En quoi l'écriture littéraire est-elle particulièrement apte à dénoncer les problèmes de société ?

« moitié de son habit, c’est-à-dire d’un caleçon de toile bleue ; il manquait à ce pauvre homme la jambe gauche et lamain droite.

» Chapitre dix-neuvième).

Dans De L’esprit des lois, Montesquieu évoque l’esclavage des nêgres.Apparaissant dans un premier temps comme favorable à l’Esclavage, l’œuvre se révèle être en réalité un réquisitoiresous forme de plaidoyer contre la traite des hommes, dans son chapitre « De l’esclavage des nêgres ».

Les deuxpremiers paragraphes présentent des arguments d’ordre économique et historique, comme par exemple les phrases« Les peuples d’Europe ayant exterminé ceux de l’Amérique, ont dû mettre en esclavage ceux de l’Afrique, pour s’enservir à défricher tant de terres » ou encore « Le sucre serait trop cher, si l’on ne faisait travailler la plante qui leproduit par les esclaves ».

Le paragraphe suivant présente quant à lui des arguments religieux et raciaux, justifiantainsi qu’ « On ne peut se mettre dans l’esprit que Dieu, qui est un être très sage, ait mis une âme, surtout une âmebonne, dans un corps tout noir ».

Enfin, Zola, chef de file des naturalistes, entend bien expliquer le fonctionnementde la société, soumise aux lois de l'hérédité par l'exemple de la fiction.

Tous les personnages des Rougon-Macquart,sont les preuves d'une théorie qui fait de l'individu le fruit d'une hérédité et d'un milieu social.

La vie de lablanchisseuse Gervaise, l'héroïne de l'Assommoir, qui subit les foudres de l’alcool et les conséquences du malheurouvrier, est aussi le reflet de l'existence de bien des femmes, vers 1860 dans les quartiers populaires de Paris.

Ainsi,Zola décrit : « Au milieu de cette existence enragée par la misère, Gervaise souffrait encore des faims qu'elleentendait râler autour d'elle.

Ce coin de la maison était le coin des pouilleux, où trois ou quatre ménages semblaients'être donné le mot pour ne pas avoir du pain tous les jours.

» ou encore « On était là dans une crampe au gosiergénérale, bâillant par toutes ces bouches tendues ; et les poitrines se creusaient, rien qu'à respirer cet air, où lesmoucherons eux-mêmes n'auraient pas pu vivre, faute de nourriture.

»(Chapitre 10).Les écrivains révèlent aussi souvent ce que les autres ne perçoivent pas ou ne sont pas capable de percevoir.

Ainsi,dans La Fonction du poète, Victor Hugo écrit « Ecoutez le rêveur sacré ! Dans votre nuit, sans lui complète, Lui seula le front éclairé ».

Les auteurs ont aussi une puissance imaginative qui leur fait entrevoir l’avenir et ses dangers.C'est ce que fait Louis-Sébastien Mercier dans L'An 2440, Rêve s'il en fut jamais.

Un homme se réveille en 2440 etretrouve à Paris une société corrigée de tous les maux du XVIIIe siècle: plus de pauvreté, plus d'inégalités criantes,des écoles et des bibliothèques pour tous, des habitations propres et décentes.

Le futur idéal fait voir ce qu'unauteur acquis aux Lumières déplore dans le présent.

Au chapitre XVII de Candide, celui-ci et son valet arrivent aupays d'Eldorado.

A cette étape de leur voyage, les deux personnages ont déjà été témoins des pires horreurs.

A larecherche d'un monde meilleur, ils arrivent dans ce pays idéal.

Voltaire présente une société exemplaire.

Il force icil'aspect merveilleux de ce pays en y annonçant l'utopie.

Voltaire caricature ce monde pour montrer qu'il n'existe pas,qu'il est "trop parfait" pour être réel.

Le morceau de viande qu'ils mangent "pesait deux cent livres" ; jamais, dans unmonde réel, l'abondance est aussi extrême.

Dans la dernière réplique de Candide, c'est Voltaire qui s'exprime : quandil parle de ce monde idéal, il dit qu'il "faut absolument qu'il y en ait de cette espèce".

