Devoir de Philosophie

Y a-t-il un relativisme en matière de goût ?

Publié le 17/09/2009

Extrait du document

• Devant l'oeuvre d'art, l'opinion commune tend à renoncer au jugement rationnel. Elle s'éclipse derrière un relativisme, ou subjectivisme, qui consiste à dire «à chacun ses goûts«. Pour elle, chacun juge de son point de vue si tel tableau ou telle musique lui est agréable, et, au nom d'une «liberté d'opinion« transformée en indifférence au jugement d'autrui, elle estime que toute discussion au sujet de la valeur d'une oeuvre est vaine – voire antidémocratique.  • Un tel relativisme, en renvoyant le beau à la subjectivité, rend cependant tout jugement impossible, puisqu'il nie non seulement la possibilité d'une gradation entre les oeuvres (un dessin d'enfant peut valoir autant qu'une toile de maître), mais même rend insaisissable la frontière entre ce qui est art et ce qui ne l'est pas (une paire de chaussures peut valoir autant qu'une symphonie).  

« la proportion », écrit Bossuet .

Tout ce qui est disloqué, désordonné, démesuré est laid.

Il s'agit alors de trouver la juste mesure, les rapports adéquats, les beaux rapports.

D'où les travaux mathématiques des artistes de laRenaissance recherchant la proportion idéale qu'ils ont cru trouver dans le nombre d'or, déjà utilisé par les grecs(Parthénon). 3) La simplicité .

Ce qui est parfait et l'harmonieux ne peut qu'être simple.

Tout ce qui a l'apparence de la complexité est laid.

La complexité ne doit pas se voir, rien ne doit voiler l'unité.

L'esthétique classique se caractérise par sonrejet de l'ornementation, de la parure, des entrelacs, préférant la ligne droite. 4) L'immobilité et la sérénité .

Représenter le mouvement c'est introduire le désordre. 5) La clarté .

Est beau ce qui est clair, se voit bien, à l'oeil et à l'esprit.

Est laid tout ce qui empêche de voir.

Tout ce que l'on perçoit mal (confusion des sons, des couleurs, des formes) est laid.

les règles de l'harmonie musicale,particulièrement du contrepoint, donnent les moyen d'éviter le pire, la cacophonie.

En peinture, il est recommandéd'utiliser des couleurs lumineuses.

Sont belles les oeuvres claires et distinctes. 6) Conséquence, est beau ce qui est vrai , ce qui rend visible.

« Rien n'est beau que le vrai, le vrai seul est aimable.

Il doit régner partout et même dans la fable » ( Boileau , « Art Poétique » ). Quelles sont les implications de cette définition du beau ? 1) L'esthétique classique donne une interprétation dite intellectualiste du beau.

Par conséquent, l'émotion esthétique est le retentissement dans la sensibilité humaine des belles propriétés de l'objet qui ne peuvent êtresaisies que par l'entendement.

Seule la raison peut appréhender l'harmonie des rapports car un rapport est parnature quelque chose d'intellectuel.

On ne sent pas un rapport, on le comprend et on ne croit le sentir que dans lamesure où on n'a pas clairement conscience de l'opération intellectuelle.

« Ainsi quand nous trouvons un bâtiment beau, c'est un jugement que nous faisons sur la justesse et la proportion de toutes les parties en les rapprochantles unes aux autres.

Il y a dans ce jugement un raisonnement caché que nous n'apercevons pas à cause qu'il se faitfort vite » ( Bossuet ).

Le jugement de goût est un jugement de connaissance.

Nous avons une connaissance des proportions de l'objet et cette connaissance ne doit rien à la sensibilité, ou plutôt, elle ne lui doit que la mise enprésence de l'objet.

C'est la raison qui juge et le jugement de goût n'est pas par nature différent du jugementmathématique.

Donc, parce que le beau est une certaine proportion, le jugement sur le beau est un jugement deconnaissance effectué par la seule raison.

Ce n'est pas un jugement du type: « J'ai chaud », seulement subjectif, mais du type : « il fait 25 ° ». 2) L'art est un savoir-faire.

Un savoir (connaissance des règles) qui oriente un faire, une pratique supposant de l'habileté qui s'apprend par expérience. 3) L'art s'enseigne, fait partie des pratiques, humaines pouvant être transmises et apprises. 4) Le grand artiste n'est pas un génie, une personne exceptionnelle en vertu de dons mystérieux qu'elle tiendraitde la nature ou de(s) Dieu(x).

Ce qu'on appelle inspiration est l'effet du travail et de la connaissance.

Certes,certains individus peuvent être plus aptes à accomplir certaines tâches que d'autres mais il ne faut pas confondreaptitude et génie, talent et génie.

L'Idée que le grand artiste est un génie commencera à poindre au XVIIIe ets'imposera au XIXe (cf.

le thème romantique des tourments de l'artiste inspiré, génie méconnu - nécessairementméconnu puisque génial! - par son siècle et condamné à la misère,) c'est à dire au moment où l'interprétationintellectualiste du beau et de la création artistique sera rejetée et où on mettra l'accent sur la sensibilité et parsuite sur l'individualité de l'artiste et l'originalité de son oeuvre.

Valorisation de l'artiste et de l'originalité vont depair et résultent de la critique de l'esthétique classique platonicienne.

Nouvelle conception de l'art et du beau,nouvelles esthétiques ou manières de créer et nouveaux critères.

Et aujourd'hui encore nous considérons quel'originalité est le critère du beau (malheureusement ?). Pourquoi changer de critères ? Pourquoi avoir mis l'accent sur la sensibilité de l'artiste et du spectateur ? En quoil'esthétique classique n'est-elle pas satisfaisante ? 1) Assimiler le jugement de goût à un jugement de connaissance c'est dépouiller l'oeuvre d'art de ses qualitéspurement sensibles (sons, couleurs, matière ...

) au profit de ses qualités intellectuelles (proportions).Or cesqualités font partie intégrante de l'oeuvre d'art et de la beauté (cf.

Hegel ). 2) On peut effectivement argumenter, donner les raisons de notre jugement de goût mais ces raisons paraissenttoujours insuffisantes comme si du beau on ne pouvait rendre raison, comme si la raison était face à quelque chosequelle ne peut entièrement penser.

Il existe « un je-ne-sais-quoi » (expression du père Bouhours ) qui échappe à toute rationalisation. 3) L'esthétique classique elle-même n'a pas suivi les règles qu'elle dégageait.

Elle en cherchait de nouvelles,dérogeait aux anciennes.

Par exemple de Léonard de Vinci n'a respecté qu'en partie la règle du nombre d'or lorsqu'il a peint la Joconde. C'est alors que se pose le problème du jugement de goût.

S'il est de goût, repose sur la sensibilité et non deconnaissance, s'il ne repose pas sur la raison qui pense les belles qualités de l'objet, n'est-il pas seulement. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles