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Rabelais Gargantua ch. LVII: Comment était réglé le mode de vie des Thélémites ?

Publié le 02/10/2010

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Gargantua construit l'abbaye de Thélème (« volonté libre« en grec) pour récompenser Frère Jean des Entommeures de ses exploits dans les guerres picrocholines. L'abbaye est construite au bord de la Loire pour être « au contraire de toutes les autres« et accueillir les filles « depuis dix jusqu'à quinze ans« et les garçons « depuis douze jusqu'à dix-huit «. Les Thélémites représentent l'élite de la société! L'abbaye a la forme d'un magnifique château Renaissance «en figure hexagonale« : six étages, 9332 chambres avec chapelle privée. Les religieux et religieuses sont vêtus magnifiquement (ch. LIV). Sur la grande porte, une inscription interdit l'accès de l'abbaye aux «hypocrites, bigots, cagots «, gens de justice et usuriers (ch. LII). Sont admis les nobles chevaliers, les dames de haut parage et les chrétiens évangéliques. Première utopie du patrimoine littéraire français, elle révèle les ambitions d'une éducation humaniste et le souhait de concilier le christianisme (révélé par ses textes originaux) et l'épanouissement total de la nature humaine, selon une vision épicurienne. Rabelais règle aussi ses comptes avec la règle rigide du couvent franciscain où il fit ses études. Rappeler l'origine et le sens du nom « utopie «. I. LA LIBERTE

A Le paradoxe d'une liberté totale érigée en règle. Règle d'une abbaye: texte, généralement institué par le Saint fondateur, qui fixe la spiritualité des moines et leur mode de vie. Règles souvent sévères et contraignantes. « Règles «: sens plus large de « préceptes «. La 1ère phrase instaure le paradoxe en opposant les noms « lois, statuts ou règles «précédés d'une négation aux noms « volonté « et « libre arbitre« : ceux-¬ci sont introduits par la conjonction « mais« à valeur d'opposition: l'antithèse met en valeur le paradoxe. La règle (1.8) écrite en italiques, est une reprise ironique de la devise de Saint Augustin : « Dilige, fac quod vis« Aime et fais ce que tu voudras. Nouveau paradoxe traduit par l'antithèse «règle «/ «ce que tu voudras« et l'opposition entre la valeur d'ordre de l'impératif et le sens de cet ordre: ne recevoir aucun ordre extérieur.

B La liberté individuelle. Assimilée au «libre arbitre« (1.2), elle consiste à faire ce que, selon sa conscience, on juge bon et approprié, à un moment donné: propositions subordonnées CCT « « quand bon leur semblait« 1.3 et « quand le désir leur venait« 1.5. Les verbes d'actions librement choisies sont repris 1.5 et 6 sous forme négative (répétition du pronom indéfini «nul «) dès lors qu'ils expriment une obligation. Les Thélémites, représentés par le pronom personnel « les«, ne peuvent avoir la fonction de COD! Il y a donc ici une vision épicurienne qui incite à profiter des vertus du présent, des plaisirs simples de la vie en étant maître de sa propre existence. - Mais l'éducation reçue en amont et l'hérédité de la noblesse font que leur liberté les mène à la vertu. Alliance de l'inné et de l'acquis: le bon naturel est entretenu et développé par !'éducation. Cela est mis en valeur par le rythme ternaire du groupe adjectival « libres, bien nés et bien éduqués« 1.9 et la conjonction de coordination «et« qui unit le naturel et l'éducation. La nécessité de l'éducation est mentionnée à nouveau ligne 29 « Ils étaient si bien éduqués«: insistance avec l'adverbe intensif «si bien« et mise en valeur par la place de l'expression en début de phase.

C Liberté collective et émulation La liberté individuelle concourt à la vie collective: 1.19 et 20; l'antithèse entre le pronom indéfini «tous« et le substantif «un seul« souligne la volonté de se plier au désir d'autrui; n'y a- t-il pas risque de sacrifier complètement l'individu à la collectivité? La soumission au désir d'un seul apparaît encore à travers les verbes à l'impératif immédiatement suivis des mêmes verbes à l'indicatif cette fois-ci, traduction d'une adhésion sans faille à la volonté d'un individu. Ex : «Buvons «, tous buvaient, etc. Les valeurs sociales deviennent ainsi primordiales: 1.10 «vivant en bonne société «. L'émulation est une valeur suprême et positive (1.19). Elle est décrite de façon imagée à la ligne 11 «un aiguillon qu'ils appellent honneur et qui les pousse toujours à agit vertueusement«: le verbe « pousse« et l'image de l'aiguillon traduisent l'idée d'effort et de tension permanents (adverbe « toujours «) II L'HARMONIE

