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Qui était Gaston BACHELARD ?

Publié le 26/03/2009

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bachelard

La vie de Gaston Bachelard est à la mesure d'une personnalité hors du commun. Commis des postes, répétiteur de collège, G. Bachelard passe une licence de philosophie et de mathématiques et enseigne la physique au collège de Bar-sur Aube. Son premier ouvrage publié à l'âge de 44 ans — Essai sur la connaissance approchée (1928) —, le révèle au monde universitaire. Entré dans l'enseignement supérieur (1930), il devient professeur de lettres à Dijon puis d'histoire et de philosophie des sciences. Il enseigne de 1940 à 1950 à la Sorbonne.  Son œuvre s'articule autour de deux thèmes : une épistémologie et une poétique.

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« Une carrière originale Né à Bar-sur-Aube en 1884, fils d'un marchand de journaux et de tabac, Gaston Bachelard, commis des postes pendant dix ans, mènesimultanément des études à la faculté des sciences de Paris.

Il obtient, en 1912, une licence de mathématiques.

Après la guerre, ilenseigne la physique et la chimie au collège de Bar-sur-Aube.

Il découvre la philosophie et brûle les étapes : licencié de philosophie en1920, agrégé en 1922 et docteur ès lettres en 1927, il devient professeur à la faculté de lettres de Dijon (1930), puis occupe, de 1940 à1954, la chaire d'histoire et de philosophie des sciences de la Sorbonne.

Il meurt à Paris, en 1962.Gaston Bachelard s'est constamment attaché à la découverte scientifique et à la création poétique : d'une part, il a étudié la philosophiede l'esprit scientifique et, d'autre part, il a réfléchi sur l'homme imaginant.

Citons, dans le premier domaine : Le Nouvel Esprit scientifique(1934), La Formation de l'esprit scientifique (1938), La Philosophie du non (1940), Le Rationalisme appliqué (1949), L'Activité rationalistede la physique contemporaine (1951), etc.

Dans le second volet, il faut noter : La Psychanalyse du feu (1938), L'Eau et les Rêves (1942),La Terre et les Rêveries du repos (1946), La Terre et les Rêveries de la volonté (1948), etc.S'étant formé tardivement, hors des circuits classiques, sensible à l'importance du rêve et de l'imagination dans la création, Bachelardn'est pas enfermé dans de rigides modèles : il examine avec un esprit libre et critique les dogmes de son temps.

Bachelard est un rebellequi attaque avec virulence les philosophes, absents volontaires du mouvement des idées scientifiques, combat l'empirisme, l'idéalisme, lepositivisme, récuse le dogme classique du progrès continu de la science, inscrit la science dans le milieu social.« Il faut à la pensée scientifique une réalité sociale, l'assentiment d'une cité physicienne et mathématicienne » (Bachelard, LeRationalisme appliqué, PUF, p.

6).Surtout, il tue l'illusion philosophique de la raison absolue : « Rien ne peut légitimer un rationalisme absolu, invariable, définitif » (Bachelard, La Philosophie du non, PUF, p.

42). La démarche critique de Bachelard en fait le précurseur de nombreux aspects de l'épistémologie contemporaine. Philosophie de l'esprit scientifique Dans le domaine scientifique, Bachelard a procédé à une analyse des conditions de la connaissance : il découvre une difficile conquêtecontre l'esprit lui-même et les obstacles qui lui sont inhérents, mais aussi la progression discontinue du savoir contraint de se remettresans cesse en question par la dialectique du rationnel et de l'expérimental.

Dans un espace d'erreurs, le savant cherche quelque chose deplus vrai : pour Bachelard, la vérité procède d'une « longue erreur rectifiée ».

Parce qu'il doit alors dire non à ce qui est reconnu jusque-là,il provoque des ruptures dans la pensée scientifique.Le savoir ne progresse donc pas de manière continue.

Il connaît des ruptures épistémologiques, qui se traduisent par des changementsde méthodes et de concepts.

Ainsi, Bachelard met-il en évidence, dans le Discours préliminaire de La Formation de l'esprit scientifique,trois périodes de la pensée scientifique : la première, représentant l'état pré-scientifique, contient l'Antiquité et les XVIe, XVIIe et XVIIIesiècles ; la deuxième, l'état scientifique, commence à la fin du XVIIIe siècle et s'étend jusqu'au début du XXe siècle ; enfin, la troisième,le nouvel esprit scientifique, commence en 1905, avec la relativité einsteinienne.

