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Reconnaît-on l'artiste à son savoir-faire ?

Publié le 27/02/2005

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Il convient de montrer en quoi le savoir-faire peut être caractéristique d'un artiste, mais aussi de demander si ce savoir-faire peut fournir un critère permettant d'évaluer un artiste. Cette interrogation doit permettre de dégager le problème essentiel, qui est celui de savoir si l'on peut faire du savoir-faire le critère même de l'art.

Introduction

Oui, on reconnaît l'artiste à son savoir-faire

A - Le savoir-faire permet d'identifier un artiste ou un courant artistique B - Le savoir-faire fournit un critère pour apprécier la valeur d'un artiste

Non, on ne reconnaît pas l'artiste à son savoir-faire

A - L'artiste se reconnaît à son génie B - La reconnaissance, comme appréciation d'un artiste, n'est pas un problème technique

La reconnaissance du statut nécessaire du savoir-faire

A - Le savoir-faire est nécessaire à l'innovation et au développement des règles de production B - La maîtrise technique est une condition nécessaire de la création artistique C - Ce savoir-faire doit être ouvert aux nouveaux possibles Conclusion

« Introduction Demander si l'on reconnaît l'artiste à son savoir-faire, c'est interroger la pertinence du savoir-faire comme critère dedistinction d'un artiste et de l'art en général.

On met parfois en avant le savoir-faire d'un artiste,un sens aigu de la couleur, ou une grande économie de moyens, comme caractéristiques permettant de reconnaîtreson travail.

Mais quel est le sens de cette reconnaissance? Il semble qu'elle soit double: le savoir-faire permettrait àla fois d'identifier et d'évaluer un artiste.

Le savoir-faire est-il donc le critère essentiel de l'évaluation d'un artiste? Sic'est le cas, ne faut-il pas en conclure que c'est ce même critère qui caractérise les beaux-arts en général? Eneffet, si le savoir-faire permet de reconnaître l'artiste en tant qu'artiste, alors c'est qu'il intervient de manièreessentielle dans la définition même de l'art.

Or, la difficulté réside dans le fait que le savoir-faire apparaît égalementcomme un critère d'évaluation de l'artisan ou du technicien.

D'où le problème: comment distinguer les beaux-artsdes productions techniques en général si leur critère d'évaluation est identique? Il importe donc d'examiner et depenser le statut réel du savoir-faire dans l'art. 1.

Oui, on reconnaît l'artiste à son savoir-faire. A.

Le savoir-faire permet d'identifier un artiste ou un courant artistique. Si le savoir est à lui-même sa propre fin, le savoir-faire s'en distingue en ce qu'il est entièrement tendu vers safinalité, qui est de produire.

C'est un savoir qui mobilise à la fois des connaissances théoriques et des connaissancespratiques: il implique d'une part la connaissance des règles techniques de production et d'autre part une certaineexpérience, voire une certaine habileté dans la mise en oeuvre de ces règles.

La plus ou moins grande maîtrise dansle savoir-faire est donc toujours particulière à un producteur donné.Cette particularité permet de caractériser un artiste.

Le savoir-faire peut en effet être spécifique à un artiste ou uncourant artistique.

C'est pourquoi il permet une reconnaissance: on peut dater une oeuvre, l'attribuer à un artisteou une époque spécifique de l'histoire de l'art, grâce à la reconnaissance du type de savoir-faire employé.

La plus oumoins grande maîtrise du point de fuite et des techniques de la perspective permet par exemple de reconnaître unpeintre de la Renaissance, de le situer dans la peinture de l'époque.

Le reconnaître, c'est montrer en quoi satechnique participe spécifiquement de la peinture de la Renaissance, mais c'est aussi lui attribuer une valeur au seinde ce courant.

C'est ainsi que Vasari, dans les Vies des meilleurs peintres, sculpteurs et architectes, inventorie lesartistes de la Renaissance.

Pour Vasari, Giotto et Cimabue marquent les prémisses de la Renaissance, mais Giotto asu, dans son savoir-faire et son rendu de l'espace, dépasser l'enseignement de son maître.

Autrement dit, on voit icique le savoir-faire d'un artiste peut même devenir un critère de reconnaissance, en un sens valoriel. B.

Le savoir-faire fournit un critère pour apprécier la valeur d'un artiste. Si la reconnaissance d'un savoir-faire peut prendre la forme d'un jugement de valeur, on peut en conclure que lesavoir-faire est un critère pour évaluer l'art d'un artiste.

Reconnaître un artiste, c'est ici le distinguer et le célébrergrâce à un processus d'évaluation.

C'est ainsi que la légende, depuis l'Antiquité, célèbre Zeuxis pour son savoir-fairedans l'art du trompe-l'oeil.

De même, de nos jours, on distingue parfois un cinéaste en raison de la virtuosité de sesmouvements de caméra.

L'habileté, voire la virtuosité dans le savoir-faire, devient ainsi le critère même de l'art.C'est là le sens de l'expression: faire «avec art».

L'art désigne ici une habileté dans le savoir-faire, une habileténative ou acquise, qui distingue un artiste.

Ce savoir-faire se rapproche ainsi de la notion de style.

En célébrant lesavoir-faire d'un artiste, on loue la particularité qu'il a dans sa manière de s'engager dans une oeuvre.

Le savoir-faire apparaît ici comme le résultat d'une tension entre un savoir général et une manière particulière de faire.

Unrésultat qui signe la particularité de l'artiste et permet son évaluation. Conclusion et transition. Mais ce savoir-faire suffit-il à faire l'artiste? Hegel, dans l'Esthétique, remet en question l'habileté, dans le savoir-faire de l'imitation de la nature, comme critère de distinction.

Une telle habileté est vaine, et ne peut procurerqu'une satisfaction passagère, de l'ordre de la surprise ou de la curiosité.

Or le plaisir esthétique est intense etdurable.

En outre, comment distinguer l'artiste de l'artisan ou du technicien si l'on fait de l'habileté dans le savoir-faire le critère de reconnaissance des beaux-arts? Tout artisan, en tant qu'il produit des objets, se caractérise luiaussi par son savoir-faire.

On distingue pourtant les productions de l'artiste et celles de l'artisan.

Il semble donc quele critère du savoir-faire ne suffise pas à reconnaître et distinguer les beaux-arts comme tels. 2.

Non, on ne reconnaît pas l'artiste à son savoir-faire A.

L'artiste se reconnaît à son génie. Si l'on veut penser la distinction entre l'artiste et l'artisan ou le technicien, c'est le génie qui apparaît comme lecritère spécifique des beaux-arts.Ce qui fait la spécificité de l'artiste et signe son talent, ce n'est pas son savoir-faire comme habileté technique,. »

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