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Qui sommes-nous, où allons-nous ?

Publié le 07/12/2011

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Les titres, en librairie, se succèdent, sur des thèmes fort proches les uns des autres. Le dernier en date d'Yves-Marie Bergé, chez Hachette (Collection : le Temps et les hommes), a pour titre Fête et Révolte. On peut voir une intention dans ce titre-là. Il ne s'agit pas des plaisirs interdits de mai 68, où la fête dura le temps d'une récréation, mais de ceux que la civilisation a donné aux hommes, selon le rythme des jours et des, saisons. Les célébrations, quelles qu'eiles soient, en font partie, avec les spectacles, les sports, les travaux des champs, les almanachs, etc. La fête et la révolution, comme les voit Yves-Marie Bergé, ont quelques côtés anodins, au regard d'une époque qui en a vus d'autres. Mais le sens de la fête n'est plus de ce temps. Il n'a plus, en tout cas, cette liberté

« que était une imposture si on le comparait à celui des Carthaginois ou des Africains, telle­ ment plus représentatifs d'une sensibilité que la civilisation avait eu pour seule tâche de dé­ truire.

On fit tant et ~i bien qu'on en arriva à chercher des civilisations dans une préhistoire imaginaire qui ne relevait que de la scienc.e-fic­ tion.

Des voyageurs de l'au-delà, venus sur terre à des époques immémoriales y auraient apporté leurs connaissances et nous auraient légué un savoir que nous.

aurions perdu, faute d'avoir à en faire usage.

Il ne nous en serait resté que de vagues souvenirs appartenant désormais à l'inconscient.

Toute une littérature, qui a fait fortune, est née sur cet humus douteux, pour donner aux insatisfaits et aux innocents l'im­ press.ion d'être initiés.

Le folklore est-il en train de prendre la relève de ces jeux imagi­ naires ? L'exotisme de certaines archéologies était déjà dangereux; la science-fiction qui lui a succédé le fut davantage.

Mais le problème n'est pas là.

Ce qui compte, dans ces vagues dans ces phénomènes success,ifs, c'est l'expre;sion d'un besoin.

Et ce besoin, dans tous les cas, est le même.

Il s'agit toujours d'échapper au temps qu'on vit et de se retrouver ailleurs.

La science­ fiction, comme elle s'est développée, au cours de ce~ années, sous forme d'une mystification archéologique, est une sorte de péché de l'esprit.

Mais l'industrie a vite compris l'usage qui pou­ vait être fait d'une demande mal exprimée du public.

La véritable archéologie racontait au présent la légende de l'homme d'autrefois.

La conquête spatiale .et les besoins, sinon les habi­ tudes qu'elle avait créées, fit le reste.

Mais là encore, il fallait bien que la mode fût l'ex­ pres.sion d'autre chose, d'un manque, par exem­ ple.

Il doit bien en être de même avec le fol­ klore.

Cet~e mode si c'est une mode, parle une langue qm est la traduction d'un besoin.

Cette science-fiction, pour l'appeler ainsi raconte l'his­ toire d'un homme p.erdu et qu'on regrette.

Elle reflète une image qu'on voudrait retrouver de nous-mêmes.

Comme toute fiction quand elle est bien faite, elle décrit une cité idéale à la mesure humaine qui a, sur celles de Platon ou de Campanella, l'avantage d'axoir existé et d:avoir fait ses preuves, pendant des généra­ tions.

Il Y a dans tous ces cas une marque de déra­ cinement, la preuve d'un malaise qui est celui de l'époque.

C'est le thème traditionnel du paradis perdu ·qui revient à périodes régulières sous des formes diverses.

L'Age d'or ne se situe pas à la fin mais aux origines.

De là ce plaisir qu'on a à redécouvrir ce que fut la vie de ceux qui nous ont précédés..

De là surtout cett.e curiosité pour l'univers rural préindus­ triel, qui vient de finir sous nos ye~x et qu'on tente de maintenir artificiellement ·à travers les vêtemt>nts, les maisons .et le mobilier, les us­ tensiles de cuisine, la cuisine elle-même.

C'est un jeu sans doute, comme celui qui consiste à danser des danses régionales, mais c'.est le jeu de la nostalgie.

Le changement a été trop brusque pour qu'on n'en ait pas souffert, et rien de satisfaisant n'a été proposé pour restituer une véritable harmo- nie à la vie des hommes.

Si le passé a des couJ.eurs heureuses; si, artificiellement, on l'en pare c'est parce qu'il nous semble qu'il a existé à certaines époques, et dans le monde rural en particulier, un accord entre l'homme et son milieu, entre la vie et le travail, entre la terre et les saisons.

A lire les ouvrages consacrés aux anciennes traditions, on a une impression de douceur de vie; c'est une fausse impress.ion sans doute, mais elle tient d'abord au fait qu~ l'espace était à la mesure de l'homme.

Les villes trop grandes, la vitesse la réclusion ont brisé toutes les amarres.

Il n'~ a plus.

de vraies traditions populaires.

C'est peut-être ce qui manque le plus à notre société.

L'âge des Français Quand Boucher de Perthes, voilà un siècle et de:ni, suggéra timidement, après avoir étudié des silex ramassés dans les sables de la Somme que l'ancienneté de l'homme était peut-être bie~ antérieure au Déluge, tout le monde savant l'accabla d'injures et de sarcasmes.

L'homme avait été créé •quelque six mille années avant l'ép.oque ~c~uelle et on s'en tenait là.

L'imagi­ ~ahon, d ailleurs, a du mal à se représ.enter ws grandes durées., et six millénaires, c'est beau­ c~mp.

C'est pol!rquoi, à défaut d'autres explica­ tions, supposait-on que les dolmens étaient des autels druidiques.

Le France commençait avec la Gaule.

Avant les Gaulois, il n'y avait rien ni personne.

La terre devait sans doute être déserte et vide.

La préhistoire est venue transformer cette vision simpliste et les découvertes actuel­ les faites dans ce domai·ne continuent ·à nous stupéfier.

Il ne se passe pas d'année qu'on ne découvre, dans diverses régions, la trace d'une prés.ence humaine de plus en plus lointaine.

La dernière e·n date de ces trouvailles est celle de galets « aménagés » récoltés dans la région du Puy dans des dépôts torrentiels mêlés de sédi­ ments lacustres et de restes volcaniques, grâce à ·quoi une datation a pu être propos.ée.

Ces pre­ miers outils ont été fabriqués voilà un million huit cent mille années.

Par qui ? C'est une question demeurée pour l'instant sans réponse, et rien ne dit qu'il en sera jamais donnée une.

Même si cette ancienneté parait considérable il ne faut pas perdre de vue que les outil~ ramassés, sur les rives de l'Omo, en Ethiopie, ont au moins un million d'années de plus ce qui place l'avance technologique de notre a;cê­ tre bien en arrière de celle des Africains.

D'autres habitants prennent possession du territoire, dans le nord et sur la Côte d'Azur ou commencent à voyag.er puisqu'on les tr~uve aussi bien en Allemagne, en Espagne ou en Yougoslavie.

Il y a environ un million d'années de cela.

On ignore tout de ces gens puisqu'aucun reste humain n'a encor.e été retrouvé qui ait plus de trois cent mille ans.

Il ne faut pas dé­ sespérer.

II est en tout cas certain maintenant que le peuplement de la France remonte à une période lointaine.

Mais l'homme, l'ancêtre de l'homme aurait fait son apparition il y a peut­ être plus de trois millions d'années, dans l'est africain.

La marche aura été longue pour qu'il atteigne ce territoire ·qui sera un jour la Fran. »

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