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La recherche du temps perdu ?

Publié le 14/02/2011

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  « Vert paradis des amours enfantines «, « Recherche du temps perdu «, « Peau de chagrin « : autant d'expressions rendues célèbres par les écrivains et qui témoignent de l'importance du temps dans l'existence humaine. Importance paradoxale qui fait que, si, par essence, le présent nous échappe — « nous ne vivons jamais mais nous espérons de vivre « affirmait Pascal —, nous sommes constamment tendus entre le désir du futur et la recherche du passé dès que l'expérience a remplacé l'espérance. Il n'empêche que cette quête du passé, loin d'être une « forme d'immobilisme « comme le suggère Gustave Thibon, est sans doute l'expression même du mouvement et témoigne d'une recherche de la permanence face à l'écoulement du temps.

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« Et pourtant, n'est-ce point ce même Apollinaire qui dans le refrain de ce même poème affirme : « Vienne la nuit sonne l'heure Les jours s'en vont je demeure » « Je demeure » : parole de défi et de victoire.

De défi à la divinité — seule immortelle — et de victoire sur un tempsque l'on sait pourtant armé de sa faux mortelle.

Défi victorieux que Nerval résume dans une note du Carnet deDolbreuse : « Je ne demande pas à Dieu de rien changer aux choses mais de me rechanger relativement à elles, de diriger monrêve éternel au lieu de le subir.

Alors il est vrai, je serai Dieu! » Cette démiurgie de l'artiste — dont l'œuvre est une sorte de témoignage victorieux (cf.

la fin de la Rechercheproustienne) — manifeste néanmoins l'écart entre le vécu et le rêvé ou plus exactement entre le quotidien et l'art.L'exemple de Nerval, tout à la fois vainqueur et vaincu, montre assez bien l'ambiguïté de la lutte engagée contre letemps. 3.

« S'affranchir des conditions du temps et de l'espace » (Aurélia) Bien qu'il n'ait pas écrit de « mémoires », Nerval (1808-1855) est l'un des écrivains que le temps a le plus obsédé :toute son œuvre en est d'ailleurs imprégnée, des poésies (Les chimères) où le je se masque derrière de nombreusesfigures mythiques (et donc tente de vaincre le temps en endossant l'identité de ceux qui par définition échappent àson emprise : le Christ, Orphée, Antéros, etc.) aux récits (Sylvie, Aurélia) qui se construisent selon un savantagencement de l'ordre temporel.

L'exemple de Sylvie montrera comment le vécu s'oppose au narré et commentl'expérience de l'échec de la vie outre la porte de la réussite littéraire. Histoire d'amour, Sylvie conte l'impossible choix d'un narrateur épris dans le présent d'une actrice inaccessible(Aurélie).

Or, une expérience de mémoire involontaire (la lecture d'un article de journal qui réveille les souvenirsd'enfance) révèle au héros que l'amour d'aujourd'hui a son germe dans un amour enfantin pour une fillette promisepar sa famille à la vie religieuse (Adrienne).

Entre un passé consacré et un présent intouchable, apparaît unetroisième figure féminine, Sylvie, la petite paysanne oubliée depuis longtemps et que le journal vient de ramener à laconscience du narrateur.

C'est donc vers elle que celui-ci se tourne, espérant retrouver aujourd'hui la Sylvie d'hier :quête de la permanence donc, qui se heurte bien vite à une réalité décevante.

Les gens, mais aussi les lieux ontchangé : rien de ce qui fut n'est encore et le narrateur n'a plus qu'à rejoindre son impossible rêve dans la seuleréalité qui soit : l'écriture.

De ce point de vue Sylvie marque le premier triomphe de la littérature sur la vie : lastructure même du texte qui « télescope » les époques en permanence montre que le temps peut être dominé...

dumoins si l'on admet — comme Nerval le démontrera dans Aurélia — que la vie ne se réduit pas qu'au seul vécu. A la demande du poète : « O temps suspends ton vol ! » une seule réponse peut être apportée, elle aussi du domaine de la parole : si le temps use (voir Les regrets de DuBellay), tue (voir Les dames du temps jadis de Villon), nous rappelant ainsi notre « humaine condition », il est aussile témoignage du génie de l'homme et de ce qui fait sa grandeur : l'Idée qui transforme l'indomptable et insaisissableennemi en un système cohérent et organisé, humain donc : la syntaxe temporelle. REMARQUE Il aurait été possible de développer la troisième partie en prenant un autre écrivain pour modèle (Rousseau,Chateaubriand, Baudelaire, Proust) ou même en analysant le mythe de Faust.

Pour de plus amples documents,consulter Approches littéraires, Bordas, tome I, chapitre 8, pp.

303-356, qui donne de nombreux textes avecanalyses sur ce sujet.

On pourra aussi se reporter au volume de Pierrette-Nicole Nagy, Le temps, coll.

« Thèmes etparcours littéraires », Hachette.. »

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