Par cette phrase, il expliqueque l'on veut absolument qu'un monde parfait existe, mais que ce n'est qu'un rêve.L’écriture littéraire peut donc s’avérer très efficace pour dénoncer et proposer d’autres valeurs morales à l’homme. Pour parvenir à dénoncer, le lecteur se doit d’être actif.

En effet, il doit être capable de percevoir le véritable sensde l’œuvre et qu’il comprenne le message proposé sous divers procédés.Le lecteur doit en effet être attentif à chercher le véritable sens de l’œuvre, et ne pas se laisser seulement distrairepar sa forme plaisante.

Jean de la Fontaine disait ainsi « Les fables sont des mensonges qui disent la vérité ».L'apologue représente donc un enseignement indirect qui critique souvent la société.

Jean de la Fontaine dénonce,au fil de ses fables, le monde de la cour, l'assujettissement, la bassesse des courtisans, la flatterie.

Dans LesObsèques de la lionne, une des moralités dénonce l'hypocrisie des courtisans mais surtout la vanité et la naïveté desrois : « Flattez-les, payez-les d'agréables mensonges, Quelque indignation dont leur cœur soit rempli, Ils goberontl'appât ; vous serez leur ami ».

La Fontaine s'adresse donc ici au lecteur, il donne des impératifs, il remet en causeavec beaucoup d'audace la toute puissance royale (les rois sont esclaves de la flatterie).

Mais il faut que le lecteursoit actif et comprenne le message que veux délivrer l’auteur.

Jean-Jacques Rousseau, dans son œuvre Emile ou Del’éducation, montre qu’il est inutile de faire lire et encore plus de faire apprendre à des enfants des fables de LaFontaine.

Il juge ces derniers comme étant trop jeunes pour comprendre le message délivré par La Fontaine : « Onfait apprendre les fables de La Fontaine à tous les enfants, et il n’y en a pas un seul qui les entende.

Quand ils lesentendraient, ce serait encore pis ; car la morale est tellement mêlée et si disproportionnée à leur âge, qu’elleporterait plus au vice qu’à la vertu.

» Le lecteur doit donc être capable de voir au-delà du récit plaisant la volontéde l’auteur de critiquer ou de dénoncer.Pour que cette dénonciation soit efficace, le lecteur doit aussi comprendre le message délivré sous divers procédés.L’ironie est souvent au service de la dénonciation.

Ainsi, dans le chapitre 19 de Candide, Voltaire confronte sonlecteur à la réalité à la réalité historique (esclavagisme).

En effet, lorsque l’esclave dit « J'attends mon maître, M.Vanderdendur, le fameux négociant ».

Le terme fameux, pouvant être simplement comme un adjectif qualificatifmélioratif, se révèle enfaite comme un terme à double sens, ici dépréciatif.

Vanderdendur est rendu célèbre par sacruauté.

L’esclave déclare également « c'est à ce prix que vous manger du sucre en Europe ».

On relève ici aussiune distorsion, un décalage entre notion de plaisir en Europe et vie inhumaine pour les esclaves.

L’ironie révèle doncun message caché que le lecteur se doit de percevoir.Ainsi, pour que l’écriture littéraire soit parfaitement utile, le lecteur doit savoir s’approprier le message de l’écrivain. L’écriture littéraire se révèle donc amplement apte à dénoncer les problèmes de société.

Sous une forme attrayantepour le lecteur, elle révèle ces problèmes par des divers, moyens comme le recourt à l’ironie ou à la rhétorique.

Lelecteur aiguise ainsi sont esprit critique et se forge sa propre opinion face aux dénonciations des auteurs.

Mieuxvaut donc ne se priver d’aucun genre littéraire pour découvrir ces dénonciations.

Mais l’écriture littéraire n’est pas laseule à pouvoir dénoncer les problèmes de société.

Le cinéma est aujourd’hui un outil indispensable pour dénoncer.Pouvant être jugé comme accessible à un plus grand nombre, il ouvre ses portes à des documentaires remettant par. »