A La beauté La beauté des dames est soulignée par le champ lexical l.26 «joliment«, et 1.37, précédés de l'adverbe intensif «si «, « élégantes « et « mignonnes «. C'est l'univers courtois et féodal qui est ici décrit: les femmes (fillettes plutôt!) sont appelées «dames«, les occupations décrites sont celles du Moyen-Age (chasse à courre, chevalerie ...).Plusieurs termes de chevalerie sont utilisés: «« hacquenées «, «palefroi «, «épervier «, «émerillon «, « lanier « 1.25 à 27. La mention des activités artistiques traduit aussi la recherche constante d'un idéal esthétique et est également à rapprocher du thème de l'éducation cher aux humanistes. L.29 à 1.39 : les aptitudes des Thélémites sont présentées comme la conséquence (locution « si...que« 1.29 et 30) de l'éducation; elles sont exprimées sous forme de verbes à l'infinitif «chanter, jouer...) dans une énumération (1.31 à 33) : ces procédés insistent sur l'implication de l'individu (verbes) et ses multiples talents (effet de liste). Les domaines évoqués sont le chant, la musique et l'écriture (prose et poésie). L'harmonie du corps est également mentionnée à travers les combats équestres 1.33 à 39. Noter l'hyperbole exprimée à travers l'expression «jamais on ne vit« et les répétitions de l'adverbe intensif «si« et de «si bien«. Remarquer également les deux groupes ternaires qui soulignent par la vivacité de leur rythme celle des jeunes chevaliers en pleine action ! L'art de la tapisserie est évoqué 1.38 de façon élogieuse avec les adjectifs «habiles« «noble et libre «. B Les valeurs morales Elles semblent innées 1.9 à 12 : GN. « par nature« et nom « instinct « et 1.15 «noble affection «, «qui les inclinait librement vers la vertu«. Cela est encore souligné par les antithèses récurrentes entre vice et vertu, noblesse et esclavage 1.12 à 18 (Faire une relevé précis). Ainsi, la noblesse, valeur sociale, semble naturellement s'assimiler à une liberté bien assumée qui mène à l'honneur et à la vertu, valeurs morales. C Les relations hommes / femmes Leurs activités sont différentes mais les valeurs courtoises imposent un respect mutuel « pour chevalier servant«1.44, «en affectueuse amitié « 1.45. L'abbaye sert de préparation au mariage par l'apprentissage de la vie commune 1.46 à 48; idée utopique ? d'une persistance dans l'intensité des sentiments avec les comparatifs « aussi...que« et les CCT « à la fin de leurs jours« «aux premiers temps de leurs noces «. Cette harmonie est cependant liée à une condition (proposition subordonnée introduite par «si«): une entente de coeur durant le séjour dans l'abbaye. Les relations sont faites de saine émulation, de complémentarité, d'amitié ou d'amour. Cette réciprocité est mise en valeur par le parallélisme des constructions l.33 à 1.39: anaphore de «jamais on ne vit « de « si «, de « que celles qui étaient là«. La synthèse est effectuée par le mariage dans le dernier paragraphe, lequel se clôt sur le nom « noces «. Remarque...Les enfants sont évoqués comme s'il s'agissait d'adultes: étrange! III UNE SOCIETE DISTINGUEE COMPOSEE D'UNE ELITE A Une description hyperbolique Aucune individualité ne se dessine. En effet, sont constamment employés des procédés de généralisation: verbes à la troisième personne du pluriel, pronom «ils «, «les«, nom «gens«,« chevaliers«, «dames«, pronoms indéfinis «tous «, «nul «, «quelqu'un« (citer les lignes). Ainsi, tous les Thélémites, sans exception, semblent également beaux, nobles et vertueux. De nombreuses formules hyperboliques sont également employées tout au long du texte (voir les remarques précédentes; faites un relevé complet). Les énumérations ont la même valeur hyperbolique (repérez-les dans tout le texte). B La noblesse Le champ lexical de la noblesse est à remarquer: «bien nés« 1.9, « noble sentiment«1.14, « noblement «1.29. Cependant, il s'agit d'une conception antique de la noblesse. Est noble celui qui est libre, par opposition à l'esclave. C'est ainsi que l'adjectif « bien nés« est précédé de « libres« 1.9. Le champ lexical de la servitude l.13 à 18 met en valeur, par le contraste ainsi créé, la notion de liberté: groupes binaires « «une vile et contraignante sujétion« , «abaisse et asservit« , et « joug de servitude «. Le domaine social est toutefois transposé au domaine moral. Sont nobles ceux que leur libre-arbitre conduit naturellement au bien et à la vertu (2ème paragraphe) Les gens libres et nobles sont donc doués de toutes les vertus: physiques, artistiques, intellectuelles; humaines et morales. Il y a bien ici une conception idéalisée de la noblesse. C L'éducation humaniste Références fréquentes à l'éducation (à relever dans le texte) Cette éducation est utopique; en effet, comment se fait-elle? L'auteur n'en parle pas. En amont? ou par la saine émulation qu'ils pratiquent entre eux ? Educateurs et parents sont absents La référence fréquente aux besoins du corps et aux plaisirs est significative: 1.3 et 4: sur les quatre verbes mentionnés, trois évoquent des activités élémentaires. Elles sont satisfaites de façon naturelle (CCT: «quand le désir leur venait «). Rapprochement paradoxal avec la prime enfance de Gargantua? Le thème du plaisir est évoqué à travers son champ lexical : « plaire «,« jouons« «nous ébattre «... etc. Il s'agit donc d'une éducation complète -thème cher aux humanistes, qui concerne le corps et l'âme. L'éducation, cependant, n'est rien sans la vertu : «Science sans conscience n'est que ruine de l'âme « NB : L'utopie a deux fonctions:

