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La recherche de la vérité peut-elle se passer du doute ?

Publié le 02/03/2005

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L'homme ,est un animal doué de raison. La célèbre phrase de Descartes qui ouvre le Discours de la méthode nous le rappelle : « Le bon sens est la chose du monde la mieux partagée ». Bien avant Descartes, Cicéron affirmait Vivere est cogitare, « Vivre c'est penser ». Cette raison cherche des certitudes. Quel est alors le rôle du doute dans cette quête de la vérité ? L'exercice du doute construit-il ou fait-il renoncer à la vérité ? La recherche de la vérité peut-elle se passer du doute ?

« Pouvons-nous nous satisfaire d'une telle attitude ? Que faut-il penser du scepticisme ? A l'exemple de ceux qui «prouvaient le mouvement en marchant » nous pourrions alléguer le fait que la science moderne a réfuté lescepticisme en affirmant des « vérités » qui font aujourd'hui l'accord de tous les esprits compétents.

Mais plusfondamentalement on peut remarquer que le scepticisme se contredit en s'énonçant : car il se donne pour la vraiethéorie de la connaissance.

Poser comme vérité que la vérité est inaccessible, c'est au moins reconnaître une véritéet par là démentir sa propre thèse.

Toute pensée qui s'énonce vise une vérité, se reconnaît faite pour la Vérité, ettend à poser implicitement sa propre valeur. TRANSITION: Scepticisme antique et doute cartésien. On sait que les « Méditations » de Descartes commencent, elles aussi, par l'exercice d'un doute absolu : Descartesrejette le témoignage des sens (en rêve on croit voir, entendre, bouger et ce n'est qu'illusion).

Il rejette même lesvérités mathématiques (car il peut se faire qu'un « malin génie » tout-puissant s'amuse à me tromper dans toutesmes pensées).Mais ce doute cartésien s'oppose radicalement au doute sceptique.

D'abord le doute cartésien est provisoire (ilprend fin lorsque Descartes s'aperçoit qu'il peut douter de tout sauf du fait même qu'il pense et qu'il doute : etcette évidence invincible : je pense donc je suis est une première vérité d'où bien d'autre vont jaillir).C'est un doute volontaire, un doute « feint », dit Descartes dont la fonction est d'accoutumer « l'esprit à sedétacher des sens » (« abducere mentem a sensibus ») et même de tout objet de pensée pour révéler en sa puretél'acte même de penser.

Le doute cartésien a la valeur d'une pédagogie de l'ascèse qui vise à nous délivrerprovisoirement des pensées pour révéler que nous avions l'esprit que nous sommes.

Le doute cartésien estméthodique (le malin génie n'est lui-même qu'un « patin méthodologique » (Gouhier), c'est une technique mise auservice de la recherche du vrai.Le doute cartésien est un doute optimiste et héroïque, un déblaiement préalable qui précède la construction del'édifice philosophique, une décision volontaire de faire table rase de toutes les connaissances antérieures pour bâtirune philosophie nouvelle. [II — Le doute cartésien : méthode pour accéder à la vérité] Loin d'envisager le doute comme renoncement définitif à la vérité, Descartessuspend radicalement mais provisoirement son jugement.

Au doute négatifdes sceptiques, il oppose le doute méthodique.

Descartes va interroger sesconnaissances, faire table rase de tout ce qu'il sait, se méfier des préjugés etchercher sur quoi asseoir la vérité.

Mais il insiste bien sur la ponctualité de cedoute : une fois dans sa vie, douter de tout.Ce procédé va permettre d'établir la vérité sur des bases inébranlables :puisque le doute est radical, extrême, la vérité à laquelle il entend parvenirsera elle aussi une vérité indubitable.

Le doute apparaît comme une étapenécessaire de la pensée et non un renoncement stérile.Toute idée qui résistera au doute sera vraie : la première idée vraie est lecogito.

En effet, même si tout est un leurre (la connaissance, le monde, moi-même), même si tout est faux, illusoire, il est indubitable que je pense cefaux.

Douter est le signe de la pensée.

Pour douter, il faut penser le doute :la pensée est la première vérité sur laquelle repose toutes les autres.

Ledoute est ainsi le succès de la raison, puisque c'est dans cet effortdangereux que je reconnais la force de la raison.Douter n'est pas renoncer à la vérité mais un instrument pour trouver lavérité. La phrase (« Je pense donc je suis ») apparaît au début de la quatrième partie du « Discours de la méthode », qui présente rapidement la métaphysique de Descartes .

On a donc tort de dire « Cogito ergo sum », puisque ce texte est le premier ouvrage philosophique important écrit en français. Pour bien comprendre cette citation, il est nécessaire de restituer le contexte dans lequel elle s'insère.

Le« Discours de la méthode » présente l'autobiographie intellectuelle de Descartes , qui se fait le porte-parole de sa génération.

Descartes y décrit une véritable crise de l'éducation, laquelle ne tient pas ses promesses ; faire « acquérir une connaissance claire & assurée de tout ce qui est utile à la vie ». En fait, Descartes est le contemporain & le promoteur d'une véritable révolution scientifique, inaugurée par Galilée , qui remet en cause tous les fondements du savoir et fait de la Terre, jusqu'ici considérée comme le centre d'ununivers fini, une planète comme les autres.

L'homme est désormais jeté dans un univers infini, sans repère fixe dansla nature, en proie au doute sur sa place et sa fonction dans un univers livré aux lois de la mécanique.

Or,Descartes va entreprendre à la fois de justifier la science nouvelle et révolutionnaire qu'il pratique, et de redéfinir la place de l'homme dans le monde. Pour accomplir cette tâche, il faut d'abord prendre la mesure des erreurs du passé, des erreurs enracinées en soi-même.

En clair, il faut remettre en cause le pseudo savoir dont on a hérité et commencer par le doute :. »

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