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RACINE Phèdre (acte IV, scène 6) (Vers 1214-1280) - Commentaire

Publié le 02/10/2011

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racine

PHÈDRE

Chère OEnone, sais-tu ce que je viens d'apprendre ?

OENONE

Non; mais je viens tremblante, à ne vous point mentir.

J'ai pâli du dessein qui vous a fait sortir ;

J'ai craint une fureur à vous-même fatale.

I. - SENS DE LA SCÈNE : une passion fatale : la jalousie une confidence douloureuse.

II. STRUCTURE ET MOUVEMENT: progression dans l'intensité des sentiments et dans leur expression.

racine

« Ils s'aiment ! Par quel charme ont-ils trompé mes yeux ? Comment se sont-il vus ? Depuis quand ? Dans quels lieux 20 Tu Je savais.

Pourquoi me laissais-tu séduire ? De leur furtive ardeur ne pouvais -tu m'instruire? Les a-t-on vus souvent se parler, se chercher? Dans Je fond des forêts allaient-ils se cacher ? Hélas ! Ils se voyaient avec pleine licence .

Le ciel de leurs soupirs approuvait l'innocence ; Ils suivaient sans remords leur penchant amoureux, Tous les jours se levaient clairs et sereins pour eux.

Et moi, triste rebut de la nature entière, Je me cachais au jour, je fuyais la lumière; 30 La mort est Je seul dieu que j'osais implorer.

J'attendais Je moment où fallais expirer ; Me nourrissant de fiel, de larmes abreuvée, Encor dans mon malheur de trop près observée, Je n'osais dans mes pleurs me noyer à loisir ; Je goûtais en tremblant ce funeste plaisir ; Et sous un front serein déguisant mes alarmes, Il fallait bien souvent me priver de mes larmes.

ŒNONE Quel fruit recevront-ils de leurs vaines amours? Ils ne se verront plus.

PH~DRE Ils s'aimeront toujours.

40 Au moment que je parle, ah! mortelle pensée! Ils bravent la fureur d'une amante insensée.

Malgré ce même exil qui va les écarter, Ils font mille serments de ne se point quitter.

Non, je ne puis souffrir un bonheur qui m'outrage, Œnone.

Prends pitié de ma jalouse rage, Il faut perdre Aricie.

Il faut de mon époux Contre un sang odieux réveiller Je courroux.

Qu'il ne se borne pas à des peines légères: Le crime de la sœur passe celui des frères.

so Dans mes jaloux transports je Je veux implorer .

Que fais-je? Où ma raison se va-t-elle égarer? Moi jalouse! et Thésée est celui que j'implore'? Mon époux est vivant, et moi je brûle encore ! Pour qui ? Quel est le cœur où prétendent mes vœux ? Chaque mot sur mon front fait dresser mes cheveux.

Mes crimes désormais ont comblé la mesure.

Je respire à la fois l'inceste et l'imposture.

Mes homicides mains, promptes à me venger, Dans le sang innocent brûlent de se plonger.

60 Misérable! et je vis? et je soutiens la vue. »

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