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La raison peut-elle se tromper ?

Publié le 05/03/2004

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La raison est la victime d'un «malin génie» Dieu, qui est source de vérité, ne peut pas vouloir que la raison de l'homme soit trompée. C'est pourquoi il permet à l'homme d'avoir des idées claires et distinctes. La source de l'erreur n'est pas divine. Celle-ci s'explique par l'intervention d'un «mauvais génie». Qui est-il ? Descartes le définit comme une force aussi rusée que trompeuse et puissante. Cette force exprime l'imperfection de l'homme. Mais elle n'invalide pas la puissance de sa raison, laquelle peut toujours, et à condition de penser droitement, méthodiquement, découvrir les chemins qui mènent à la vraie connaissance.   [La raison est capable de déjouer les pièges du «malin génie». Elle peut donc avoir la certitude qu'elle ne se trompe pas.

« [La raison est capable de déjouer les pièges du «malin génie».Elle peut donc avoir la certitude qu'elle ne se trompe pas.Descartes, dans les Méditations, montre comment la raison passe du doute à la certitude.] Même si je doute de tout, je ne peux pas douter que je penseJe peux être le jouet des apparences, je peux être abusé par le «malin génie».

Il demeure une certitude: «Jepense, donc je suis.» Ainsi, plus je doute, plus finalement je renforce la certitude que je suis.

De cettepremière certitude découle une autre certitude: mon âme est une substance pensante distincte du corps.

Ceque prouve l'exemple du morceau de cire: il est changeant, selon que je le chauffe ou le refroidis, et pourtantmon entendement le saisit dans sa permanence: il s'agit toujours de cire.

Cela montre que nous pouvonsconnaître les corps, non en les voyant ou en les touchant, mais parce que notre pensée les conçoit. Cette phrase (« Je pense donc je suis ») apparaît au début de la quatrième partie du « Discours de la méthode », qui présente rapidement la métaphysique de Descartes .

On a donc tort de dire « Cogito ergo sum », puisque ce texte est le premier ouvrage philosophique important écrit en français. Pour bien comprendre cette citation, il est nécessaire de restituer le contexte dans lequel elle s'insère.

Le« Discours de la méthode » présente l'autobiographie intellectuelle de Descartes , qui se fait le porte-parole de sa génération.

Descartes y décrit une véritable crise de l'éducation, laquelle ne tient pas ses promesses ; faire « acquérir une connaissance claire & assurée de tout ce qui est utile à la vie ». En fait, Descartes est le contemporain & le promoteur d'une véritable révolution scientifique, inaugurée par Galilée , qui remet en cause tous les fondements du savoir et fait de la Terre, jusqu'ici considérée comme le centre d'un univers fini, une planète comme les autres.

L'homme est désormais jeté dans un univers infini,sans repère fixe dans la nature, en proie au doute sur sa place et sa fonction dans un univers livré aux lois dela mécanique.

Or, Descartes va entreprendre à la fois de justifier la science nouvelle et révolutionnaire qu'il pratique, et de redéfinir la place de l'homme dans le monde. Pour accomplir cette tâche, il faut d'abord prendre la mesure des erreurs du passé, des erreurs enracinées ensoi-même.

En clair, il faut remettre en cause le pseudo savoir dont on a hérité et commencer par le doute : « Je déracinais cependant de mon esprit toutes les erreurs qui avaient pu s'y glisser auparavant.

Non quej'imitasse en cela les sceptiques, qui ne doutent que pour douter ; car, au contraire, tout mon dessein netendait qu'à m'assurer, et à rejeter la terre mouvante & le sable, pour trouver le roc & l'argile.

» (« Discours de la méthode », 3 ième partie). Ce qu'on appelle métaphysique est justement la discipline qui recherche les fondements du savoir & deschoses, qui tente de trouver « les premiers principes & les premières causes ».

Descartes , dans ce temps d'incertitude et de soupçon généralisé, cherche la vérité, quelque chose dont on ne puisse en aucun casdouter, qui résiste à l'examen le plus impitoyable.

Cherchant quelque chose d'’absolument certain, il vacommencer par rejeter comme faux tout ce qui peut paraître douteux. « Parce qu'alors je désirais vaquer seulement à la recherche de la vérité, je pensais qu'il fallait […] que jerejetasse comme absolument faux tout ce en quoi je pourrais imaginer le moindre doute, afin de voir s'il neresterait point après cela quelque chose […] qui fut entièrement indubitable. » Le doute de Descartes est provisoire et a pour but de trouver une certitude entière & irrécusable. Or il est sûr que les sens nous trompent parfois.

Les illusions d'optique en témoignent assez.

Je dois doncrejeter comme faux & illusoire tout ce que les sens me fournissent.

Le principe est aussi facile à comprendreque difficile à admettre, car comment saurais-je alors que le monde existe, que les autres m'entourent, quej'ai un corps ? En toute rigueur, je dois temporairement considérer tout cela comme faux. A ceux qui prétendent que cette attitude est pure folie, Descartes réplique par l'argument du rêve.

Pendant que je rêve, je suis persuadé que ce que je vois et sens est vrai & réel, et pourtant ce n'est qu'illusion.

Lesentiment que j'ai pendant la veille que tout ce qui m'entoure est vrai & réel n'est donc pas une preuvesuffisante de la réalité du monde, puisque ce sentiment est tout aussi fort durant mes rêves.

Par suite je dois,si je cherche la vérité : « feindre que toutes les choses qui m'étaient jamais entrées en l'esprit n'étaient non plus vraies que l'illusion des songes ». Mais le doute de Descartes va bien plus loin dans la mesure où il rejette aussi les évidences intellectuelles, les vérités mathématiques.

« Je rejetai comme fausses toutes les raisons que j'avais prises auparavant pour démonstrations.

» Nous voilà perdu dans ce que Descartes appelle « l'océan du doute ».

Je dois feindre que tout ce qui m'entoure n'est qu'illusion, que mon corps n'existe pas, et que tout ce que je pense, imagine, sens, meremémore est faux.

Ce doute est radical, total, exorbitant.

Quelque chose peut-il résister ? Vais-je me noyerdans cet océan ? Où trouver « le roc ou l'argile » sur quoi tout reconstruire ? On mesure ici les exigences de rigueur et de radicalité de notre auteur, et à quel point il a pris acte de la suspicion que la révolution. »

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