Devoir de Philosophie

Rabelais et les conteurs

Publié le 18/10/2011

Extrait du document

rabelais

Rabelais part, pour composer les différentes

parties de son roman, de livrets populaires

narrant les aventures fantaisistes et fantastiques

d'une famille de géants; mais il s'inspire

aussi de la réalité immédiate qu'il a sous les

yeux. Par exemple, quand il imagine le fameux

épisode de Picrochole, il simplifie et porte à

des proportions épiques le procès qui opposait

les bourgs du Chinonais, représentés en justice

par le père de Rabelais, à un puissant seigneur

du pays : Gaucher de Sainte-Marthe. Finalement,

Rabelais fait la satire de plusieurs classes

de la société de son temps. Ainsi, les humbles

sont plaisamment représentés par les

ouvriers de Paris que Gargantua visite, par les

paysans des campagnes de la Loire, fouaciers

de Lerné et bergers de Seuilly dont la dispute

est à l'origine de la guerre picrocholine ou

encore le marchand Dindenaut, que Panurge

dupe et fait périr au IVe livre

rabelais

« La Devln"re, prlls de Chinon : la maison natale de Ra­ belais et un centre de la guerre plchrochollne.

(Photo Glraudon).

réfugie à Metz, ville impériale, et bientôt repart pour Rome, dans la suite de Jean du Bellay (1547).

Rentré en France en 1549, il donne en 15-52 son Quart livre , qui s'attire les foudres du Parlement de Paris.

Il meurt en 1553 ou au début de 1554, et c'est seulement en 1564 que paraîtra le Cinquème livre de Pantagruel, dont l'authenticité n'est pas établie.

Par son tempérament intellectuel et moral, Rabelais a gardé nombre de traits médiévaux : une certaine rudesse de la sensibilité et une ro­ buste méfiance à l'endroit des femmes et de l'amour, un goftt indiscutable pour le réalisme satirique, un défaut de mesure dans l'usage de la dialectique ou l'étalage de l'érudition, un penchant très net à la virtuosité verbale .

Mais, -par bien d'autres côtés, il appartient à l'âge nouveau : en particulier, il ressent une pro­ fonde allégresse à la pensée que les sources de la culture et de la science antiques sont main­ tenant rouvertes, et qu'il suffit d'y puiser pour acquérir toutes les connaissances mais aussi toute la sagesse dont l'homme est càpable .

Cette avidité d'étudier les vrais textes des Anciens, débarrassés des gloses inutiles, et cet enthousiasme pour les bonnes lettres n'ont jamais peut-être été mieux exprimés dans notre langue que dans la fameuse lettre de Gargantua à Pantagruel : « Maintenant toutes disciplines sont resti­ tuées, les langues instaurées : grecque, sans laquelle c'est honte qu'une personne se dise savant ; hébraïque, chaldaïque, latine.

Les impressions tant élégantes et correctes, en usance, qui ont été inventées de mon âge par inspiration divine, comme, à contre-fil, l'artille­ rie par suggestion diabolique .

Tout le monde est plein de gens savants, de précepteurs très doctes,- de librairies très amples, qu'il m'est avis que ni au temps de Platon, ni de Cicéron, ni de Papinien n'était telle commodité d'étude qu'on y voit maintenant; et ne se faudra plus dorénavant trouver en place ni en compagnie, qui ne sera bien expoli l'officine de Minerve.

Je vois les brigands, les bourreaux, les aven­ turiers, les palefreniers de maintenant plus doc­ tes que les docteurs et prêcheurs de mon temps.

Que dirai-je ? Les femmes et filles ont aspiré à cette louange et manne céleste de bonne doc­ trine.

Tant y a qu'en l'âge où je suis, j'ai été contraint d'apprendre les lettres grecques, les ­ quelles je n'avais contemné comme Caton, mais je n'avais eu loisir de comprendre en mon jeune âge, et volontiers me délecte à lire les Moraux de Plutarque, les beaux Dialogues de Platon, les Monuments de Pausania s et Antiquités d' Athe­ neus, attendant l'heure qu'il plaira à Di eu mon créateur m'appeler et commander issir de cette terre ».

· C'est le même enthousiasme humaniste qui a dicté à Rabelais la satire burlesque de l'éduca­ tion médiévale que reçoit d'abord Gargantua, puis l'éloge de la formation vraiment épanouis­ sante et enrichissante que lui dispense ensuite le savant Ponocratès.

Le réalisme et la satire dans le roman de Rabelais Rabelais part, p.our composer les différentes parties de son roman , de livrets populaires narrant les aventures fantaisistes et fantasti­ que s d'une famille de géants; mais il s'inspire aussi de la réalité immédiate qu'il a sous les yeux.

Par exemple, quand il imagine le fameux épisode de Picrochole , il simplifie et porte à des proportions épiques le procès qui opposait les bourgs du Chinonais, représentés en justice par le père de Rabelais , à un puissant seigneur du pays : Gaucher de Sainte-Marthe.

Finale­ ment, -Rabelais fait la satire de plusieurs clas­ ses de la société de son temps.

Ainsi, les hum­ bles sont plaisamment représentés par les ouvriers de Paris que Gargantua visite, par les paysans des campagnes de la Loire, fouaciers de Lerné et bergers de Seuilly dont la dispute est à l'origine de la guerre picrocholine ou encore le marchand Dindenaut, que Panurge dupe et fait périr au IV• livre : « Panurge, ayant payé le marchand, choisit de tout le troupeau un beau et grand mouton, et l'emportait criant et bêlant, voyant tous les autres et ensemblement bêlant et regardant quelle part on menait leur compagnon.

Cepen­ dant le marchand disait à ses moutonniers : « 0 qu'il a bien su choisir, le chaland ! Il s'y entend ! Vraiment, le bon vraiment, je le réser­ vais pour le seigneur de Cancale, comme bien connaissant son naturel; car, de sa nature, il est tout joyeux et esbaudi quand il tient une épaule de mouton en main , bien séante et ave- · nante, comme une raquette gauchère, et, avec un couteau bien tranchant, Dieu sait comment il s'en escrime !. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles