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ce qui doit servir de règle quand nous disions que toutes nos lois devaient se régler sur une chose unique, correctement nommée : vertu, nous en convenions.

Publié le 22/10/2012

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ce qui doit servir de règle quand nous disions que toutes nos lois devaient se régler sur une chose unique, correctement nommée : vertu, nous en convenions. — É. Oui. — C. Or cette vertu nous la concevions comme quadruple. — É. Parfaitement. — C. À toutes nous donnions l'intelligence pour guide ; c'est sur elle que toutes doivent se régler, spécialement les trois autres. — É. Tu suis à merveille, Clinias, continue : Nous faisions de l'intelligence le pilote, le médecin et le général à l'égard de cette chose unique sur laquelle il faut se régler ; maintenant que nous en sommes venus à en faire le chef politique, adressons-nous à elle comme s'il s'agissait de l'homme : « Et vous, Excellence, sur quoi vous réglez-vous ? que peut bien être cette chose unique que l'intelligence médicale peut clairement désigner, alors que, vous, qui vous prétendez supérieure à tous les gens avisés, vous seriez incapable de l'énoncer ? « Est-ce vous, Mégille et Clinias, qui pourrez m'en faire à sa place l'analyse et me la définir, à la façon dont il m'est souvent arrivé de me substituer à autrui pour vous proposer des définitions ? — C. Nous en sommes bien incapables, Étranger. — É. Quelle est donc cette chose qu'il faut s'appliquer à considérer à la fois en elle-même et dans le multiple où elle se manifeste ? — C. Quel multiple veux-tu dire, par exemple ? — É. Par exemple, quand nous disions qu'il y a quatre espèces de vertus, il est évident qu'il faut que nous disions que chacune est une, puisqu'elles sont quatre. — C. Bien sûr. — É. Et pourtant, c'est un nom unique que nous attribuons à toutes : du courage nous disons qu'il est vertu, de la sagesse qu'elle est vertu, et ainsi des deux autres, comme si réellement elles n'étaient pas multiples, mais cette chose unique : la vertu. — C. Absolument. — É. Or en quoi diffèrent les deux premières et pourquoi elles ont reçu deux noms, ainsi que les deux autres, il n'y a aucune difficulté à le dire ; mais pourquoi nous leur avons donné à toutes deux, ainsi qu'aux autres, l'unique dénomination de vertu, voilà qui devient difficile. — C. Que veux-tu dire ? — É. Ce que je veux dire, il est bien facile de le mettre en évidence. Distribuons entre nous la demande et la réponse. — C. De nouveau, qu'entends-tu par là ? — É. Demande-moi pourquoi, tout en les qualifiant toutes les deux identiquement de vertu, nous les distinguons cependant en appelant l'une, courage et l'autre, sagesse. Car je t'en dirai la raison : c'est que l'une, le courage, concerne la crainte, et même les bêtes y ont part ainsi que les caractères des tout jeunes enfants ; car, en l'absence de la raison et par nature, une âme naît courageuse, alors qu'au contraire, en l'absence de la raison, il n'y a jamais eu, il n'y a et il n'y aura jamais d'âme douée de sagesse et d'intelligence, ce qui prouve que c'est là autre chose que le courage. — C. Tu dis vrai. — É. Ainsi donc la raison pour laquelle elles diffèrent et font deux, mon argument vient de te l'apprendre ; à ton tour de me dire en quoi elles sont une seule et même chose. Considère aussi que tu vas me dire comment, tout en étant quatre, elles sont une, et après m'en avoir montré l'unité, demande-moi à mon tour comment elles sont quatre. Après quoi, voici ce que nous examinerons : pour avoir une connaissance suffisante de quoi que ce soit qui possède un nom et qui possède en outre une définition, suffit-il de savoir le nom alors qu'on ignore la définition, ou bien n'est-ce pas une honte d'ignorer tout cela lorsqu'on est quelqu'un et qu'il s'agit des choses aussi éminentes en valeur et en beauté ? ... Mais ne disions-nous pas que l'artisan et le gardien des lois émérites en tous points se devaient non seulement d'être capables de prendre en considération le multiple, mais aussi de se hâter de connaître l'un, et dès qu'ils le connaissent d'y ordonner synoptiquement tout le multiple ? — C. C'est juste. — É. Est-il possible qu'il existe pour quiconque et sur quelque objet que ce soit une méthode permettant l'examen et l'intuition plus exacte que celle qui consiste à se montrer capable, en partant du multiple et de sa diversité de diriger le regard vers une Forme unique ? — C. Peut-être as-tu raison. — É. Non pas peut-être, mais à coup sûr, mon cher, il n'existe pour personne de méthode plus évidente que celle-là... Il semble donc qu'il faille obliger les gardiens de notre divine constitution à commencer par discerner exactement ce qui se trouve être identique dans ces quatre valeurs, l'unité que nous impliquons dans le courage, la tempérance, la justice et la prudence, lorsque nous prétendons qu'il est légitime de les désigner par le nom unique de vertu. Lois XII, 963a-965d

« DU DIALOGUE A LA DIALECTIQUE 141 que je veux dire, il est bien facile de le mettre en évidence.

Distribuons entre nous la demande et la réponse.

-C.

De nouveau, qu'entends-tu par là ? - É.

Demande-moi pourquoi, tout en les qualifiant toutes les deux identiquement de vertu, nous les dis­ tinguons cependant en appelant 1 'une, courage et l'autre, sagesse.

Car je t'en dirai la raison : c'est que l'une, le courage, concerne la crainte, et même les bêtes y ont part ainsi que les caractères des tout jeunes enfants ; car, en l'absence de la raison et par nature, une âme naît courageuse, alors qu'au contraire, en l'absence de la raison, il n'y a jamais eu, il n'y a et il n'y aura jamais d'âme douée de sagesse et d'intelli­ gence, ce qui prouve que c'est là autre chose que le courage.- C.

Tu dis vrai.- É.

Ainsi donc la raison pour laquelle elles diffèrent et font deux, mon argu­ ment vient de te l'apprendre; à ton tour de me dire en quoi elles sont une seule et même chose.

Considère aussi que tu vas me dire comment, tout en étant quatre, elles sont une, et après m'en avoir montré l'unité, demande-moi à mon tour comment elles sont quatre.

Après quoi, voici ce que nous examinerons : pour avoir une connaissance suffisante de quoi que ce soit qui possède un nom et qui possède en outre une définition, suffit-il de savoir le nom alors qu'on ignore la définition, ou bien n'est-ce pas une honte d'ignorer tout cela lorsqu'on est quelqu'un et qu'il s'agit des choses aussi éminentes en valeur et en beauté ? ...

...

Mais ne disions-nous pas que l'artisan et le gar­ dien des lois émérites en tous points se devaient non seulement d'être capables de prendre en considération le multiple, mais aussi de se hâter de connaître l'un, et dès qu'ils le connaissent d'y ordonner synoptiquement tout le multiple? - C.

C'est juste.

- É.

Est-il pos­ sible qu'il existe pour quiconque et sur quelque objet que ce soit une méthode permettant l'examen et l'intuition plus exacte que celle qui consiste à se mon­ trer capable, en partant du multiple et de sa diversité de diriger le regard vers une Forme unique ? - C.

Peut-être as-tu raison.

-É.

Non pas peut-être, mais à. »

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