Cette dernière période se caractérise par son abstractionet son sens de la complexité (par opposition aux « natures simples » de Descartes).

Chaque fois se manifeste une ruptureméthodologique.

Pour Bachelard, l'esprit scientifique se constitue comme un ensemble d'erreurs rectifiées.Mais comment comprendre les conditions de cette connaissance évolutive et dynamique ? Il faut, pour cela, raisonner en termesd'obstacles épistémologiques, entraves inhérentes au savoir lui-même et non point extérieures à lui.

Ainsi la spontanéité immédiate etles données inconscientes constituent-elles autant d'obstacles qu'il nous faut déchiffrer et psychanalyser.

Une psychanalyse de l'espritscientifique est ici requise pour dépister les valeurs inconscientes inscrites dans le savoir, afin de les mettre au jour et d'annihiler leurseffets néfastes. « La raison [...] doit obéir à la science.

La géométrie, la physique, l'arithmétique sont des sciences ; la doctrine traditionnelle d'une raisonabsolue et immuable n'est qu'une philosophie.

C'est une philosophie périmée » (Bachelard, La Philosophie du non, PUF, p.

145). Bachelard crée ainsi le rationalisme appliqué, un rationalisme dynamique et créateur, qui rejette tout caractère absolu : la raisonbachelardienne évolue et agit.S'il faut psychanalyser notre raison scientifique, il s'ensuit qu'elle ne doit plus être considérée comme un Absolu, mais bien comme uneactivité plastique permettant de distinguer le vrai du faux.

Avec Bachelard, la raison descend de son piédestal : le dialogue avecl'expérience la forme et l'informe.

Dès lors, c'est l'idée d'un rationalisme appliqué qui lev lent centrale : il désigne le centre actif oùs'échangent les vérités de raison et celles d'expérience.

À la raison de s'appliquer au réel et de dialoguer avec lui. En toute sa recherche, Bachelard s'est efforcé de définir l'esprit scientifique : c'est le sens du problème qui donne la marque du véritableesprit scientifique.

Pour un esprit scientifique, toute connaissance est une réponse à un problème judicieusement posé. L'imaginaire La pensée de Bachelard se déploie aussi dans un autre registre, d'ailleurs très fortement lié, chez lui, au domaine scientifique : celui de laphilosophie de la création artistique.

Les références aux rêves et à l'imagination du savant sont fréquentes dans ses oeuvres scientifiques,bien qu'il s'agisse, généralement, de les combattre parce que fondant nombre d'obstacles épistémologiques.Pour Bachelard, il existe une imagination authentiquement créatrice, indépendante de l'imagination classique, déterminée par laperception des images du réel : dans la seconde, les choses sont vues d'abord, ensuite l'imagination combine.

Bien au contraire, ce sontlà deux activités rigoureusement antithétiques.

Imaginer, c'est mettre à distance le réel, s'absenter, s'enfoncer ailleurs.

Aussi faut-ildistinguer l'authentique imagination créatrice de l'imagination reproductrice :« L'imagination créatrice a de tout autres fonctions que celles de l'imagination reproductrice.

Elle appartient à cette fonction de l'irréel quiest psychiquement aussi utile à la fonction du réel si souvent évoquée par les psychologues pour caractériser l'adaptation d'un esprit àune réalité estampillée par les valeurs sociales.

Précisément, cette fonction de l'irréel retrouvera les valeurs de solitude » (Bachelard, LaTerre et les Rêveries de la volonté, Ed.

José Corti, p.

3).Certes, c'est dans le domaine de l'art que cette imagination se déploie pleinement, mais ne doit-on pas la prendre en compte, tout ens'en méfiant, dans le champ de la science ? Conclusion La critique de Bachelard s'inscrit parfaitement dans ce mouvement général du xxe siècle, où tout plonge dans le relatif.

Il participe à laruine de nombre d'absolus sur lesquels se sont développés les siècles précédents : raison et déterminisme universels et absolus, progrèscontinu et irrésistible, etc., autant d'idoles abattues.

En soulignant la complexité des notions et idées scientifiques, il dessine déjà toutenotre épistémologique actuelle.. »

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