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Les règles limitent-elles la liberté de l'esprit ?

Publié le 14/11/2005

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esprit

Les règles POLITIQUES limitent-elles la liberté de l'esprit ?

Les règles désignent les principes qui dirigent un champ du réel : elles peuvent être logiques, économiques, politiques. Dans le domaine politique, elles constituent plus spécifiquement l’ensemble des conventions qui règlent la vie sociale : lois juridiques, règles de politesse, coutumes et mœurs implicites. La liberté de l’esprit désigne la possibilité pour l’homme à l’intérieur de son psychisme conscient de penser ce qu’il veut en l’absence de toute contrainte extérieure : idées fantaisistes, opinions religieuses, pensées politiquement incorrectes. Si les règles politiques ont pour tâche de régir l’organisation du vivre ensemble, elle permettent bien plutôt la liberté de l’esprit plutôt qu’elles ne le limitent. On ne voit pas en effet comment l’esprit pourrait être libre s’il use toute son énergie dans des opérations de survie résultant de l’absence de règles. Ainsi en tant que les règles politiques permettent l’institution d’un vivre ensemble,  les règles permettent la liberté de l’esprit. Toutefois, on peut se demander s’il en va de même l’état social une fois constitué : les règles n’auront-elles pas tendance à s’immiscer dans les esprits et à restreindre leur liberté ? Mais alors la liberté de l’esprit est-elle irréductiblement limitée ou peut-elle être conquise ? Nous sommes dès lors confrontés à ce problème : les règles politiques constituent-elles des conditions ou des limites à la liberté de l’esprit ?

 

  • I les règles permettent la liberté de l’esprit
  • II Les règles peuvent-elles  limiter la liberté de l’esprit ?
  • III La liberté de l’esprit est à conquérir- Autonomie et règles politiques.

 

 

esprit

« partage ontologique entre ce qui dépend de lui et ce qui ne dépend pas de lui (son corps, la réputation, l'argent) etd'investir son énergie seulement dans ce qui dépend de lui, c'est-à-dire essentiellement le jugement, pour jouir d'uneliberté absolue.

L'esprit est libre s'il ne s'occupe que de ce qui est libre, c'est-à-dire l'esprit lui-même.

On peut ainsise référer à la liberté de l'esclave Épictète prévenant son maître qu'il allait lui casser la jambe sans même s'inquiéter.

Les règles politiques ne peuvent limiter l'esprit.

Cependant les règles ne sont pas toujours explicites : les règlesimplicites ne s'immiscent-elles pas dans l'esprit sans qu'il le sache et restreignent ainsi la liberté de penser ? III La liberté de l'esprit est à conquérir _ Les hommes ne naissent pas en pleine possession de leur esprit.

Nous sommes d'abord des corps sans esprits, oudu moins avec un esprit trop faible pour bien se distinguer du corps.

Aussi s'installe depuis notre enfance unedisposition à penser l'esprit de manière corporelle.

De même comme le dit Descartes dans la seconde partie duDiscours de la Méthode « pour ce que nous avons été enfants avant que d'être hommes », il nous a fallut subir le gouvernement de nos sens, mais aussi l'éducation des précepteurs.

Or cette éducation a installé en nous unemultitude de règles implicites qui sont sans rapport avec la vérité.

Aussi lorsque nous avons acquis la possession denotre raison, notre esprit était déjà rempli de règles implicites et de dispositions à la confusion.

La possession denotre raison est donc limitée par ces règles implicites qui sont autant de préjugés._ L'esprit ne peut être qu'emprisonné dans des préjugés.

Les préjugés désignent des opinions admises en notreesprit sans pour autant être passées au crible de notre raison.

Nous sommes des êtres rationnels dont les basesessentielles sont irrationnelles.

Aussi pour retrouver la liberté de notre esprit, il faut commencer par supprimer toutce qui en notre esprit ne vient pas lui mais de ses règles implicites qui viennent grever la possession de notre raison.Si l'enfance est l'âge où les préjugés se sont installées en nous, c'est l'enfant en nous qu'il s'agit de tuer afin de seréapproprier pleinement notre être.

L'infanticide se fait par l'entreprise du doute radical qui rejette toutes lesopinions qui peuvent être susceptibles d'êtres fausses sur le modèle du tri des pommes dans la réponse auxseptièmes objection._ La liberté de l'esprit n'est pas donnée, mais à conquérir.

Être libre pour l'esprit, c'est d'abord être capable de sedéfaire des liens de dépendance avec les règles explicites et implicites de ce qui est communément admis et tenterde penser par soi-même, l'esprit libre de tout préjugé.

C'est ce que Kant appelle dans sa lettre Qu'est-ce que les Lumières ? La sortie de la minorité la minorité intellectuelle est l'incapacité d'un esprit et son refus de penser par son seul esprit, et le désir de tuteurs qui pensent à notre place.

« la minorité est l'incapacité de se servir de sonentendement sans la direction d'autrui dont il est lui-même responsable »Contre cet état de dépendanceintellectuelle, Kant propose de penser par soi-même : « Sapere aude aie le courage de te servir de ton propreentendement ».

Les lumières désignent le courage que les hommes doivent avoir de s'arracher aux règles implicitespour penser par eux-mêmes; Conclusion : à l'état de nature, les règles permettent à l'esprit de se libérer des soucis et de la peur en limitant la libertédésordonnée des corps.

Une fois l'état social constitué, les règles politiques ne peuvent restreindre la liberté del'esprit qui est par essence inaccessible à toute action contraignante.

En ce sens la liberté de l'esprit estirréductiblement illimité.

Mais dans la mesure où les préjugés sont des règles implicites qui viennent grever notreraison, la liberté de l'esprit est une liberté que l'esprit doit conquérir sur lui-même en se réappropriant son propreêtre.. »

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