- proposer un modèle de société idéale. - critiquer la société actuelle ou certains de ses défauts par le biais de la fiction, ce qui permet de contourner la censure. Il faut donc également lire cette page de Rabelais comme une critique des monastères de son temps: rigidité extrême, formalisme, lieu qui accueillait souvent de jeunes gens limités intellectuellement et laids (moins de chance de « faire un beau mariage «...). Attention ! Tout cela est cependant un peu caricatural, comme est caricaturale la vision du Moyen Age qu'ont véhiculée les humanistes. Après tout, ceux-ci ont été formés par cet enseignement scolastique qu'ils ont tant critiqué. Thélème est en tout cas l'opposé des monastères de l'époque: mixité, élégance des parures, richesse, cu lture, liberté...il n'y a ni voeu de pauvreté, ni voeu de célibat, ni voeu d'obéissance. Finalement, Thélème est tout, sauf un monastère! En ce qui concerne l'éducation, si Gargantua faisait l'objet d'une éducation individuelle, les Thélémites reçoivent une éducation collective. L'une est l'institution d'un prince, l'autre une école de courtisans accomplis. Ils semblent finalement destinés à faire l'ornement de la cour d'un monarque absolu. Ils prolongent l'idéal de chevalerie courtoise de la fin du Moyen Age et préfigurent l'honnête homme du siècle suivant. Et même, trouve-t-on vraiment trace à Thélème du désir d'érudition humaniste? L'activité, toujours de bon goût, n'est que distrayante. Ces jeunes gens sont non des humanistes mais des courtisans modèles assez conformes au modèle que préconisait en 1528 Baldassare Castiglione dans son traité pédagogique intitulé Le Courtisan. Peut-être l'épisode des Thélémites fut-il inspiré à Rabelais par son séjour à Rome et la découverte du raffinement des moeurs des cours italiennes ?

 

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« rapprocher du thème de l'éducation cher aux humanistes.

L.29 à 1.39 : les aptitudes des Thélémites sontprésentées comme la conséquence (locution « si...que» 1.29 et 30) de l'éducation; elles sont exprimées sous formede verbes à l'infinitif «chanter, jouer...) dans une énumération (1.31 à 33) : ces procédés insistent sur l'implicationde l'individu (verbes) et ses multiples talents (effet de liste).

Les domaines évoqués sont le chant, la musique etl'écriture (prose et poésie).L'harmonie du corps est également mentionnée à travers les combats équestres 1.33 à 39.

Noter l'hyperboleexprimée à travers l'expression «jamais on ne vit» et les répétitions de l'adverbe intensif «si» et de «si bien».Remarquer également les deux groupes ternaires qui soulignent par la vivacité de leur rythme celle des jeuneschevaliers en pleine action !L'art de la tapisserie est évoqué 1.38 de façon élogieuse avec les adjectifs «habiles» «noble et libre ». B Les valeurs moralesElles semblent innées 1.9 à 12 : GN.

« par nature» et nom « instinct » et 1.15 «noble affection », «qui les inclinaitlibrement vers la vertu».

Cela est encore souligné par les antithèses récurrentes entre vice et vertu, noblesse etesclavage 1.12 à 18 (Faire une relevé précis).

Ainsi, la noblesse, valeur sociale, semble naturellement s'assimiler àune liberté bien assumée qui mène à l'honneur et à la vertu, valeurs morales. C Les relations hommes / femmesLeurs activités sont différentes mais les valeurs courtoises imposent un respect mutuel « pour chevalierservant»1.44, «en affectueuse amitié » 1.45.L'abbaye sert de préparation au mariage par l'apprentissage de la vie commune 1.46 à 48; idée utopique ? d'unepersistance dans l'intensité des sentiments avec les comparatifs « aussi...que» et les CCT « à la fin de leurs jours»«aux premiers temps de leurs noces ».

Cette harmonie est cependant liée à une condition (proposition subordonnéeintroduite par «si»): une entente de coeur durant le séjour dans l'abbaye.Les relations sont faites de saine émulation, de complémentarité, d'amitié ou d'amour.

Cette réciprocité est mise envaleur par le parallélisme des constructions l.33 à 1.39: anaphore de «jamais on ne vit » de « si », de « que cellesqui étaient là».La synthèse est effectuée par le mariage dans le dernier paragraphe, lequel se clôt sur le nom « noces ».Remarque...Les enfants sont évoqués comme s'il s'agissait d'adultes: étrange! III UNE SOCIETE DISTINGUEE COMPOSEE D'UNE ELITE A Une description hyperboliqueAucune individualité ne se dessine.

En effet, sont constamment employés des procédés de généralisation: verbes àla troisième personne du pluriel, pronom »ils », «les», nom «gens»,« chevaliers», «dames», pronoms indéfinis «tous», »nul », «quelqu'un» (citer les lignes).

Ainsi, tous les Thélémites, sans exception, semblent également beaux,nobles et vertueux.De nombreuses formules hyperboliques sont également employées tout au long du texte (voir les remarquesprécédentes; faites un relevé complet).

Les énumérations ont la même valeur hyperbolique (repérez-les dans tout letexte). B La noblesseLe champ lexical de la noblesse est à remarquer: «bien nés» 1.9, « noble sentiment»1.14, « noblement »1.29.Cependant, il s'agit d'une conception antique de la noblesse.

Est noble celui qui est libre, par opposition à l'esclave.C'est ainsi que l'adjectif « bien nés» est précédé de « libres» 1.9.

Le champ lexical de la servitude l.13 à 18 met envaleur, par le contraste ainsi créé, la notion de liberté: groupes binaires « «une vile et contraignante sujétion» ,«abaisse et asservit» , et « joug de servitude ».Le domaine social est toutefois transposé au domaine moral.

Sont nobles ceux que leur libre-arbitre conduitnaturellement au bien et à la vertu (2ème paragraphe)Les gens libres et nobles sont donc doués de toutes les vertus: physiques, artistiques, intellectuelles; humaines etmorales.

Il y a bien ici une conception idéalisée de la noblesse. C L'éducation humanisteRéférences fréquentes à l'éducation (à relever dans le texte)Cette éducation est utopique; en effet, comment se fait-elle? L'auteur n'en parle pas.

En amont? ou par la saineémulation qu'ils pratiquent entre eux ? Educateurs et parents sont absents La référence fréquente aux besoins ducorps et aux plaisirs est significative: 1.3 et 4: sur les quatre verbes mentionnés, trois évoquent des activitésélémentaires.

Elles sont satisfaites de façon naturelle (CCT: «quand le désir leur venait »).

Rapprochementparadoxal avec la prime enfance de Gargantua? Le thème du plaisir est évoqué à travers son champ lexical : « plaire»,« jouons» «nous ébattre »...

etc.Il s'agit donc d'une éducation complète -thème cher aux humanistes, qui concerne le corps et l'âme.

L'éducation,cependant, n'est rien sans la vertu : «Science sans conscience n'est que ruine de l'âme » NB : L'utopie a deux fonctions: - proposer un modèle de société idéale.- critiquer la société actuelle ou certains de ses défauts par le biais de la fiction, ce qui permet de contourner lacensure.. »

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