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Qui était Thomas KUHN ?

Publié le 26/03/2009

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Philosophe et historien des sciences, américain, Thomas S. Kuhn, qui a enseigné dans les universités les plus prestigieuses de son pays, exerce actuellement au Massachussetts Institute of Technology à Cambridge. Son œuvre d'historien des sciences (sur la révolution copernicienne ou la physique quantique) est relativement méconnue, éclipsée par un essai publié en 1962 : La structure des révolutions scientifiques, qui eut un retentissement international. Kuhn, en effet, devait avec cette œuvre réveiller la recherche épistémologique que Popper avait plongée depuis 1934 dans un sécurisant sommeil dogmatique (cf. La logique de la découverte scientifique).

« L'Américain Thomas Kuhn (1922-1996), d'abord étudiant en physique, devient historien et philosophe des sciencesen 1947.

Il conçoit alors son ouvrage principal, La Structure des révolutions scientifiques, qui sera publié en 1962.Professeur d'histoire des sciences à partir de 1961, il enseigne au Massachusset Institute of Technology (M.I.T) de1979 à 1983.

Thomas Kuhn souligne particulièrement l'importance du concept de communauté scientifique d'unepart, de révolution scientifique d'autre part.Il rompt ainsi avec deux idées qui ont longtemps eu cours : le caractère individuel des découvertes scientifiques etle progrès scientifique par accumulation des connaissances.C'est toute la communauté scientifique qui permet le travail scientifique dont elle est le juge collectif des résultats.Cette communauté est conservatrice : elle vit sur un paradigme, un ensemble de « découvertes scientifiquesuniversellement reconnues qui, pour un temps, fournissent à une communauté de chercheurs des problèmes typeset des solutions » (Kuhn, La Structure des révolutions scientifiques), un modèle général fondamental, par exemple lamécanique newtonienne, qu'elle développe, sans vouloir interroger ou questionner les fondements de ce modèle.

Unsavant plus lucide découvre-t-il les failles de la théorie régnante et propose-t-il un modèle différent ? Il est ignoréde la communauté, tant que le paradigme utilisé satisfait les besoins généraux et convient aux habitudes de travail.Un fait vient-il contredire cette théorie régnante ? On l'adapte localement pour en tenir compte.

Ainsi, Aristarque deSamos, au Hf siècle av.

J.-C., devança-t-il Copernic, mais son système héliocentrique n'eut aucun succès, lemodèle géocentrique dû à Ptolémée, qui satisfaisait pleinement les besoins (et l'orgueil anthropocentrique deshommes), ne présentant apparemment, tout au moins au début, aucune lacune.

Kuhn baptise science normale cetteforme cristallisée et courante du travail scientifique, qui s'appuie sur des manuels et des cours.La communauté scientifique vit donc sur un paradigme jusqu'à ce que qu'elle découvre des faits de plus en plusnombreux qui lui échappent, et qu'aucune adaptation de la théorie ne permet d'expliquer.

Alors se produit unerupture : un nouveau paradigme se fait alors jour, en général fruit des idées d'un seul individu, paradigme fondé surdes principes différents du modèle courant.

Ainsi, lorsque le système de Ptolémée finit par aboutir à un état de criseengendré par les résultats de plus en plus approximatifs et imparfaits des mesures astronomiques, le paradigmehéliocentrique de Copernic lui succède, car il apporte des réponses satisfaisantes aux faits constatés.

De même, lesthéories relativistes d'Einstein permettent-elles d'expliquer des faits nouveaux, incompréhensibles dans la théorienewtonienne, par exemple l'impossibilité, expérimentalement vérifiée, de dépasser la vitesse de la lumière dans levide.

Ainsi la science extraordinaire, et non plus normale et cumulative, apparaît : elle procède en changeant deparadigme pour résoudre une crise apparue dans l'ancien modèle.La crise représente ainsi le prélude permettant la constitution d'un nouveau modèle et la reconstruction de tout unsecteur (ici, dans nos deux exemples, la vision de l'univers) sur de nouveaux fondements.

Kuhn est dès lors enmesure de définir une révolution scientifique, comme passage d'un ancien à un nouveau paradigme, passageirréductible à un épisode cumulatif de développement.

Surgit, avec Kuhn, une image inédite de la science,discontinue, riche de ruptures et de crises :« Que sont les révolutions scientifiques et quelle est leur fonction dans le développement de la science ? [...] lesrévolutions scientifiques sont ici considérées comme les épisodes non cumulatifs de développement, dans lesquelsun paradigme plus ancien est remplacé, en totalité ou en partie, par un nouveau paradigme incompatible » (T.

Kuhn,La Structure des révolutions scientifiques, Flammarion, Champs, p.

133).Un million d'exemplaires : le tirage de La Structure des révolutions scientifiques montre l'immense influence qu'eurentles idées de Kuhn, non seulement dans le milieu scientifique, mais aussi chez les économistes, les historiens, lessociologues, etc.. »

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