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En quoi la diversité des cultures constitue-t-elle une richesse pour chacun de nous ?

Publié le 03/11/2010

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C'est à ces conditions que la diversité des cultures dont nous bénéficions peut nous aider à mieux vivre individuellement, en luttant contre les aspects négatifs de notre propre civilisation. Durant les années 60 et 70, toute une génération s'est retrouvée dans un refus de la société de consommation et de la course au progrès qui a pris notamment la forme d'une référence aux cultures de l'Inde ou d'Amérique latine (vêtements larges, en tissus naturels, goût pour les meubles et objets en bois plutôt que l'acier ou le formica modernes). Les jeunes préconisaient aussi un retour à la terre et à la culture rurale, et des expériences de vie en communauté s'opposant à une société jugée trop rigide. Malgré ses inévitables excès, ce mouvement montre comment on peut emprunter aux autres civilisations ce qui manque dans la sienne. À notre époque, bien des gens puisent dans l'aïkido ou le yoga une maîtrise de soi et une détente qu'ils ne trouvent plus ailleurs.

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« Tel est le cas de la civilisation occidentale, qui a théorisé sa supériorité par les écrits de Joseph Arthur de Gobineaupar exemple, dont l'Essai sur l'inégalité des races humaines, de 1855, est favorable à la prédominance de l'homme nordique et germanique.

Mais elle a également voulu s'imposer, y compris par la force, chaque fois que sesconquérants ont rencontré des cultures différentes : Africains, Indiens d'Amérique, Esquimaux, etc. Cette tendance historique qui pèse en nous est d'ailleurs partagée par la majorité des hommes, comme nous lemontre l'étude des réactions d'autres peuples : dans Race et histoire, Claude Lévi-Strauss raconte que bien des populations primitives se désignent d'un nom qui signifie « les hommes » ou « les bons, les excellents », et traitentles autres tribus de « méchants, singes de terre, oeufs de pou ».

Au niveau individuel nous retrouvons souvent,presque inconsciemment, cette méfiance devant les différences. Inversement, une personne issue d'une culture manifestement opprimée et jugée inférieure ressent un malaiseprofond, car elle est partagée entre l'attachement à ses racines et la fascination exercée par le groupe dominant. Nous ne sommes donc vraiment enrichis par les autres cultures et nous ne connaissons bien la nôtre que si nousévitons les échelles de valeur inappropriées.

Ainsi le progrès technique spectaculaire qui caractérise la civilisationoccidentale actuelle s'accompagne de styles de vie qui perdent en harmonie avec la nature et sans doute enéquilibre affectif.

Les maladies modernes comme le stress ou l'abus de médicaments nous empoisonnent, lessolidarités familiales se dissolvent.

Albert Jacquard n'a donc pas tort de dire que des civilisations dites primitives ontdes leçons à nous donner, collectivement et individuellement. Cette prise de conscience de nos préjugés n'est pas nouvelle.

Grand voyageur et curieux de tout, contrairement àses contemporains qui, où qu'ils aillent, « se tiennent à leurs façons et abominent les étrangères », Montaigne futégalement l'un des premiers à dénoncer dans ses Essais la fatuité des Occidentaux face à leurs conquêtes en Amérique : la civilisation inca ou aztèque n'avait rien à leur envier par la « magnificence des villes de Cuzco et deMexico », ni par leur « hardiesse et courage », la « clarté d'esprit naturelle » dont témoignent leurs réponses durantles négociations. Plus tard Montesquieu dans les Lettres persanes, Voltaire dans L'Ingénu, Diderot dans le Supplément au voyage de Bougainville ont également contribué à vaincre nos préjugés.

La lecture de leurs oeuvres, qui comparent les civilisations avec humour et ironie, donne un modèle de la réflexion que chacun doit avoir. *** Une telle réflexion ne servirait à rien si elle n'orientait notre avenir. Il convient d'abord de préserver la diversité des cultures, en conservant les traces des civilisations disparues, enprotégeant les plus menacées d'une destruction brutale, en défendant contre des influences hégémoniques* cellesauxquelles nous sommes attachés. Ainsi un des derniers prix Nobel fut attribué à une grande figure du Guatemala, Rigoberta Menchu, qui depuis desannées défend la cause des Indiens de son pays, dont la culture reste encore vivace mais qui sont sous-représentés politiquement et menacés par les orientations économiques.

Plus au Sud, les Indiens d'Amazonie voientleur territoire de plus en plus menacé par le déboisement.

L'alcool, l'acculturation détruisent ces populations sansque la modernité brutale et spirituellement pauvre qu'on leur impose ne crée un nouvel équilibre.

Il est du devoir dechacun d'être sensibilisé à ces drames et de participer à la sauvegarde à la fois des hommes et des cultures.

Uneexposition de « huipiles », vêtements tissés aux couleurs et motifs originaux et superbes, a été organisée à labibliothèque Forney en 1993 pour les faire connaître aux Parisiens. Par ailleurs les exilés, les immigrés, les Beurs, plus récemment ceux qui ont subi le choc dû à l'ouverture des paysd'Europe centrale et orientale, en tirent sans doute une richesse, mais accompagnée de difficultés douloureuses.Albert Memmi, universitaire et écrivain juif, né en Tunisie puis épris de la France, où il vint travailler, en témoignedans ses ouvrages et ses articles.

Seule la recherche d'une harmonie, à construire, entre les racines variées ou lesracines nouvelles à recréer, pourra permettre que ces phénomènes aboutissent à un enrichissement individuel etcollectif plutôt qu'à des affrontements tragiques ou au sacrifice d'une partie de soi. C'est à ces conditions que la diversité des cultures dont nous bénéficions peut nous aider à mieux vivreindividuellement, en luttant contre les aspects négatifs de notre propre civilisation.

Durant les années 60 et 70,toute une génération s'est retrouvée dans un refus de la société de consommation et de la course au progrès qui apris notamment la forme d'une référence aux cultures de l'Inde ou d'Amérique latine (vêtements larges, en tissusnaturels, goût pour les meubles et objets en bois plutôt que l'acier ou le formica modernes).

Les jeunespréconisaient aussi un retour à la terre et à la culture rurale, et des expériences de vie en communauté s'opposantà une société jugée trop rigide.

Malgré ses inévitables excès, ce mouvement montre comment on peut emprunteraux autres civilisations ce qui manque dans la sienne. À notre époque, bien des gens puisent dans l'aïkido ou le yoga une maîtrise de soi et une détente qu'ils ne trouventplus ailleurs. Les civilisations étrangères ou anciennes constituent en outre une source d'inspiration qui renouvelle un artoccidental essoufflé.

En témoigne le succès des expositions sur l'Egypte ou bien, en 1992, d'une merveilleuse. »

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