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Racine: Bajazet.

Publié le 10/04/2013

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racine

« Quoique le sujet de cette tragédie ne soit encore dans aucune histoire imprimée, il est pourtant très véritable. C'est une aventure arrivée dans le sérail, il n'y a pas plus de trente ans ... « Racine, seconde préface à Bajazet. « Y a-t-il une cour au monde où la jalousie et l'amour doivent être si bien connus que dans un lieu où tant de rivales sont enfermées ensemble ? « Racine, seconde préface à Bajazet.

racine

« EXTRAITS Roxane suspecte les mensonges de Bajazet et d' Atalide ROXANE, seule.

De tout ce que je vois que faut-il que je pense ? Tous deux à me tromper sont-ils d'intelligence ? Pourquoi ce changement, ce discours, ce départ ? N'ai-je pas même entre eux surpris quelque regard? Baja zet interdit! Atalide étonnée ! Ô ciel! à cet affront m'aurie z-vous condamnée ? De mon aveugle amour seraient-ce là les fruits ? Tant de jours douloureux, tant d'inquiètes nuits, Mes brigues, mes complots, ma trahisonfatale N'aurai-je tout tenté que pour une rivale ? Mais peut-être qu'aussi, trop prompte à m 'affliger, J'observe de trop près un chagrin passager.

J'impute à son amour l'effet de son caprice.

N'eût-il pas jusqu 'au bout conduit son artifice ? Prêt à voir le succès de son déguisement, Quoi ! ne pouvait-il pas feindre encore un moment ? Non, non, rassurons-nous, trop d'amour m'intimide.

Et pourquoi dans son cœur retrouver Atalide ? Quel serait son dessein, qu'a-t-elle fait pour lui ? Qui de nous deux enfin le couronne aujourd'hui ? « Enfin, belle Atalide, / II faut de nos destins que Bajazet décide.

/ Pour la dernière fois, je vais le consulter./ Je vais savoir s'il m'aime.» IIl,8 NOTES DE L'ÉDITEUR sultane.

» Raymond Picard, Baja zet, préface, Gallimard, 1950.

« Elle tombe, et ne vit plus qu'à peine.

» Après la mort de Bajazet, Atalide s'abandonne au désespoir et se donne la mort ATALIDE Enfin, c'en est donc fait ; et par mes artifices, Mes injustes soupçons, mes funestes caprices, Je suis donc arrivée au douloureux moment Où je vois par mon crime expirer mon amant.

N'était-ce pas assez, cruelle destinée, Qu'à lui survivre, hélas ! je fusse condamnée ? Et fallait-il encor que pour comble d'horreurs, Je ne pusse imputer sa mort qu'à mes fureurs ? Oui, c'est moi, cher amant, qui t'arrache la vie : Roxane, ou le Sultan, ne te l'ont point ravie.

Moi seule j'ai tissu le lien malheureux Dont tu viens d'ép rouver les détestables nœuds.

Et je puis sans mourir en souffrir la pensée ? Moi qui n'ai pu tantôt, de ta mort menacée, Retenir mes esprits prompts à m'abandonner! Ah! n'a i-je eu de l'amour que pour t'assassiner? Mais c'en est trop.

Il faut par un prompt sacrifice Que ma fidèle main te venge et me punisse.

Vous, de qui j'ai troublé la gloire et le repos, Héros qui deviez tous revivre en ce héros, Toi, mère malheureuse, et qui dès notre enfance Me confias son cœur dans une autre espérance, Infortuné Vizir, amis désespérés, Roxane, venez tous, contre moi conjurés, Tourmenter à la fois une amante éperdue, (Elle se tue.) Et prene z la vengeance enfin qui vous est due.

V, scène dernière Thierry Maulnier, Racine, Gallimard, 1936.

«[Baja zet], c'est le côté oriental de « Tragédie de l'intrigue politique, tragédie de l'amour, tragédie de la mort, tragédie du mensonge, tragédie de l'action forcenée, Baja zet trouve son unité dans l'atmosphère du sérail, où tous ces éléments se fondent.

( ...

)Tout est suspect et clandestin.

Dans ce palais tout plein de glissements louches s'agite obscurément un peuple d'esclaves silencieux : c'est le douteux empire de la « Extrême rigueur dans la peinture des extrêmes désordres, frénésie et pudeur extrêmes, tel est Racine; d'autant plus audacieux qu'il est plus sûr de sa sagesse, d'autant plus exact qu'il est plus tendu, qu'il est plus tragique, Racine est le style même ; une force humaine constamment portée en son point suprême d'ardeur, la mesure de l'homme prise et non domptée.

» Racine : le sérail est littéralement la caresse étouffante , l'étreinte qui fait mourir ( ...

) comme lieu captif et captivant, agi et agissant, étouffé et étouffant, le sérail est l'espace même de l'univers racinien.( ...

) Sortir du sérail, c'est sortir de la vie, à moins d 'accepter de vivre sans la tragédie.

» Roland Barthes , Sur Racine, Seuil, 1963.

1 Sipa lcono 2, 3, 4 illu strations de Jacq ues Grange , M .

Bes son édit eur , Paris , 19 4 8 / B .N.

RACINE09. »

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