Devoir de Philosophie

La raison a-t-elle raison de se défier de la croyance ?

Publié le 27/02/2008

Extrait du document

xxx ?

« irrationnelle et d'un point de vue pratique toute croyance déraisonnable.

La raison doit donc se défier de lacroyance car toute croyance a par définition un défaut de preuve rationnelle et est susceptible d'être irraisonnée oude devenir déraisonnable.

Pour autant, la raison a-t'elle raison de se défier de toute croyance? Peut-elleraisonnablement douter de toute forme de croyance, même les plus raisonnables? Mais, une croyance peut-elle êtreraisonnable? Doit-elle rationnellement ne pas accorder sa confiance à toute forme de croyance, même les plusrationnelles? Mais une croyance peut-elle être rationnelle? Une croyance, par essence même, ne cesse-t'elle pasd'être croyance lorsqu'elle devient rationnelle? La raison n'a pas raison de se défier de la croyance car il est déraisonnable que la raison se défie de lacroyance raisonnable.

D'abord, il est déraisonnable que la raison se défie de la croyance car il est déraisonnable de ne pas croire.La raison a raison de se défier de la croyance fanatique, mais doit aussi se défier de l'incroyance démesurée.

Le Don Juan de Molière apparaît comme un être de raison et de liberté par opposition à son valet.

En effet, Sganarelle est le représentant d'une foi populaire traditionnelle, authentique mais mêlée de superstition: il croit en Dieu ou plutôt àDieu, mais aussi au Moine Bourru.

Don Juan lui croit, ou plutôt sait, que « deux et deux sont quatre et que quatre et quatre sont huit »; le mécréant « qui ne croit ni ciel, ni saints, ni Dieu, ni loup-garou » est libre, libéré de la croyance et de la peur du châtiment divin.

Sa profession de foi matérialiste et hédoniste en fait un être de raison et deliberté.

Mais, le libertin qui lance un défi au Ciel est puni de son hybris .

La raison doit donc aussi se défier de l'incroyance déraisonnable.

Puis, il est raisonnable de croire car la croyance est nécessaire à la vie sociale.

Vernant , dans son article «Forme de croyance et de rationalité en Grèce», extrait de Entre mythe et politique , montre que la croyance dans la Grèce antique est le ciment du groupe social.

En effet, les pratiques des rituels servent de règles sociales, lesidoles représentent des pouvoirs sociaux, les mythes sont un système de signes.

La mythologie, comme lacosmogonie et la théogonie, est une croyance collective qui constitue la mémoire collective du groupe et qui a unefonction moralisatrice.

La croyance est relative à une cité donnée et donne sens à la cité.

La religion est politiqueet permet aux citoyens athéniens de se reconnaître dans un croire commun.

Du reste, cette croyance estraisonnable puisqu'elle n'est pas dogmatique.

Ainsi, la raison n'a pas raison de se défier de la croyance raisonnablequi a une fonction sociale.

D'ailleurs, on peut craindre, avec Dostoïevski dans Les frères Karamazov , que « si Dieu n'existait pas, tout serait permis », c'est-à-dire que l'incroyance entraîne l'extinction de la loi morale et conduise à l'anarchie; en sorte que l'homme rationnel a inventé Dieu pour pouvoir vivre avec autrui: Dieu est nécessaire à la viesociale.

La raison n'a pas raison de se défier de la croyance raisonnable car la croyance est une conditionnécessaire au vivre ensemble.

Plus encore, il est raisonnable de croire car la croyance est nécessaire à la vie elle-même.

La raison nepeut pas ne pas accorder sa confiance à la croyance raisonnable car l'homme ne peut pas ne pas croire.

Lacroyance est le moteur de la pensée et de l'action.

La raison ne peut pas discréditer raisonnablement la foipragmatique.

L'homme a besoin de croire en un idéal pour s'engager en politique; en tant que citoyen cosmopolite ildoit croire en une paix possible pour militer contre la guerre.

Il doit croire finalement pour donner du sens à sonexistence, de la saveur à sa vie, puisque sa condition peut apparaître absurde.

Ne doit-il pas croire en lui-même etne doit-il pas croire en l'autre pour partager un projet de vie avec l'être aimé.

La croyance est l'expression la plusvive de la liberté humaine, de l'homme qui invente à sa guise des possibilités de vie et qui croit sans cesse en lui eten l'autre pour vivre en harmonie avec lui-même et en paix avec les autres.

Même la superstition peut devenirraisonnable puisque la superstition est en quelque sorte la prudence des ignorants qui s'emploient à se concilier et àse prémunir des forces «surnaturelles» de la nature.

Si, malgré ses progrès, la science reste impuissante face àcertaines croyances préscientifiques indéracinables, c'est que la superstition est un sentiment proprement humainqu'il est peut-être déraisonnable de trop contrarier sous peine d'enlever une part d'humanité à l'homme.

La raison n'adonc pas raison de se défier de la croyance raisonnable car elle est une condition nécessaire à la vie de l'hommerationnel qui pense librement et agit raisonnablement.

Enfin, il est raisonnable que la raison se défie de la raison déraisonnable.

Dans Collines de Giono , le sourcier Janet est tenu pour responsable de l'hostilité de la nature –tarissement de la fontaine, maladie mystérieuse deMarie, incendie des collines- et considéré comme un sorcier par la communauté villageoise.

Certes, sa croyancearchaïque et superstitieuse est à bannir puisqu'il n'est ni raisonnable ni rationnel de croire que des serpents sortentde nos doigts.

Mais, la raison a aussi des principes déraisonnables: l'homme rationnel, pour s'arracher de sonanimalité, fait violence à la nature pour la dominer.

Cette lutte incessante entre l'homme de raison et la Nature adétruit la fusion de l'être vivant avec sa Terre-Mère.

La raison doit donc se défier d'elle-même pour ne pasdégénérer en rationalisme déraisonnable.

Ainsi, même si la raison a raison de se méfier de la croyance elle ne doit pas se défier de la croyanceraisonnable.

La raison doit accorder du crédit à la croyance raisonnable car elle est nécessaire à la vie de l'hommeen tant qu'être qui pense librement et agit raisonnablement mais aussi à la vie de la communauté humaine qui croitensemble au progrès de la raison.

Mais, si une croyance raisonnable est-elle pour autant rationnelle? En tant quefaculté d'agir, la raison ne doit pas se défier de la croyance raisonnable qui est moteur de l'agir.

Mais, en tant quefaculté de connaître, la raison ne doit-elle pas se défier de la croyance qui est irrémédiablement insuffisanceobjective? Même si la raison n'a pas raison de se défier de la croyance raisonnable d'un point de vue pratique, n'a-t'elle pas raison de se défier de la croyance d'un point de vue théorique? La raison n'a pas raison de se défier de la croyance car il est irrationnel que la raison se défie de la foirationnelle.

Il est irrationnel que la raison se défie de la foi car la raison a besoin de la croyance.

La croyance estnécessaire au savoir rationnel car la croyance est le moteur de la recherche de la vérité.

Dans la Vie de Galilée de Brecht , Galilée croit ce qu'il voit et combat contre une croyance religieuse aveuglante qui cherche à préserver. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles