Devoir de Philosophie

La raison peut-elle rendre compte de la foi ?

Publié le 02/08/2009

Extrait du document

La raison peut-elle rendre compte de la foi ?

Dans « La religion dans les simples limites de la raison « , Kant distinguait la croyance de la foi et de la raison: la croyance, insuffisante tant subjectivement qu'objectivement, est au savoir ce qu'est la « doxa « à l' « eidos « dans la gnoséologie platonicienne; elle est le « croire que «. La science, suffisante subjectivement et objectivement, est la connaissance vraie d'une conscience, ayant fait le deuil de la nouménalité et assignée à résidence à l'expérience possible . De nature mixte, la foi est objectivement insuffisante et subjectivement certaine. Elle est le « croire en «.         

« sans existence (cad un être souverainement parfait sans une souveraine perfection), comme il m'est libre d'imaginerun cheval sans ailes ou avec des ailes.

» Descartes, « Méditations métaphysiques ».Descartes avait tout d'abord, dans son « Discours de la méthode »,montré que les idées que nous concevons clairement et distinctement, qui s'imposent donc à nous avec évidence,sont innées (antérieures à notre propre naissance) et vraies (auxquelles par conséquent nous pouvons nous fier).Par la suite, dans les « Méditations métaphysiques », l'auteur avait avancé un argument a posteriori de l'existencede Dieu : j'ai en moi l'idée (claire et distincte) de parfait ; moi qui suis un être imparfait, je ne peux l'avoir posée enmoi-même ; seul un être parfait peut donc être la cause de la présence en moi de cette idée de parfait («Méditation troisième »).Dans le présent texte (« Méditation cinquième ») , Descartes double cet argument a posteriori d'un argumentontologique, purement conceptuel.

Parmi les idées innées, se trouvent les nombres et figures mathématiques, maisaussi l'idée de Dieu, que l'auteur définit comme « un être souverainement parfait et infini ».A partir de cette définition, Descartes développe sa version de l'argument ontologique : il déduit l'existence de Dieude son essence même.

En effet, Dieu est par définition doté de toutes les perfections ; or l'existence est uneperfection : l'existence en tant que perfection fait partie de sa définition.

Dieu ne peut donc pas ne pas exister.

Ladistinction entre essence et existence ne convient pas au sujet de Dieu.Descartes associe ces deux arguments, l'un qui remonte de l'effet à la cause, l'autre qui déduit l'existence del'essence, pour démontrer l'existence de Dieu, « être parfait ». 2) Pascal et Kierkegaard: la foi contre la raison. Pascal n'a pu pardonner à Descartes sa conception de la déité qui apparaît à la troisième méditation comme leprincipe méthodologique garantissant l'idée claire et distincte.

Ce dieu, dit Pascal est « le Dieu des philosophes, leDieu des savants » qui après avoir imprimé une « chiquenaude » au monde, est oublié des cœurs...

Descartes est unimpie, ignorant de la tragédie de l'existence humaine, il ne comprend pas que l'homme n'est pas sa propre solution.Pire qu'un athée, qu'un esprit fort , il inaugure, par certains côtés, la longue postérité du théisme, insensible au «Dieu d'Abraham, d'Isaac et de Jacob » (« Le Mémorial » ) lui seul sensible au cœur.Contre ce triomphalisme outrecuidant du cartésianisme, qui comme Robinson est le Roi incontesté de l'île deSperanza, Pascal humilie cet homme isolé et jeté sur une île où les voix des sirènes de l'imagination déboussolentune raison « ployable » à tous sens .Kierkegaard, héritier de la pensée pascalienne poursuivra cette critique de la raison par d'autres voies et comme luitentera de sauver la foi.En effet, le sujet de Descartes à Hegel et en passant par Kant, est une abstraction, tel est le point de départ de laréflexion de Kierkegaard contre le rationalisme.

L'existence ne se plie pas à la raison.

Car, derrière le bel édifice de laraison et de ses certitudes, l'existence rappelle à l'homme sa contingence et la tragédie qu'implique tout acted'exister: la souffrance le deuil, la maladie, la mort, etc....

fissurent cette belle assurance rationnelle.L'humour permettra la conversion à l'existence religieuse, à la foi.Le paradigme de la foi est le drame d'Abraham (in « Crainte et tremblement »), drame absolu et injustifiable par laraison.

Et, la foi est l'obéissance sans condition, et au delà de toute supputation.

Abraham obéira à Dieu...

Alors quela théologie rationnelle tente de surmonter le tragique, le doute, la crainte, le tremblement, Kierkegaard place lacrise au cœur même de l'expérience religieuse en opposant diamétralement foi et raison.

Mais, dans le non sens,l'absolue absurdité de sa situation, Abraham doute, mais garde la foi en l'heureuse espérance du salut.

Isaac serarendu à son père, comme Regina le sera peut être à Soeren...Avec Kierkegaard et Pascal, la raison est légitime dans la connaissance, mais reste sans force face aux mystères dela Révélation.

Mystiques de la crise contre le pharisaïsme, ces deux penseurs portent l'existence à un point detension et d'exigence sublime.

Avec eux, la chair se fait triste et la foi intransigeante.

Mais, de tels « chevalier (s)de la foi », ne risquent ils pas de devenir des tyrans de l'âme? Que l'on songe ici aux polémiques de Pascal contre lePère Saint Ange ou de Kierkegaard contre les « chrétiens du dimanche ».

Ramener la foi à une espèce d'exigence deraison, tel semble être le dessein de Kant. « C'est par la foi qu'Abraham quitta le pays de ses pères et fut étranger en terre promise.

Il laissa une chose et enprit une autre ; il laissa sa raison terrestre et prit avec lui la foi ; sinon, songeant à l'absurdité du voyage, il neserait pas parti.

[…]« Et Dieu mit Abraham à l'épreuve et lui dit : prends ton fils, ton unique, celui que tu aimes, Isaac ; va-t-en au paysde Morija et là, offre-le en holocauste sur l'une des montagnes que je te dirai.

»Ainsi, tout était perdu, oh ! malheur plus terrible que si le désir n'eût jamais été exaucé ! Ainsi, le Seigneur ne faisaitque se jouer d'Abraham ! Voici qu'après avoir réalisé l'absurde par un miracle, il voulait maintenant voir son œuvre ànéant.

Quelle folie ! […]Mais Abraham crut et ne douta point ; il crut l'absurde.

S'il avait douté, il aurait agi autrement ; il aurait accompli unacte grand et magnifique ; car aurait-il pu faire autre chose ? Il serait allé à la montagne de Morija, il aurait fendu lebois, allumé le bûcher, tiré le couteau – il aurait crié à Dieu : « Ne méprise pas ce sacrifice ; ce n'est pas ce que jepossède de meilleur, je le sais bien ; qu'est-ce en effet qu'un vieillard auprès de l'enfant de la promesse ? Mais c'estle meilleur que je puisse te donner.

Fais qu'Isaac n'en sache jamais rien, afin que sa jeunesse le console.

» Il seserait enfoncé le couteau dans le sein.

Le monde l'aurait admiré, et son nom n'aurait pas été oublié ; mais unechose est d'être admiré, et une autre, d'être l'étoile qui guide et sauve l'angoissé.

[…]Telle était la situation du vieillard devant son unique espérance ! Mais il ne douta point, il ne regarda point d'un œilangoissé à droite ou à gauche, il ne fatigua point le ciel de ses prières.

». »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles