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Qui parle quand je dis ''je'' ?

Publié le 07/01/2012

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Chaque être humain, quelles que soient ses origines ou sa culture, parle de lui-même en employant tout naturellement le pronom personnel « je. « Depuis que l’on sait parler, le « je « pour se désigner est utilisé avec spontanéité comme une évidence, et il fait partie des habitudes de langage, des expressions courantes. En prononçant ce mot, nous faisons comme si le « je « renvoyait toujours à la même personne, un moi constant, invariable, en somme, un moi identifiable. L’énoncé du sujet, tend de manière sous-jacente à remettre en cause l’idée que c’est moi qui parle lorsque je dis « je. « Le sujet grammatical et langagier correspond-il vraiment au sujet psychologique ? En posant la question ainsi on voit que le sujet se rapporte à la notion « d’identité « Existe-t-elle ou n’est-ce qu’un mythe ? Est-ce que c’est moi qui parle quand je dis « je « ? Cette étude tentera de faire le point sur le « moi « car celui-ci existe, mais ensuite d’analyser les raisons qui nous font douter de la force et de la réalité d’un « je « hypothétique, enfin, nous essayeront de parvenir à une synthèse de ces différents éléments.

« idéaux moraux.

Comme le disait Alain, « Philosopher c’est dire non » c'est-à-dire éviter le prêt à penser, les préjugéset prendre du recul par rapport à tout ce que l’on a apprit.

L’être humain est libre, et puisqu’il est différent à chaqueinstant, c’est à chaque instant que l’on peut décider de changer. Par ailleurs, le langage est un constituant fondamental de la thèse empiriste, car c’est la seule chose qui maintienneune bribe d’unité au fil du temps et au fil des perceptions, de « ce que j’appelle moi.

» Le « moi » comme un élémentstable est complètement inatteignable pour les empiristes, c’est ainsi que seul le langage permet d’exister : Je suiscelui qui se dit être.

En effet, puisque les théories cartésiennes ont été réduites à néant par les empiristes radicaux,il faut tout de même comprendre ce peut maintenir une cohésion au sein du monde, de la société, vis-à-vis desautres et de soi-même, et il se trouve que ce qui réussit un tel exploit est tout simplement la création fictive,purement langagière d’un « je.

» Finalement, le « moi » cartésien rencontre d’autres détracteurs qui vont jusqu’à affirmer que le « je » n’est crééque par la nécessité à développer la conscience.

Pour Nietzsche, il n’existe que pour la survie de l’espèce humainesur Terre marquée par le péril.

« C’est le résultat d’une terrible nécessité qui a longtemps dominé l’homme, le plusmenacé des animaux » affirme t’il.

Ainsi, le « je » ne serait présent que par un enracinement dans le besoin, lecommerce, la défense ou encore l’économie.

Pour étayer ses dires, il prend l’exemple d’une idée : « Une pensée seprésente quand elle veut, et non quand je veux, en telle sorte que c’est falsifier la réalité que de dire que le sujet jeest la condition du verbe penser.

» En effet, quand on emploie l’expression une idée m’a traversé l’esprit on pourraitse demander : D’où vient-elle ? Où est elle partie ? Nietzsche montre ainsi que le véritable sujet ne peut pas être le« je » puisqu’il n’est vraisemblablement pas responsable d’une idée qui lui traverse l’esprit.

Un individu est-ilresponsable de ses rêves ? Le « je » sujet du verbe penser est certes, une hypothèse éventuellement envisageable,mais en aucun cas un absolu pour les philosophes empiristes ou nihilistes.

Cependant, d’autres essaieront par lasuite de trouver une nouvelle place à ce « je » en réunissant plusieurs thèses, parfois opposées. Le « je » serait en outre, la faculté d’un être humain à synthétiser ses perceptions, ses états d’âmes, son rapportaux autres, au monde et à lui-même en un seul moi qui le caractériserait.

En effet, comme l’a démontré Hume, noussommes sans cesse différents, parfois tiraillés entre des sentiments sinon opposés, du moins contradictoires.Pourtant, un sentiment d’être soi, d’être unique anime l’être humain.

Kant prend l’exemple d’un enfant qui commenceà parler de lui à la 3 ème personne, ce qui est particulièrement impersonnel, avant de dire enfin « je », une fois qu’il prend conscience de lui-même.

Dès lors qu’il parle de lui à la 1 ère personne pour la 1 ère fois, l’enfant ne dira plus jamais « il » ou son prénom pour se désigner.

Pourquoi et surtout comment l’enfant prend-il conscience de cetteévolution ? Comment parler de soi autrement que par « il » puisque nous somme à chaque instant quelqu’un dedifférent, quelqu’un de changeant ? Pour Kant, ce passage du « il » au « je » est du à un autre passage parallèle quiest celui du « se sentir » à « se penser », c'est-à-dire de la confusion à la conscience, étant donné que se sentir,c’est n’être que ce que l’on perçoit de sois, comme un enfermement dans différents sentiments parfoiscontradictoires. Le rôle du langage s’avère décisif dans la construction du « je.

» Malgré nos états d’âme divers, malgré nos humeurspassagères, malgré notre éducation, ou le poids de la société sur notre conscience ou notre inconscient, le « je »permet de rassembler ces différents caractères qui nous constituent.

C’est un effort d’unification car ces élémentsvariables entrent parfois en conflit.

Le « je » est un élément essentiel, car il peut être traduit comme tel danstoutes les langues, certaines langues et certaines cultures lui accordant une importance particulière.

Au Japon, ilexiste plus de 12 façons différentes de dire « je » en fonction de qui l’on est et à qui on s’adresse.

Un employén’utilisera pas le même « je » pour s’adresser à son employeur, qu’à ses collègues, qu’à sa femme ou encore qu’à sesenfants.

Toutefois, malgré ce nombre important de « je », la personne pratique toujours un effort de synthèseconsidérable avant d’employer telle sorte de « je » plutôt qu’une autre, d’autant plus qu’il n’est plus le seul concernépar cette utilisation, car dans un certain cas le « je » représentera l’employé, dans un autre cas le père ou le mari.Le sujet, s’il existe, est ainsi l’unité d’une multiplicité. Finalement, différentes thèses s’affrontent pour répondre à la question suivante « Qui parle quand je dis je ? » Aprèsl’idéalisme de Descartes qui prône l’unité pleine d’un « moi » ou l’empirisme radical de Hegel qui détruit toute traced’un « je » hypothétique, c’est Kant qui tend à trouver un compromis entre ces deux visions opposées.

Nouspourrions finalement répondre à la question en prenant en compte la complexité de l’être humain qui est à la foisplusieurs, toujours différent, mais cette multiplicité est unifiée grâce à la conscience, sans oublier le langage quidonne au pronom « je » une fonction de synthèse des différents « moi.

». »

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