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Regrets, sonnet XXXII (du Bellay)

Publié le 04/04/2011

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Je me ferai savant en la philosophie, En la mathématique et médecine aussi : Je me ferai légiste, et d'un plus haut souci Apprendrai les secrets de la théologie : Du luth et du pinceau j'ébatterai ma vie, De l'escrime et du bal. Je discourais ainsi, Et me vantais en moi d'apprendre tout ceci, Quand je changeais la France au séjour d'Italie. Ô beaux discours humains ! Je suis venu si loin,  Pour m'enrichir d'ennui, de vieillesse et de soin, Et perdre en voyageant le meilleur de mon age. Ainsi le marinier souvent pour tout trésor Rapporte des harengs en lieu de lingots d'or,  Ayant fait, comme moi, un malheureux voyage.

Comme le mariner, du Bellay comptait rapporter d'Italie, outre un plaisir d'humaniste, une richesse matérielle. L'humour triste qu'on peut voir dans l'opposition entre « harengs « et « lingots d'or « fait sentir toute la distance entre la réalité et les rêves, rêves évoqués par les rimes sonores de « trésor « et « lingots d'or « contrastant avec la familiarité brutale du mot « harengs «, à l'hémistiche.  En conséquence, la valeur générale de l'image invite à y lire une double leçon : les certitudes peuvent être démenties par la réalité et le voyage n'apporte pas nécessairement ce qu'on en attend.   

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« L'exclamation du vers 9 « Ô beaux discours humains ! », chargée d'émotion par le lyrisme de l'apostrophe, estégalement ironique et fait écho à « discourais ».

Le poète prend conscience de l'échec qui est rendu encore plussensible dans le rapprochement, pareillement ironique, entre « enrichir » et ses trois compléments à connotationnégative : « ennui » - le poète s'est retrouvé investi d'une mission dévalorisante et inintéressante d'intendant – «vieillesse » terme hyperbolique pour signifier le gâchis d'une partie de sa jeunesse et le temps perdu, idée de la fuitedu temps chère au lyrisme de la Renaissance qu'on retrouvera au vers suivant avec la formule hyperbolique « lemeilleur de mon âge », et enfin « soin » au sens latin de « cura », le souci, souci des tâches matérielles sansintérêt, souci lié à la nostalgie qui s'empare rapidement du poète ; de même, dans le rapprochement entre « perdre», verbe de sens négatif, et un long complément à connotation positive « le meilleur de mon âge ».

Enfin, par leursens et par leur place, tous deux en tête de vers, les deux verbes « enrichir » et « perdre » s'opposent de manièresignificative.Trois vers ont donc suffi pour exprimer l'échec des espoirs humanistes et l'ironie amère s'exprime par l'insistance surla vanité de cet exil « si loin », et le contraste entre les espérances, « m'enrichir », et la dure réalité, « d'ennui, devieillesse et de soin ».Le poète en tire donc une leçon.

L'adverbe « ainsi » introduit une comparaison imagée qui vise à donner uneillustration plus générale au propos du poète.

L'élément référent « comme moi », en relief par sa place avantl'hémistiche et au derniers vers, par la ponctuation qui le détache, confirme cette analyse.

Quant au groupe «malheureux voyage », qui clôt le sonnet, il souligne encore le rapprochement puisqu'il s'applique au marinier et aupoète.Comme le mariner, du Bellay comptait rapporter d'Italie, outre un plaisir d'humaniste, une richesse matérielle.L'humour triste qu'on peut voir dans l'opposition entre « harengs » et « lingots d'or » fait sentir toute la distanceentre la réalité et les rêves, rêves évoqués par les rimes sonores de « trésor » et « lingots d'or » contrastant avecla familiarité brutale du mot « harengs », à l'hémistiche.En conséquence, la valeur générale de l'image invite à y lire une double leçon : les certitudes peuvent êtredémenties par la réalité et le voyage n'apporte pas nécessairement ce qu'on en attend. Conclusion Du Bellay a su mêler les registres lyriques et ironiques pour nous faire part de son expérience malheureuse.

Desenthousiasmes et des certitudes, des rêves utopiques de savoir exhaustif, le poète est rapidement passé à ladéception et à la prise de conscience amère de l'échec.

Il relate son expérience personnelle en lui donnant uneportée plus générale, et à cet égard, ce sonnet peut se lire comme un apologue.

Ce thème du voyage qui apportedéceptions et ennui sera aussi du célèbre sonnet « Heureux qui comme Ulysse ».. »

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