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Le refus de la pensée de la mort

Publié le 15/01/2004

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Heidegger, Être et Temps, 1927. « [La] condition nécessaire à la possibilité même d'une évolution, c'est la mort. Non pas la mort venue du dehors, comme conséquence de quelque accident. Mais la mort imposée du dedans, comme une nécessité prescrite, dès l'oeuf, par le programme génétique même. » François Jacob, La Logique du vivant, 1970.La mort est en effet inscrite dans le programme génétique de toute cellule vivante. C'est elle qui rend la reproduction (et donc la perpétuation de l'espèce) possible. Sans la mort, il n'y aurait pas de vie. « La croyance à la nécessité interne de la mort n'est peut-être qu'une de ces nombreuses illusions que nous nous sommes créées pour nous rendre "supportable le fardeau de l'existence". » Freud, Essais de psychanalyse, 1923.

« B.

La philosophie, méditation de la vie • Pour répudier la pensée de la mort, peut-être faut-il se placer à un niveau supérieur, celui de l'existence sensible.C'est ce que fait Spinoza lorsqu'il affirme, dans L'Éthique (1677), que l'homme libre ne pense jamais à la mort et que« sa sagesse est une méditation non de la mort mais de la vie ». Si Épicure pulvérise l'idée même de mort et centre toute l'existence humaine autour du désir' et des forces de vie, s'appuyant sur cette énergie de la vie, Spinoza, lui aussi, voit dans la sagesse une méditation de la vie, et non point de la mort.

La philosophie, montre Spinoza, n'est point une méditation sur la mort, mais sur la vie, sur Dieu conçue comme totalité du monde, sur l'Espritdans sa plénitude.

Si je me relie à l'ensemble des êtres, alors, appréhendant la totalité du réel, je me saisis comme éternel.

La pensée de la mort est inséparable d' une vision en quelque sorte «égoïste» des choses, privilégiant le moi particulier au lieu de se diriger vers l'Universel, vers la vérité de l'Esprit qui ordonne le monde.

La mort n'a donc pas de réalité positive.

Nulle raison de laméditer.

Le salut consiste à contempler l'Universel, à s'intégrer dansl'ensemble de la nature éternelle.« L'homme libre ne pense à rien moins qu'à la mort, et sa sagesse n'est pointune méditation de la mort, mais de la vie.» (Spinoza, Éthique) Certes Spinoza reconnaît que l'homme n'est qu'une minuscule partie del'univers, un simple mode fini de la substance infinie.

L'homme fluctueconstamment entre la joie, sentiment qui exprime l'accroissement de son être,et la tristesse, sentiment qui exprime que son être est diminué.

Et la mortparaît inscrite inexorablement dans le rapport entre chaque individu fini et la substance infinie.Pourtant, Spinoza refuse la pensée de la mort parce qu'il refuse de se placer au niveau du sensible, de l'imaginationet de la passion.

Le salut spinoziste consiste à affirmer notre être à un autre niveau, à nous affirmer dans et parl'exercice de notre entendement.

L'entendement nous permet en effet de nous placer au niveau de la Vérité, auniveau de l'Être absolu – l'Être à qui rien, littéralement, ne peut arriver puisqu'il n'y a rien d'extérieur à lui.

Si jem'identifie par la pensée à cette totalité, si je me fonds en elle par l'amour intellectuel, je deviens comme elleindestructible et « j'éprouve que je suis éternel ».. »

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