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Qu'est-ce qui se joue pour l'homme dans le travail ?

Publié le 05/09/2004

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Hegel le prophétisait déjà en quelque sorte : « enfin l'abstraction de la production fait le travail toujours plus mécanique et à la fin, il est possible que l'homme en soit exclu et que la machine remplace l'homme « ( « PPD « $198). Le ver était donc déjà dans le fruit : tout en permettant d'un côté à l'homme de devenir lui-même en rusant avec la nature, la technique semble aussi être ce qui risque de se réapproprier la notion de travail en en excluant l'homme.Est-ce, finalement, si grave ? Le début du XX ième ressentait le développement du machinisme et la rationalisation du travail comme des chances pour l'homme, et ce, dans une perspective qui n'était pas toujours hypocrite et cynique. Les hommes privés de travail n'en sont-ils pas pour autant des hommes ? N'y a-t-il pas finalement lieu de rêver d'une organisation du travail qui les libère de ce qu'ils ont toujours vécu comme une contrainte ?3)     Travail et finalité Le noeud de la question est finalement de savoir si le travail porte sur la production d'un objet qui lui soit extérieur, ou s'il porte sur lui-même. Le travail est-il un moyen ou une fin en soi ?         Le travail est d'abord un moyen de ne plus travailler, comme si finalement la finalité du travail était de se supprimer : après tout, c'est en effet bien souvent l'idée de l'arrivée du week-end qui nous fait supporter les semaines ouvrées. Rousseau, par exemple, dans son « Essai sur l'origine des langues «, se fait le défenseur de cette idée : « Si l'on y regardait bien, l'on verrait que, même parmi nous, c'est pour parvenir au repos que chacun travaille : c'est  encore la paresse qui nous rend laborieux «.

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« un besoin naturel ou à un besoin culturel, c'est son sens même qui s'en trouvera changé.

Si le travail ne répond qu'à un besoin naturel,alors le travail est une malédiction qui ne peut surgir que si la nature devient insuffisamment prodigue, ou si, ce qui revient au même ,l'organisation sociale prive certains de ses bienfaits : et Rousseau disait, dans le « Discours sur l'origine et le fondement de l'inégalité parmi les hommes » : « vous êtes perdus si vous oubliez que les fruits sont à tous et que la terre n'est à personne ».

Le travail se voit chez Rousseau dénoncé comme un trait culturel, alors que c'est précisément en tant que passage à la culture que Hegel en fera le moment de la libération.

Le travail est donc bien un passage de la nature à la culture, qu'il faille, comme Rousseau , s'en plaindre, ou, comme Hegel , s'en féliciter.

De nouveau ici se manifeste un lien entre les notions de travail et de technique : la technique en effet peut être comprise, onle verra plus tard, comme une création de besoins artificiels.

Mais n'anticipons pas, et retenons pour l'instant l'idée que le travail assumele besoin naturel en l'incarnant comme besoin culturel. ¨ Deuxième socle : l'idée de liberté.

Si, en effet aux yeux de Hegel le travail ne s'en tient pas au besoin naturel, c'est que s'il en restait là il ne serait pas libérateur : « le besoin naturel , explique Hegel plus loin dans ce même paragraphe 194 des « Principes de la philosophie du droit », et sa satisfaction immédiate ne seraient que l'état de la spiritualité enfoncée dans la nature, et, par conséquent, l'état de sauvagerie et de non-liberté ».

Cette libération que toute l'analyse hégélienne veut proclamer se comprend en termes de différenciation et de spécification : en rendant conscients les besoins et en faisant intervenir des moyens techniques de les satisfaire, l'homme se distinguede la nature et conquiert par là sa liberté.

Quitte à aller contre nos habitudes de pensée, qui voient dans tout travail une corvéeemprisonnante, on peut donc définir ici le travail comme le lieu d'une médiation qui libère, et comme ce par quoi l'homme devient lui-même : Marx reconnaîtra à Hegel , le mérite d'avoir saisi « l'essence du travail » et « l'homme objectif, véritable parce que réel, comme le résultat de son propre travail ».

Le travail n'est plus seulement libérateur : il est littéralement la production de l'homme par lui-même. 2) Travail et liberté. Prétendre ainsi que le travail libère, c'est se placer dans une perspective proprement humaine, qui consiste à mettre l'accent sur ce que le travailleur retire de son travail plutôt que sur le produit lui-même de son travail.Cette prise de position ne va pas de soi, parce qu'après tout le mot « travail » renvoie apparemment de façon indistincte à l'activité et au résultat de cette activité.

Le mot « travail » en français confond donc l'activité et le résultat, que les deux substantifs anglais « labour » et « work » distinguent.

Toute la question ici est bien de savoir jusqu'à quel point on peut appeler « travail » une activité qui n'a pas de résultat visible, comme par exemple l'entraînement d'un athlète ou d'un gymnaste : pour pouvoir dire que le gymnaste travaille, il faut que lanotion ne soit pas réductible au résultat, même si la perspective du résultat n'est jamais radicalement absente.Donc, tant que l'on prend le mot travail au sens de l'activité distincte du résultat, il est possible de maintenir laposition selon laquelle le travail est humain et libérateur.

Cette perspective est-elle pourtant longtempstenable ? Tout l'effort de la pensée de Marx , se focalise sur cette question.

Au début du « Capital », et dans la lignée de l'optique hégélienne, Marx définit le travail en marquant la spécificité humaine de la notion, et en défendant cet aspect.

La spécificité du travail, c'est de renvoyer à l'homme, parceque les activités animales en sont fondamentalement différentes : « ce qui distingue dès l'abord le plus mauvais architecte de l'abeille la plusexperte, c'est qu'il a construit la cellule dans sa tête avant de laconstruire dans sa ruche », explique Marx .

Il s'agit donc d'une activité consciente et réfléchie, qui présuppose une capacité à se représenter desfins.

Par le travail, l'homme extériorise ces fins, qui sont aussi les siennes :reprenant l'analyse de Hegel , Marx conclut que l'homme se produit lui- même, qu'il est le résultat de son travail, au sens où, pris dans la sphèredes besoins naturels, l'homme conquiert son autonomie par son travail, enrusant la nature par l'intermédiaire de l'outil.

Le travail est donc aussifondamentalement technique : c'est l'évolution de l'outil qui est le signede l ‘évolution du travail.

Tant que ce sens de la notion prévaut, le travailreste ce par quoi l'homme se libère des besoins.

Mais qu'à l'outil vienne sesubstituer la machine, et cette humanité du travail peut être remise encause si on comprend le travail comme englué dans une certaine réalité,celle de son organisation.

Tel est le problème de Marx : il faut montrer comment le travail, proprement humain en lui-même, peut perdre cettehumanité dans l'organisation capitaliste du travail. Le « travail social » est le travail considéré par Marx dans le cadre de cette organisation.

Ce à quoi renvoie l'expression, c'est la division dutravail, à savoir la répartition des tâches telle que l'organise une économie avancée.

Ce contexte social expliqueque le travail, de concret, devienne abstrait, et, de libérateur, devienne aliénant.

L'aliénation, c'est ladépossession du caractère humain du travail.

En quoi alors le travailleur est-il aliéné ? Dans la division du travail, le travailleur n'est plus qu'un salarié, il n'est plus qu'une marchandise qu'on achète ; son travail ajoute à ce qu'il travaille une valeur ajoutée, que le capitaliste divise entre son profit et lesalaire de l'employé.

Le travailleur est acheté, et il est donc aliéné ici en un premier sens : il est obligé de sevendre s'il veut survivre : « On trouve sur le marché un groupe d'acheteurs (capitalistes), et de l'autre côté un groupe de vendeurs n'ayant rien à vendre que leur propre force de travail », explique Marx .

Comme le travailleur est dépossédé des moyens de production, il ne vend pas son travail mais sa force de travail, cad unemarchandise évaluable.

Le salaire, et c'est là la seconde aliénation, ne rétribue pas la valeur du travail mais la. »

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