Raimond Ier de Poitiers

« ques, le chef musulman renon­ ce à s'emparer de la citadelle.

« Nûr al-Din eut vent de l'arri­ vée imminente du prince ; il ne pensait pas que celui-ci ait pu si vite trouver des hommes pour l'accompagner dans la défense de la forteresse.

Les troupes musulmanes reçurent alors l'ordre de se retirer du siège et d'aller se placer en sécurité», rapporte Guillaume de Tyr dans sa Chronique.

Fort de ce succès inattendu, Rai­ mond de Poitiers, au lieu de se replier à l'abri des solides remparts d'une de ses forte­ resses pour attendre le renfort de ses barons, établit son campement en rase campagne à Fons Murez -aujourd'hui lnab, en Syrie -, petite bour­ gade située à cinq kilomètres de Nepa .

Remis de sa surprise, Nûr al­ Din « envoya un message à ses espions pour savoir combien de chevaliers le prince avait emmenés avec lui et combien de gens le suivaient après ; la réponse lui parvint rapide­ ment : « Aucun renfort franc n'était signalé », explique un chroniqueur musulman.

A pré­ sent sûr de sa supériorité numérique, l'atabek ordonne à ses hommes de cerner la posi­ tion ennemie : « Ils encerclè­ rent les Francs de toutes parts, comme ils l'eussent fait pour encercler un château.

» Encerclés pendant la nuit Michelle Syrien, chef ismaïlien qui s'est rallié aux chrétiens, donne l'alerte et conseille à Raimond de Poitiers : « Viens, fuyons, peut-êtrè quelques­ uns d'entre nous échapperont­ ils ; car nous sommes environ­ nés par une grande armée et si nous sommes encore ici quand arrivera le matin, ils nous dé­ truiront complètement.

» Bien que ne pouvant opposer que quatre cents cavaliers et un millier de fantassins aux six mille cavaliers ennemis, le prince d'Antioche pèche par excès de confiance : coûte que coûte, il résistera .

Le 30 juin 1149, dès l'aube, la cavalerie musulmane se lance à l'attaque contre les Francs.

« Ils les brisèrent grands et petits et les étendirent au mi­ lieu de la plaine comme des arbres de magnifiques statu­ res, relate Michelle Syrien.

Le prince d'Antioche refusa de se rendre, poursuit ce témoin ; durant toute la période du combat, il résista vaillamment aux hommes de Nûr al-Din.

» Mais, malgré sa vaillance, Rai­ mond de Poitiers est trouvé gisant au milieu des cadavres des plus valeureux chevaliers de sa suite.

A l'annonce de sa mort, les troupes musulmanes BRAVE, MAIS ARROGANT ET BRUTAL La victoire de Nûr al-Din à Fons Murez a dans tout l'Islam un retentissement immense : « Tu as déchargé sur le chef des chrétiens une massue qui leur a brisé les reins et qui a abattu les croix ; tu as purifié le sol des chr~tiens avec leur sang », s'exclame le chroniqueur de Damas Ibn al-Oalanissi.

Après l'échec de la deuxième croisade, les musulmans ont désormais la confirmation de l'affaiblissement considérable des forces franques.

Quant à Raimond de Poitiers, le bel oncle de la reine Aliénor d'Aquitaine, Ibn al-Oalanissi lui réserve un cinglant éloge funèbre : « C'était un des chevaliers les plus renommés parmi les Francs pour sa grande bravoure, son extrême vigueur et sa haute stature.

Il était non moins célèbre pour son arrogance et sa brutalité.

>> ~ED ITIONS ~ ATLAS laissent éclater leur joie.

Ainsi que le veut la tradition, un de leurs chefs, Chrikouh, l'oncle de Saladin, coupe la tête et le bras droit du prince Raimond et les fait porter dans un cof­ fret d'argent « au calife de Bag­ dad, pour faire réjouir ceux qui les verraient ».

Fort de cette victoire, Nûr al­ Din n'entend pas en rester là.

Maintenant que l'armée d'An­ tioche est anéantie, il a la voie libre.

Avant de s'attaquer à la cité franque, il ravage les terri­ toires de la principauté, dont ses hommes pillent et brûlent la plupart des bourgs.

Bientôt, il se rendra maître des der­ nières places fortes importan­ tes à l'est de l'Oronte et élimi­ nera toute menace franque de Syrie du Nord.

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