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LA RÉFORME DE LA POÉSIE AU XVIIe siècle

Publié le 20/05/2011

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MALHERBE. — SES DISCIPLES, SES ADVERSAIRES

I. — Malherbe (1555-1628).

État de la poésie française vers 1600. — Emporté par son génie propre, Ronsard avait fait violence à l'esprit et à la langue. Ses disciples, les d'Aubigné, les du Bartas avaient exagéré ses défauts. Il en résultait, dans le public, une certaine fatigue. De là, le succès de poètes de second ordre comme Desportes et Bertaut, et surtout celui de Malherbe, où l'on se plut à retrouver des qualités toutes françaises.

Vie et caractère. — François de Malherbe, né à Caen en 1555, fit d'abord des études de droit, qu'il compléta dans des universités étrangères (Heidelberg, Bâle). Puis il s'attacha à la personne de Henri d'Angoulême, grand-prieur de France, lieutenant du gouverneur de Provence.

« Honorat de Bueil, seigneur de Racan (1589-1670).

— Officier, puis gentilhomme campagnard, retiré dans sonchâteau de la Roche-Racan, en Touraine, Racan mena la vie large et aisée d'un « honnête homme » qui fait des verssimplement pour se divertir.

Nous signalons plus loin sa pastorale dramatique, les Bergeries, jouée en 1618.

Il publiades Odes, des Psaumes et des Stances, où l'on découvre un sincère sentiment de la nature et une doucemélancolie.

Ses vers ont une souplesse harmonieuse et un peu molle.François Maynard (1582-1646) était, au dire de Malherbe, celui de ses disciples qui faisait le mieux les vers.

Dans laBelle Vieille, il exprime des sentiments d'une profondeur touchante.

C'est un versificateur d'une aisance vraimentfrançaise; la rime lui donne de la précision sans jamais lui causer de gêne.Mais les vrais disciples de Malherbe sont les grands poètes du xvne siècle : Racine, La Fontaine, Boileau, Molière. III.

— Adversaires de Malherbe. Les théories de Malherbe furent vivement attaquées par les poètes fidèles à la mémoire de Ronsard : Desportes,Bertaut, Régnier, Théophile de Viau, Saint-Amant, etc.Desportes (1546-1606), oncle de Mathurin Régnier, est le vrai précurseur de Malherbe, qui pourtant ne l'estimaitguère.

Il se distingue par une certaine netteté de pensée, de style et de versification, surtout dans ses Psaumes(1603); et, quoiqu'il fût grand admirateur de Ronsard, il se rattacherait plutôt à ce qu'il y a de meilleur chez Marot.Sa langue est pure; s'il imite l'esprit italien, il écrit toujours en français. Bertaut (1552-1611) fut premier aumônier de Marie de Médicis, et évêque de Séez.

Il a composé des Cantiques, desÉlégies, des Épîtres.

Il a plus de délicatesse et de sentiment que Desportes. Mathurin Régnier (1573-1613).

— Neveu de Desportes, Régnier fut attaché à la personne du cardinal de Joyeuse,qu'il accompagna dans ses fréquents voyages à Rome.

Mais il ne sut pas plaire à son puissant maître, et il revint àParis, où il semble avoir mené une vie assez vagabonde.

A la mort de son oncle, il n'hérita d'aucun de ses bénéfices;il finit seulement par obtenir un canonicat, à Chartres (1609). Les Satires de Régnier.

— Régnier a composé seize satires, dont les principales sont : — II.

Les Poètes (très piquanttableau de la vie du poète telle qu'elle est, et telle que la voudrait Régnier; — III.

La Vie de Cour (à comparer avecle Poète courtisan de J.

du Bellay); — VIII.

L'Importun ou le Fâcheux (imitée d'Horace); — IX.

A Nicolas Rapin(contre Malherbe); — X.

Le Souper ridicule (à comparer avec Boileau, Satire III) ; — XIII.

Macette ou l'Hypocrite. Originalité de Régnier.

— Régnier continue la tradition des satiriques du moyen âge et du XVIe siècle; il a pourancêtres Jean de Meun, Villon, Marot, mais il y joint une singulière faculté d'observation, développée dès l'enfance,dit-il, par son père; un sens du pittoresque et du réel qu'aucun écrivain n'avait possédé depuis Villon, si ce n'est Rabelais; une verve drue et copieuse, qui contraste avec la sécheresse deMalherbe.Il ne faut pas chercher dans les satires de Régnier une philosophie, ni mêmeune morale.

— Mais Régnier excelle à peindre, et il nous u laissé comme unegalerie de personnages vivants : le courtisan (Sat.

III); le pédant crasseux(Sat.

X); Macette (Sat.

XIII) : ce dernier portrait est le chef-d'oeuvre deRégnier, et cette soeur aînée de Tartuffe est une création de génie.Régnier critique littéraire.

— La satire IX, à Rapin, est un réquisitoire en règlecontre Malherbe et son école.

Les attaques de Régnier portent sur deuxpoints essentiels : — Malherbe, faible d'invention, froid à l'imaginer, refuse aupoète le droit de se laisser aller où la verve l'emporte ; — en second lieu,Malherbe cherche de puériles chicanes de langue et de métrique à desécrivains comme Ronsard, du Bellay, Desportes, qui sont poètes au vrai sensdu mot.

Quant à lui, Malherbe, ce n'est qu'un grammairien, qu'un regratteurde syllabes.

— Régnier proteste donc en faveur de la liberté du poète, quidoit pouvoir, à son gré et selon ses sujets, user de tous les vocabulaires etde tous les styles. Style de Régnier.

— Régnier a un vocabulaire riche, pittoresque, où le mot faitimage et tableau.

Il dialogue à merveille, comme un poète comique.

Et quandla verve ou la colère le soutiennent, il va jusqu'à l'éloquence.

Mais quand ilveut raisonner, ou définir, ou moraliser, sa syntaxe est lourde et embarrassée.Théophile de Viau (159o-1626) eut une existence très agitée et très malheureuse.

Mais, de son vivant, et pendantquelques années après sa mort, il eut une très grande réputation.

C'était un lyrique.

On citera toujours le Matin et laSolitude, pour le sentiment exquis de la nature, et pour l'impression toute personnelle qui s'en dégage.

Théophileécrivait, d'ailleurs, avec une facilité tantôt heureuse, tantôt négligée.

Il a dit, contre Malherbe : « Jamais un bon. »

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