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Les religions empêchent-elles les hommes de s'entendre ?

Publié le 17/08/2012

Extrait du document

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« Par conséquent, la pluralité des religions semble être un obstacle à l'entente des hommes entre eux.

Une telle entente semblerait plutôt supposer un accord de la raisonet non de la croyance.

En effet, pour que les hommes s'entendent plus universellement, il faudrait exclure tout ce qui ne pourrait pas les mettre d'accord, donc tout cesur quoi la raison humaine ne pourrait trancher.

Dès lors, il faudrait sans doute exclure notamment tout ce qui appartient au sentiment religieux.

Or justement lescepticisme, l'athéisme, le matérialisme sont autant de courants de pensée qui justifient la critique des religions et sur lesquels s'appuie en partie le courant delaïcisation qui marque l'Occident.

Selon eux, seule la liberté d'opinion, laquelle devient une valeur fondamentale, est capable de rassembler les hommes dans latolérance.

Personne ne peut contraindre personne à croire ou à ne pas croire. •Transition: Il semblerait ainsi qu'il y ait dans les religions un facteur puissant de désunion et de conflit, qui tiendrait à la contradiction entre la subjectivité dusentiment religieux et sa prétention à la vérité.

Faut-il cependant condamner les religions dans leur ensemble ou bien chercher simplement à éliminer en elles ce quifait d'elles des obstacles à l'entente des hommes ? III) Comment les religions peuvent favoriser l'entente entre les hommes ? Ce qu'il faut peut-être pour que les hommes s'entendent, ce n'est ni qu'il y ait des religions ni qu'il n'y en ait pas, mais simplement que l'on trouve un accord, d'unepart, entre foi et raison et, d'autre part, entre les différentes croyances. A.

Les religions comme faits que la raison doit reconnaître Si « la physique chasse les dieux », comme le dit Lucrèce, il n'en reste pas moins que vouloir faire disparaître le sentiment religieux est aussi absurde et intolérant quede vouloir imposer sa croyance.

Ainsi, même si les religions empêchent un peu les hommes de s'entendre, on ne doit pas pour autant chercher à les supprimer.

Eneffet, la religion est un fait, subjectif certes, mais qui a une réalité objective.

Ce fait doit donc être accepté par la raison qui peut reconnaître en lui l'aspiration del'homme à la transcendance et au dépassement de lui-même et de sa propre finitude.

Les religions sont en ce sens des réponses à certaines questions que se pose laraison, qui demande notamment : « pourquoi ? ».

Il n'y a donc pas de contradiction fondamentale entre la raison et le fait religieux.

Tous deux existent bel et bien etc'est précisément leur entente qu'il faut garantir pour garantir celle des hommes entre eux. B.

Critique de l'irrationalité à l'oeuvre dans les religions Ce qu'il faut supprimer, ce n'est donc pas les religions en elles-mêmes, mais bien leurs éventuelles dérives.

En effet, il y a au coeur même de chaque religion unetendance à l'irrationnel, comme si les religions oubliaient parfois leur sens premier pour dériver en superstition ou en fanatisme.

Dans ces dérives, les religions ne sesoumettent plus aux exigences de la raison et deviennent sources de conflit et d'intolérance.

Il conviendrait donc, pour que les hommes s'entendent malgré la diversitédes religions, que celles-ci restent des faits de conscience ne cherchant pas à s'imposer à autrui et restant purement intérieurs.

C'est du moins ce que suggère Lockelorsqu'il explique que : « toute l'essence et la force de la vraie religion consistent dans la persuasion absolue et intérieure de l'esprit » et « il n'y a personne qui puisserégler sa foi sur les préceptes d'un autre ».

Il s'ensuit que la condition pour que les religions ne fassent pas obstacle à l'unité des hommes est qu'elles reconnaissentleurs propres limites et renoncent à la prétention de détenir la vérité universelle à propos de ce qui ne peut pas faire l'objet d'une telle vérité.

Alors seulement ladiversité religieuse pourra être facteur d'unité et d'enrichissement culturel. C.

Critique des excès de la raison Cependant, il faut également que la raison cesse de croire, pour sa part, qu'elle peut détenir la vérité dans des domaines qui lui échappent.

Comme le soulignentHume et Kant, qui critiquent tous deux la métaphysique et surtout l'assurance autoritaire (dogmatique) que la raison a à l'égard de Dieu, de l'âme ou de la liberté, laraison humaine doit renoncer à l'illusion de connaître ces objets car on ne peut que penser Dieu, penser l'âme, penser la liberté.

Ainsi, comme le suggère Kant, seulela morale est à même de fonder ces pensées mais ce ne peut être en aucun cas l'exigence de vérité.

Dès lors, si, pour Kant, la pensée de ces objets métaphysiques rested'essence religieuse, il n'en reste pas moins que, de façon plus large, elle peut prend dre des formes athées : ce qui compte, ce n'est donc pas tant de croire en Dieu oude ne pas croire en Dieu, mais c'est d'agir moralement et de respecter autrui ainsi que soi-même.

La morale, fondée sur le seul respect, devient ainsi la seule garantied'entente entre les hommes. •ConclusionLes religions sont donc bien un facteur d'unité entre les hommes, au sein d'une seule et même religion, puisqu'elles rassemblent ces hommes autour de dogmes et derites communs.

Pour autant, d'un point de vue plus général, la pluralité des religions semble être un obstacle à l'unité du genre humain de par leur prétention à détenirla Vérité.

II paraît par conséquent souhaitable que les religions renoncent, au nom de la raison, à cette prétention, et qu'elles se limitent à rester des faits de laconscience individuelle.

Cependant, ce n'est pas non plus à la raison que revient le monopole de la vérité, puisqu'elle aussi doit s'effacer devant des exigencespurement morales qui seules permettent aux hommes de s'entendre sur des questions touchant au sens de l'existence et qui échappent à la connaissance.. »

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