence avec les expériences préscientifiques : on se figure alors que certains métaux sont masculins, d'autres féminins et qu'il faut plutôt procéder à tel ou tel alliage. Ce genre d'idées masque la nature de l'expérience scientifique elle-même. Pour la retrouver, l'esprit doit alors abandonner ses pulsions au seuil du laboratoire.             L'explosion que nous évoquions en première partie pousse un esprit imaginatif à la mettre en relation avec l'ensemble des phénomènes naturels. Or, l'esprit scientifique ne doit y voir qu'une réaction chimique particulière. L'esprit psychanalysé, scientifique, est donc celui qui isole les phénomènes, les traite selon un mode abstrait et objectif.

L’idée d’obstacle épistémologique a connu de longs et intéressants développements dans un ouvrage de Gaston Bachelard : La formation de l’esprit scientifique. Pour ce philosophe, la formation de l’esprit scientifique consiste à surmonter un certain nombre d’obstacles épistémologiques, permettant ainsi de passer de l’esprit préscientifique à l’esprit scientifique lui-même, pleinement objectif et rationnel.

Objectif et rationnel, puisque le propre de l’esprit préscientifique consiste à se laisser aller aux pulsions inconscientes qui travaillent la connaissance objective. En d’autres termes, il s’agit de psychanalyser l’esprit humain, afin qu’il se rende compte de tous les désirs dont il investit l’objet de ses recherches. Nous allons brosser à grands traits le parcours de l’ouvrage afin de clarifier ces idées, notamment par l’évocation d’exemples précis.

 

« L'explosion que nous évoquions en première partie pousse un esprit imaginatif à la mettre en relation avecl'ensemble des phénomènes naturels.

Or, l'esprit scientifique ne doit y voir qu'une réaction chimique particulière.L'esprit psychanalysé, scientifique, est donc celui qui isole les phénomènes, les traite selon un mode abstrait etobjectif.

L'esprit scientifique cherche à faire varier les expériences, tandis que l'esprit préscientifique cherche lavariété, c'est-à-dire tout un cortège de situations cocasses et excitantes.

En ce sens, la rationalité est aride etsèche, mais c'est le seul moyen qu'elle a de surmonter les obstacles épistémologiques, qui ne sont que la projectionde son inconscient. Conclusion : Ainsi, le propos de Bachelard est extrêmement intéressant, puisqu'il prend appui sur la méthodepsychanalytique, montrant comment les obstacles au progrès de l'esprit se trouvent produits par l'esprit lui-même.Prenons, en guise de conclusion, deux exemples.

Voici d'abord ce qu'écrit un auteur préscientifique se laissant allerà ses rêveries, faisant de la dilatation la cause de remarques aberrantes puis le principe de l'univers : « Puisque le feu dilate tous les corps, puisque son absence les contracte, les corps doivent être plus dilatés le jour que la nuit, les maisons plus hautes, les hommes plus grands, etc.

ainsi tout est dans la Nature dans deperpétuelles oscillations de contraction et de dilatation, qui entretiennent le mouvement et la vie dans l'Univers ». À l'inverse, au 19 ème siècle, Georg Ohm rend compte des différents conducteurs électriques en formant le concept abstrait de résistance, qui n'a rien à voir avec des qualités sensibles (le fait que l'électricité soit une glu,par exemple), mais qui renvoie à la formulation précise d'une loi chargée d'expliquer des phénomènes précis et isolés. SUPPLEMENT: LA NOTION D'« OBSTACLE EPISTEMOLOGIQUE » (BACHELARD) Penser contre une connaissance antérieure.• « C'est en termes d'obstacles qu'il faut poser le problème de la connaissance scientifique », disait Bachelard (LaFormation de l'esprit scientifique, 1938).• On connaît contre une connaissance antérieure, en détruisant des connaissances mal faites » (Ibid.)«• « L'esprit scientifique doit se former en se réformant » (Ibid.). Penser contre l'expérience première.« Dans la formation d'un esprit scientifique, dit aussi Bachelard, le premier obstacle, c'est l'expérience première.

»(La Formation de l'esprit scientifique, 1938).

Ce qui entrave la pensée scientifique contemporaine, au moins dans satâche d'enseignement, c'est un « attachement aux intuitions usuelles », c'est l'« expérience commune prise dansnotre ordre de grandeur » (Ibid.).De nos jours, ni la microphysique ni l'astrophysique ne peuvent donner droit de cité à des concepts pourtant «évidents » aux yeux du sens commun : invariance de la masse, tridimensionnalité de l'espace, etc. Prudence expérimentale ou sensualisme. a) Qualités premières et qualités secondes.• Descartes (1596/1650), suivi par Locke (1632/1704) sur ce point.

soulignait la différence entre qualités premièreset qualités secondes ( la terminologie est celle de Locke, mais la distinction se trouve déjà chez Descartes).

Lesqualités premières d'un objet (sa forme, par exemple) sont celles dont la perception que nous en avons correspond àune qualité réelle de l'objet; les qualités secondes (couleur, chaleur, etc.) sont, elles, une traduction dans notreesprit de certaines propriétés de l'objet.

Les sensations ne sont pas nécessairement conformées à la ressemblancedes objets réels, affirment donc ces philosophes (par ex., la plupart des animaux ne perçoivent pas les différencesd'intensités lumineuses sous forme de couleurs : le bleu du ciel n'existerait pas sans un spectateur dont l'œil traduitl'intensité lumineuse en couleurs). Descartes écrit même : « aucune idées des choses ne nous sont représentées par eux (= nos sens) telles que nousles formons par la pensée » (Notas in programma, 1647). b) Le sensualisme.Un sensualisme intégral aboutirait, en fin de compte, au phénoménisme, c'est-à-dire à des aberrations du genre decelles qu'on a attribuées à Épicure (nr s.

av.

J.-C.

) : celui-ci aurait soutenu que la taille du Soleil doit être du mêmeordre que celle de son image sensible ! N.B.

: Quant aux objets qu'étudie la microphysique contemporaine (atomes, particules infra-atomiques, etc.)—parce qu'ils sont inobservables directement, il va de soi que leur étude ne saurait dériver de l'expérience sensibleimmédiate.

L'expérience ne vient jamais, dans ce domaine, que confirmer un effet prévu par le calcul.

(Cf.

la formulede Bachelard : « Il faut réfléchir pour mesurer et non pas mesurer pour réfléchir» (La Formation de l'espritscientifique, 1938). LISEZ !. »

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