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LA RÉFLEXION

Publié le 20/03/2011

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   A) Réflexion et spontanéité    « Nous sommes d'abord déterminés à agir sans nous être rendu compte des moyens que nous mettons en usage, dit Cabanis (idéologue du XVIIIe siècle), sans nous être même fait une idée précise du but que nous voulons atteindre. « (Cette analyse caractérise les mouvements spontanés intervenant sans réflexion.)    « Ce n'est qu'après des essais réitérés que nous comparons, que nous jugeons, que nous faisons des choix. Cette marche est celle de la nature, elle se retrouve partout. Nous commençons par agir. Ensuite nous soumettons à des règles nos motifs d'action. La dernière chose qui nous occupe est l'étude de nos facultés et de la manière dont elles s'exercent. «    C'est un premier aspect de la réflexion, mais toute pensée attentive ne mérite cependant pas le nom de réflexion. La véritable réflexion, c'est la pensée qui prend pour objet l'acte même de penser, c'est la pensée retournée sur elle-même, qui se réfléchit. Il y a une pensée spontanée avant la réflexion, comme il y a une technique avant la science et des exercices physiques qu'on pratique avant d'avoir des connaissances physiologiques. De l'action, réussite ou échec, on tire peu à peu des règles pour bien faire. Passé le cap des besoins indispensables à la subsistance, et de l'organisation primaire de l'existence, l'homme a essayé de ressaisir par la pensée l'acte même de la pensée. Dès qu'ils en ont le loisir, les hommes essaient de réfléchir, mais cette activité est anti-naturelle et artificielle car la conscience naturellement orientée vers l'objet doit remonter vers le sujet; la philosophie est donc par son essence même difficile et complexe. Philosopher est un acte double : il faut penser sur le mécanisme de la pensée, être à la fois le rayon incident et le rayon réfléchi.

« connaissances qui viennent à lui, sans exception, qu'elles lui viennent des sens ou de l'entendement, qu'ellesconcernent le monde extérieur, ou le sentiment de sa propre existence : « Quand je rêve, j'ai l'impression que je vis;qu'est-ce qui me prouve que lorsque je vis, je ne rêve pas? » Il écarte tout ce en quoi il peut imaginer le moindredoute, et ne veut s'arrêter que sur une proposition qu'il lui soit impossible de mettre en doute : « Je suppose doncque toutes les choses que je vois sont fausses; je me persuade que rien n'a jamais été de tout ce que ma mémoire,remplie de mensonges, me représente.

Je pense n'avoir aucun sens (organe des sens); je crois que le corps, lafigure, l'étendue, le mouvement et le lieu ne sont que des fictions de mon esprit.

» (Descartes, deuxièmeméditation). Ce doute est métaphysique, hyperbolique, méthodique.

Doute métaphysique : c'est un doute en pensée, un douteabstrait (en vérité, il croit à la vie). Doute méthodique : il doute par méthode (en réalité, il n'est pas un anxieux).

Doute hyperbolique : c'est un douteexagéré délibérément; tout ce dont on peut douter est déclaré faux (ce doute reste purement intellectuel; dans laréalité, il ne doute pas, car il n'est pas fou). Le doute cartésien est l'étonnement poussé très loin; c'est une mise en branle de la réflexion. 4° Kant, lui, part d'une réflexion sur des propositions mathématiques d'une banalité déconcertante : la ligne droiteest le plus court chemin d'un point à un autre; 7 + 5 = 12.

C'est de ces deux propositions que Kant va s'étonner.

Ce sont là deux exemples de jugements synthétiques a priori;la réunion de ces deux propriétés constitue le paradoxe.

En effet un jugement peut-être : synthétique ouanalytique, a priori ou a posteriori. Jugement analytique.

« J'appelle jugement analytique celui dans lequel le prédicat (en grammaire, l'attribut) estinclus dans le sujet; exemple : l'homme est raisonnable; les corps sont étendus.

» L'idée de corps contient l'idéed'étendue; le prédicat a explicité la pensée, mais ne l'a pas enrichie. Jugement synthétique.

« J'appelle synthétique tout jugement dans lequel le prédicat énonce une qualité qui n'étaitpas partie intégrante du sujet; exemple : les corps sont pesants.

» Étendus n'ajoutait rien à corps, mais pour Kantla notion de poids apporte du nouveau; c'est une autre notion que la notion de corps.

Nous ne nous sommes pasbornés à décomposer, analyser le concept, nous y avons ajouté quelque chose; nous avons fait une synthèse. Jugement a priori.

C'est un jugement indépendant de l'expérience, qui peut être formulé sans qu'on recoure àl'expérience; exemple : affirmation de l'identité : 2 + 2 = 4. Jugement a posteriori : jugement qu'on peut formuler après expérience, qui s'appuie sur l'expérience; exemple : labaleine est un mammifère. Deux combinaisons n'offrent aucune difficulté : — le jugement analytique a priori : un jugement qui, par le prédicat n'a rien ajouté au sujet ne demande pasd'expérience. — le jugement synthétique a posteriori : un jugement qui par le prédicat ajoute quelque chose au sujet, nécessiteune expérience, s'appuie sur l'expérience. Mais peut-il exister un jugement analytique a posteriori? Le cas ne se présente pas.

Au contraire, le jugementmathématique, selon Kant, est à la fois synthétique et a priori.

D'une part, c'est un jugement synthétique puisqu'ilétend nos connaissances.

Il les étend si bien que les propriétés arithmétiques de 12 ne sont pas celles de 7 ou de 5.12 est tout à fait nouveau par rapport à 5 ou à 7.

Mais d'autre part, ce même jugement 7 + 5 = 12 est a priori,c'est-à-dire qu'il ne s'appuie pas sur l'expérience, il est nécessaire en lui-même, en tant qu'opération rationnelle.

Jepeux bien compter 5, 7 et 12 sur des objets matériels, mais ce ne sont pas les objets matériels qui font la vérité del'opération de 5 + 7 = 12.

De la même manière, en affirmant que la ligne droite est le plus court chemin d'un point àun autre, l'esprit a ajouté, sans recours à l'expérience un prédicat quantitatif (car « le plus court » représente unequantité) à un sujet qualitatif, car la notion de ligne droite représente une qualité : c'est un jugement synthétique,et a priori. Comment se fait-il que la raison puisse ajouter sans expérience un élément nouveau? C'est là quelque chose de trèssurprenant.

En effet tout ce qui est apporté de nouveau dans la pensée vient en général de l'expérience danslaquelle on découvre quelque chose d'inconnu jusqu'alors; par contre, ce qui vient de la raison n'apporte pasd'habitude du nouveau, mais se borne à répéter ce qui a été déjà acquis.

L'expérience aussi fera constater que laligne droite est la plus courte; c'est une vérification, mais sans faire l'expérience on le sait déjà, car c'est une notionévidente, dit Kant, d'après l'espace euclidien.

L'expérience a peut-être été l'occasion de la découverte de cetteréalité, mais cette vérité ne tire pas son exactitude de l'expérience; c'est à propos de l'expérience qu'on prendconscience de vérités qui sont vraies indépendamment de l'expérience; l'expérience est le révélateur d'une véritéinnée 1 (la notion d'inné n'implique pas la manifestation immédiate; exemple : la barbe est innée chez l'homme).. »

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