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En quoi la religion est-elle différente de la superstition ?

Publié le 30/08/2005

Extrait du document

religion
Elle se manifeste alors dans une tentative de marchander avec des forces magiques pour s'éviter des malheurs ou pour obtenir des faveurs. Elle se fonde sur la croyance selon laquelle il y aurait dans le monde des pouvoirs surnaturels qui assailliraient les hommes et d'autres que l'on pourrait s'approprier par des rites. b) La religion repose au contraire dans une confiance à l'égard du monde qui est une création des dieux. Elle considère généralement que la superstition n'est pas conforme à l'esprit religieux, car elle procède d'un anthropomorphisme qui consiste à croire que les dieux ont les mêmes soucis que les hommes. En effet, négocier avec les dieux, par exemple en leur consacrant des prières ou des sacrifices, c'est s'imaginer que les dieux ont besoin de ces offrandes. Or si les dieux ont besoin des hommes, ce ne sont plus des dieux. La superstition consiste alors en un irrespect à l'égard des dieux. Tout d'abord elle les rabaisse au même état que les hommes, et qui plus est, elle les insulte en supposant qu'ils n'ont pas pu créer un monde parfait, qu'il y a des choses qui devraient ne pas être alors qu'elles sont, et d'autres qui devraient être alors qu'elles ne sont pas. c) On pourrait alors affirmer que la superstition reposerait sur une fausse piété, alors que la religion se fonderait sur une piété véritable. La fausse piété serait ainsi une mauvaise interprétation des puissances surnaturelles, alors que la vraie piété serait une conformation aux exigences de celles-ci.
Analyse du sujet :
-          Le sujet pose un premier problème dans sa formulation : en posant la question « La religion n'est-elle que superstition ? « le sujet nous invite à penser que la religion a peut-être quelque chose de plus que la superstition, mais qu'elle l'est toujours un peu.
-          Il ne faudra donc pas manquer de se demander si la religion est une forme particulière de superstition à laquelle on ajoute diverses autres qualités, ou si la religion est quelque chose de différent de la superstition.
-          Si l'on considère que religion et superstition sont deux choses différentes, il reste à définir ce qui les distingue.
-          On notera par exemple que la plupart des religions comportent des commandements généraux sur la manière de se comporter, alors que les superstitions peuvent n'avoir aucune portée morale.
-          La religion semble donc plus souvent nous indiquer les actes à accomplir pour parvenir au bien en soi, alors que la superstition ne nous indique que des moyens d'éviter des souffrances ou d'obtenir des satisfactions.
Problématisation :
Poser que la religion serait avant toute chose superstition, c'est déjà partir d'un postulat problématique. Si nous sommes ordinairement tentés de voir la religion comme une forme plus élaborée de superstition, il n'est pas assuré qu'il en soit ainsi. La religion pourrait parfaitement être quelque chose de très différent de la superstition. Le sujet pose problème : n'y a-t-il pas lieu d'opposer superstition et religion ? Qu'est-ce qui nous permet de distinguer l'une de l'autre ?
 

religion

« a) On trouve déjà ce problème chez Platon dans l' Euthyphron. Dans ce dialogue, l'auteur s'interroge sur ce qu'est vraiment la piété.

Socrate est dansce dialogue le porte-parole de Platon contre Euthyphron.

Euthyphron affirmeque ce qui est pieux est « ce qui est agréable aux dieux, et que l'impie est cequi leur est désagréable » ( Euthyphron , 6e-7a).

Pour Socrate, cette affirmation est fausse car les dieux ont des différends, il y a des choses quiplaisent à l'un et non à l'autre, ainsi « ce qui plaît aux dieux peut aussi leurdéplaire » ( Euthyphron , 8b). b) Pour corriger son erreur, Euthyphron affirme alors que la piété consiste ence qui est agréable à tous les dieux.

Cette réponse ne satisfait cependantpas plus Socrate, car il semble ici qu'Euthyphron inverse la cause et l'effet.Socrate prend à cet égard l'exemple du saint, et affirme que « les dieuxaiment le saint parce qu'il est saint, et qu'il n'est pas saint parce qu'ilsl'aiment » ( Euthyphron , 10e).

Ce n'est donc pas parce qu'une chose est aimée des dieux qu'elle est pieuse, mais c'est parce qu'elle est pieuse qu'elleest aimée des dieux.

L'amour que portent les dieux aux choses pieusesn'exprime donc qu'une caractéristique de ces choses, mais ne nous renseignepas sur ce qu'est l'essence de la piété.c) Considérant que toutes les actions pieuses ont en commun d'être justes,Platon va donc définir la piété en faisant dire à Socrate que la piété est unepartie du juste.

Pour notre dissertation, cela nous amène à considérer que lareligion concerne elle aussi une partie du juste, alors que la superstition ne sesoucie pas de justice, mais uniquement de ce qui arrange celui qui est superstitieux.

La religion constitue donc unmouvement spirituel porté vers la justice, alors que la superstition peut parfaitement se complaire dans l'injustice.

Transition : Cette conception de la piété n'est cependant pas satisfaisante et n'explicite pas assez le rapport de la piété à la justice.

Car qu'est-ce réellement que de dire d'une chose qu'elle est « une partie du juste » ? 3.

La piété est ce qui soutient la justice trouvée dans le sens du devoir.

a) Avec Kant la justice passe par le sens du devoir.

Le devoir se manifestesous la forme de ce qu'il appelle un « impératif catégorique ».

Ceci est unesorte de loi infrangible résidant en notre raison, et qui stipule que telle actiondoit être faite, bien que nous conservions la liberté de l'accomplir ou non.Kant explique que le devoir doit répondre à cette maxime : « Agis uniquement d'après la maxime qui fait que tu peux vouloir en même temps qu'elledevienne une loi universelle .

» (cf.

Fondements de la métaphysique des moeurs , deuxième section.) Comme ce devoir est tiré de la raison et non de Dieu, il semble qu'il écarte la piété de toute problématique sur la justice.

Maisce serait oublier l'importance de la question du bonheur dans la vie d'unhomme qui, comme l'écrit Kant dans La Religion dans les limites de la simple raison : « rend impossible que la raison demeure indifférente à la manière dont il faut répondre à la question : "Que peut-il résulter de ce ‘bien agir' qui estnôtre ?" »b) La piété semble donc chez Kant ce qui garantit l'espoir.

En effet, le fait dese conformer au devoir tel qu'il nous est donné dans la raison ne nous assureabsolument pas que nous serons heureux.

Pour que ce devoir ait un sens réel,il faut qu'une intelligence supérieure, un législateur moral tout-puissant (enl'occurrence, Dieu) garantisse notre accès au bonheur après la vie.

La piétéconsiste alors dans l'espoir que notre subordination aux principes de la moralesoit récompensée après notre mort, faute de quoi le sens du devoir resteraitune pure tragédie. c) Nous pourrions alors considérer que la religion consiste en une croyance en un Dieu qui justifie l'existence denotre sens du devoir et de nos efforts vers la justice.

Elle serait alors le fait d'une Eglise qui garantirait la conversiondes hommes.

Cette conversion ne consisterait pas seulement en une idolâtrie d'icônes saintes, mais en une foipieuse qui accorderait l'espoir d'une récompense dans un autre monde avec notre sentiment de la justice.

Ainsi queKant l'écrit dans La Religion dans les limites de la simple raison , la religion doit contribuer « à l'accomplissement de tous les devoirs humains en tant que commandements divins ».

La superstition, quant à elle, ne serait quel'ensemble des croyances qui empêcherait la religion de rendre les hommes meilleurs et les maintiendrait dans lacrainte et l'injustice.

Conclusion : Nous avons commencé par distinguer la religion et la superstition en montrant que la première procédait d'une piétévéritable quand la seconde relevait d'une fausse piété.

Cela nous a amené à nous interroger sur ce qu'est la piétévéritable, et nous avons pu la définir avec Platon comme « une partie du juste.

» Cela étant, il nous a été. »

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