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La religion comme source d'une consolation infantilisante ?

Publié le 08/02/2004

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Critique de l'illusion religieuse. A)   La religion comme aliénation de l'essence humaine. La religion s'enracine dans le sentiment du sacré. Mais dans la société moderne, depuis le triomphe de la bourgeoisie, il semble que ce sentiment du sacré se soit évanoui ou ait été perverti. Feuerbach est l'un des premiers philosophes à avoir pris toute la mesure du caractère profane de notre société. Il reconnaît que les hommes se sont si bien « appropriés » « le vrai », « l'humain » et « l'antisacré » que le « christianisme  a perdu toute force de résistance ». Le christianisme, écrit-il, « est nié », « nié dans l'esprit et le coeur, dans la science et la vie, dans l'art et l'industrie, radicalement, sans appel ni retour » : « L'incroyance a remplacé la foi, la raison la Bible, la politique la religion et l'Eglise, la terre a remplacé le ciel, le travail la prière, la misère matérielle l'enfer, l'homme a remplacé le chrétien ». Et, ajoute Feuerbach, « si dans la pratique l'homme a remplacé le chrétien, il faut alors que dans la théorie aussi l'être humain remplace l'être divin ». Ce qui signifie que la philosophie doit cesser d'être « théologie » pour devenir « anthropologie ». Dans « L'essence du christianisme », Feuerbach montre que, dans la religion, l'homme est aliéné, cad dépossédé de lui-même, de sa propre essence.
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« Dans la « Critique de la philosophie du droit de Hegel », Marx montre que la religion est « la conscience inversée du monde », parce que le monde de l'homme, l'État, la société sont eux-mêmes « un monde à l'envers ».

Si la religion est « la réalisation fantastique de l'être humain », c'est parce que « l'être humain ne possède pas de vraie réalité ». Autrement dit, l'aliénation religieuse est le produit de la pauvreté effectivede l'homme : « La détresse religieuse est, pour une part, l'expression de la détresse réelle et, pour une autre, la protestation contre la détresseréelle.

La religion est le soupir de la créature opprimée, l'âme d'un mondesans coeur, comme elle est l'esprit de conditions sociales d'où l'esprit estexclu.

Elle est l'opium du peuple ».

Aliéné économiquement, exploité socialement, l'homme réalise de manière fantastique son essence dans unmonde imaginaire.

C'est pourquoi lutter contre la religion, c'est« indirectement lutter contre ce monde-là dont la religion est l'arômespirituel ».

Ainsi, à travers la critique de la religion, la critique doit atteindre la situation réelle de l'homme : « L'abolition de la religion en tant que bonheur illusoire du peuple est l'exigence que formule son bonheurréel.

Exiger qu'il renonce aux illusions sur sa situation, c'est exiger qu'ilrenonce à une situation qui a besoin d'illusions.

La critique de la religionest donc en germe la critique de cette vallée de larmes dont la religion estl'auréole. » Supprimer l'illusion religieuse, c'est donc exiger le bonheur réel.

Dépouiller « les chaînes des fleurs imaginaires », c'est du même coup inviter l'homme à rejeter « les chaînes » et cueillir « les fleurs vivantes ».

Plus fondamentalement, détruire les illusions de l'homme c'est le rendre à sa vraie réalité « pour qu'il pense, agisse, façonne sa réalité comme un homme sans illusions parvenu à l'âge de raison, pour qu'il gravite autour de lui-même, cad de son soleil réel ».

C'est donc d'une véritable « révolution copernicienne » qu'il s'agit : passer de la religion , « soleil illusoire qui gravite autour de l'homme » à l'homme qui gravite « autour de lui-même ». Pour Marx , il s'agit donc d'aller plus loin que la simple critique de la religion à laquelle Feuerbach s'arrêtait : il faut aller jusqu'à la critique pratique du monde réel, cad jusqu'à la transformation révolutionnaire de la société. « Le fondement de la critique irréligieuse est celui-ci : l'homme fait la religion, la religion ne fait pasl'homme.

Plus précisément : la religion est la conscience de soi et de sa valeur de l'homme qui ou bien nes'est pas encore conquis lui-même, ou bien s'est déjà perdu à nouveau.

Mais l'homme, ce n'est pas unêtre abstrait, installé hors du monde.

L'homme, c'est le monde de l'homme, l'État, la société.

Cet État,cette société produisent la religion, une conscience du monde à l'envers, parce qu'ils sont un monde àl'envers.

La religion, c'est la théorie générale de ce monde, son compendium encyclopédique, sa logiquesous une forme populaire, son point d'honneur spiritualiste, son enthousiasme, sa sanction morale, soncomplément solennel, le fondement général de sa consolation et de sa justification.

Elle est la réalisationfantastique de l'être humain, parce que l'être humain ne possède pas de réalité vraie.

La lutte contre lareligion est donc immédiatement la lutte contre ce monde dont la religion est l'arôme spirituel.La misère religieuse est tout à la fois l'expression de la misère réelle et la protestation cotre la misèreréelle.

La religion est le soupir de la créature tourmentée, l'âme d'un monde sans coeur, de même qu'elleest l'esprit de situations dépourvues d'esprit.

Elle est l'opium du peuple.

»MARX. 1) L'homme fait la religion .

Sous forme d'une affirmation nettement désignée (« le fondement est celui-ci ») Marx expose sa thèse : l'homme fait la religion. Ce qui est plus largement en jeu : c'est le rapport entre l'homme et la religion.

Rapport de deux termes quilogiquement rend donc possible deux positions.

Une position généralement admise, selon laquelle la religion faitl'homme.

Une position qui critique ce point de vue et qui inverse les termes : « l'homme fait la religion ». Critiquer revient ici à inverser, et Marx pense à rétablir.

Car ces deux positions sont contraires, et antagonistes. Prendre position pour l'une, c'est prendre parti contre l'autre.

L'une des positions soutient la prééminence de lareligion, l'autre fonde la critique de la religion, est destinée à s'opposer à la religion, donc « critique irréligieuse » qui met la religion à sa vraie place, non pas la première, mais la seconde. Car le rapport : homme, religion, implique de toute manière une antériorité : qu'est-ce qui est premier ? Pour Marx , c'est l'homme qui est premier.

Egalement une suprématie : qu'est-ce qui est supérieur ? Pour Marx , c'est l'homme qui est supérieur.

Mais ce qui lie le rapport indissociable de l'homme et de la religion (la critique orientée contre lareligion ne la fera pas disparaître pour autant) est le verbe faire.

Et la question centrale est « qui fait ? » qui a le pouvoir de faire ? Et pour élucider le faire il faut répondre à la question qu'est-ce que ? Doublement : qu'est-ce quela religion ? Qu'est-ce que l'homme ? 2) Aussi faut-il définir en profondeur et l'homme et la religion .

La forme de la thèse (« l'homme fait la religion ») implique donc que soient définis la religion et l'homme.

D'abord la religion.

Celle-ci n'existe que par l'homme, ce qui justifie qu'on ne puisse pas la définir par elle-même,et qu'il faille au contraire recourir à l'homme.

Elle est dit Marx , « la conscience de soi » de l'homme.

Non pas d ‘abord une institution (avec son. »

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