Qu'est-ce qui s'opposer au progrès des sciences ?
Publié le 11/05/2012
Extrait du document
Alors que l'on répète volontiers que le monde contemporain est dominé par les sciences, on peut donc constater qu'une telle affirmation est purement idéologique : s’il y a des obstacles au progrès des sciences, c'est parce que celles-ci ne sont pas entièrement libres dans leurs démarches, mais demeurent nécessairement liées aux autres aspects (politiques, idéologiques, économiques) des sociétés où elles se font.
— Lectures
• Bachelard. La Philosophie du non
• Thuillier. Le Petit savant illustré
• Lecourt. Lyssenko
— Autres sujets
- Peut-on dire que la science fait surgir de nouveaux problèmes philosophiques (A. 1982)
- Que pensez-vous de cette remarque de Paul Valéry : « Il fallait être Newton pour s'apercevoir que la lune tombe alors que tout le monde voit bien qu'elle ne tombe pas » ? (CDE. 1980)
- Les mathématiques sont-elles un instrument, un langage ou un modèle pour les autres sciences ? (CDE. 1983)
...
«
sans difficulté.
Il est donc tout à fait justifié de s'interroger sur ce qui vient ainsi
freiner leur progrès.
• Bachelard.
mais cette fois dans La Philosophie du non et non plus dans La
Formation de l'esprit scientifique, a également étudié la façon dont une discipline
scientifique, une fois constituée, a éventuellement bien du mal à se remettre en
cause.
C'est que la raison scientifique.
même si on l'admet comme la version la
plus efficace de la raison, reste attachée à ses premières vérités : elle a donc ten
dance à leur accorder une trop grande confiance, et éprouve dès lors quelque diffi
culté à revenir sur ce
qu'elle tenait pour acquis.
Bien entendu.
ce qui est ainsi
nommé
n'a d'existence que dans les scientifiques eux
mêmes.
et
c'est en quelque sorte la tendance propre à leur esprit qui freine ainsi le
progrès du savoir.
• Si l'on admet avec Bachelard que l'évolution des concepts scientifiques est dia
lectique, et
qu'elle va de pair avec une évolution de la raison elle-même et des
conceptions philosophiques qui la soutendent,
il est parfaitement compréhensible
qu'une vérité scientifique, une fois établie (démontrée), puisse être affirmée
comme définitive et,
par définition en quelque sorte, universelle.
Ainsi, la phy
sique newtonienne apparaissait
d'autant plus porteuse d'une vérité absolue qu'elle
correspondait de surcroît à un système géométrique (celui d'Euclide) initialement
reconnu comme le seul concevable.
Pour que cette mécanique classique laisse
place à celle d'Einstein et à une conception relativiste.
il était donc nécessaire que
fût
d'abord admise la possibilité d'une pluralité des systèmes géométriques; or la
reconnaissance de la validité des systèmes non-euclidiens
n'alla pas sans mal,
dans la mesure où leur existence fut
d'abord comprise, soit comme une curiosité
logique sans retombées, soit au contraire comme signifiant la caducité du système
euclidien.
Ces deux conceptions n'étaient pas fondées, mais on peut (on doit, en
fait) admettre qu'elles se justifiaient psychologiquement, y compris dans les
milieux scientifiques, par la difficulté qu'impliquait de renoncer à l'unicité
d'un
système dont certains philosophes classiques (les cartésiens notamment) n'avaient
pas hésité à affirmer
qu'il avait été défini par Dieu ! • Il apparaît ainsi que tout progrès dans une science peut exiger une refonte, non
seulement de cette discipline elle-même, mais aussi de conceptions plus générales
(mathématiques et logiques) que sous-entend n'importe quelle science.
Comme
par ailleurs les sciences naguère dites expérimentales se transforment de plus en
plus en sciences théoriques travaillant à partir de modèles mathématiques plus
souvent
qu'à partir de protocoles expérimentaux, c'est aux mathématiques qu'il appartient, si l'on peut dire, de faire les premiers pas pour suggérer des schémas
de compréhension aux autres disciplines.
Auguste Comte, dans sa classification
des sciences, affirmait la dépendance de chaque discipline à
l'égard de sa précé
dente: l'évolution des sciences en confirme au moins une dépendance générale à
1 'égard des mathématiques.
auxquelles revient désormais la tâche de suggérer des
directions de recherches assurant d'éventuels progrès.
• À ces obstacles internes à l'esprit scientifique même constitué viennent s'ajou
ter des difficultés
d'une tout autre origine.
C'est ce que l'on constate lorsqu'un
pouvoir politique prétend diriger les recherches et désire des résultats dans telle
discipline plutôt que dans telle autre.
L'idéologie du pouvoir peut alors peser par
ticulièrement lourd sur les progrès du savoir.
Un exemple presque caricatural est
ici fourni par l'état de la recherche soviétique sous le régime stalinien.
Outre que
ce dernier se faisait fort de distinguer une science.
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