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Raison et Poésie (Musset contre Boileau)

Publié le 14/02/2012

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musset

 

Boileau a écrit dans l'Art poétique :

Aimez donc la raison, que toujours vos écrits

Empruntent d'elle seule et leur lustre et leur prix.

Musset réplique dans Après une Lecture:

Le jour où l'Hélicon m'entendra sermonner,

Mon premier point sera qu'il faut déraisonner.

Expliquer et discuter les doctrines résumées dans ces vers.

Quand Boileau énonce une doctrine littéraire, nous pouvons le prendre au sérieux et à la lettre; c'est un homme grave qui sait ce qu'il veut et qui pèse ses paroles. Musset est un fantaisiste, non un théoricien qualifié; il s'amuse ici, comme le jour où il retourna le vers fameux :

musset

« les facultes poetiques par excellence - la poesie etant une creation - ne sont-ce point l'imagination et la sensibilite? La raison n'est pas une faculte creatrice, son role est surtout ,d'eclaircir, de diriger, de juger.

Et en pronant la raison, ne bannit-il pas de la poesie l'imagination et la sensibilite? Non, la raison de Boileau n'est pas I'ennemie de ces deux sceurs sans lesquelles it n'est point de poesie.

Boileau vent seulement que la raison, faculte maitresse, domine, coordonne, controle les autres.

Le meme qui a dit : Une merveille absurde est pour moi sans appas; L'esprit n'est point emu de ce qu'il ne croft pas.

...Rien n'est beau que le vrai, le vrai seul est aimable... ...Que la nature done soit votre etude unique...

...Que toujours le bon sens s'accorde avec la rime... est l'auteur de ces vers on se complete sa pens& : 11 faut que le cceur seul parle dans l'elegie... Que dans tons vos discours la passion enme Aille chercher le cceur, l'echauffe et le remue... (a propos de la tragedie) (la poesie epique) Se soutient par la fable et vit de fiction. ...De figures sans nombre egayez votre ouvrage; Que tout y fasse aux yeux une riante image... ...Quelquefois dans sa course un esprit vigoureux, Trop resserre par l'art sort des bornes prescrites, Et de Part meme apprend a franchir leurs limites. Ce legislateur, que volontiers Von represente rognant les wiles au genie, emprisonnant le poke en des regles etroites, n'a point la superstition de ces regles dictees par la raison.

Jamais it n'est ose ecrire, comme Chapelain : « On devient poke par l'etude des regles.

» Reconnaissons pourtant que la doctrine de Boileau, basee sur la predo- minance de la raison manque parfois d'ampleur.

Avec ses contemporains it eut le tort de croire a l'existence d'une Beaute absolue, independante des pays et des temps; it manque de sens historique et certaines de ses appre- ciations s'en ressentent (notre ancien theatre, la poesie avant Malherbe).

Il n'a pas su, comme nos critiques modernes, se faire « une Arne d'ancetre » et s'est figs dans l'ideal antique, criterium pour lui, de toute beaute.

Nean- moins les formules dans lesquelles un Racine, un Moliere, un La Fontaine se sont trouves a l'aise ne meritent pas les sarcasmes d'un Victor Hugo et d'un Alfred de Musset. Ce dernier n'a ni precision ni continuite dans ses theories.

Bien des fois it s'est essays a formuler un credo poetique; impossible de tirer de ses essais une doctrine claire et definitive.

Lui-meme avoue que ses discus- sions avec ses amis n'aboutissent a rien de concluant : « Avec le bon Antony Deschamps, sur le boulevard, j'ai discute de huit heures du soir a onze heures.

Quancl je sors de Chez Nodier ou de chez Achille (Deveria), je discute tout le long des rues avec l'un ou avec l'autre.

En sommes-nous plus avances? Chacun de nous a dans le ventre un certain son qu'il pent rendre comme un violon ou une clarinette.

Tous les raisonnements du monde ne pourraient faire sortir du gosier d'un merle la chanson du sansonnet.

Ce les facultés poétiques par excellence - la poésie étant une création - ne sont-ce point l'imagination et la sensibilité? La raison n'est pas une faculté créatrice, son rôle est surtout (d'éclaircir, de diriger, de juger.

Et en prônant la raison, ne bannit-il pas de la poésie l'imagination et la sensibilité? Non, la raison de Boileau n'est pas l'ennemie de ces deux sœurs sans lesquelles il n'est point de poésie.

Boileau veut seulement que la raison, faculté maîtresse, domine, coordonne, contrôle les autres.

Le même qui a dit : Une merveille absur.de est pour moi sans appas; L'esprit n'est point ému de ce qu'il ne croit pas .

...

Rien n'est beau que le vrai, le vrai seul est aimable ...

...

Que la nature donc soit votre étude unique ...

...

Que toujours le bon sens s'accorde avec la rime ...

est l'auteur de ces vers où se complète sa pensée : Il faut que le cœur seul parle dans l'élégie ...

Que dans tous vos discours la passion émue Aille chercher le cœur, l'échauffe et le remue ...

(à propos de la tragédie) (la poésie épique) Se soutient par la fable et vit de fiction .

...

De figures sans nombre égayez votre- ouvrage; Que tout y fasse aux yeux une riante image ...

...

Quelquefois dans sa course un esprit vigoureux, Trop resserré par l'art sort des bornes prescrites, Et de l'art même apprend à franchir leurs limites.

Ge législateur, que volontiers l'on représente rognant les ailes au geme, emprisonnant le poète en des règles étroites, n'a point la superstition de ces règles dictées par la raison.

Jamais il n'eût osé écrire, comme Chapelain : « On devient poète par l'étude des -règles.

» Reconnaissons pourtant que la doctrine de Boileau, basée sur la prédo­ minance de la raison manque parfois d'ampleur.

Avec ses contemporains il eut le tort de croire à l'existence d'une Beauté absolue, indépendante des pays et des temps; il manque de sens historique et certaines de ses appré­ ciations s'en ressentent (notre ancien théâtre, la poésie avant Malherbe).

Il n'a pas su, comme nos critiques modernes, se faire « une âme d'ancêtre » et s'est figé dans l'idéal antique, critérium pour lui, de toute beauté.

Néan­ moins les formules dans lesquelles un Racine, un Molière, un La Fontaine se sont trouvés à l'aise ne méritent pas les sarcasmes d'un Victor Hugo et d'un Alfred de Musset.

** Ce dernier n'a ni précision ni continuité dans ses théories.

Bien des fois il s'est essayé à formuler un credo poétique; impossible de tirer de ses essais une doctrine claire et définitive.

Lui-même avoue que ses discus­ sions avec ses amis n'aboutissent à rien de concluant : «Avec le bon Antony Deschamps, sur le boulevard, j'ai discuté de huit heures du soir à onze heures.

Quanq je sors de Chez Nodier ou de chez Achille (Dev'eria), je discute tout le long des rues avec l'un ou avec l'autre.

En sommes-nous plus avancés? Chacun de nous a dans le ventre un certain son qu'il peut rendre comme un violon ou une clarinette.

Tous les raisonnements du monde ne­ pourraient .faire sortir du gosier d'un merle la chanson du sansonnet.

Ce. »

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